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Les jihadistes somaliens shebabs ont lancé dimanche une attaque d’envergure sur un hôtel réputé de Mogadiscio, fréquenté par des responsables gouvernementaux, tuant dix civils et un policier, selon un bilan officiel dans la soirée. 

Il aura fallu quatre heures aux forces de sécurité pour reprendre le contrôle de l’hôtel Elite, un établissement de la plage du Lido fréquenté par les dirigeants somaliens. L’attaque a été menée par cinq jihadistes en début de soirée, a indiqué à l’AFP Ismael Mukhtaar Omar, un porte-parole du ministère de l’Information.« Dix personnes sont mortes, ainsi que cinq assaillants et un policier des forces spéciales somaliennes », a-t-il précisé.

Dans la foulée, les quelques 250 personnes présentes dans l’hôtel ont été évacuées. Des civils mais aussi des responsables politiques et des membres du Parlement. Parmi les morts figure au moins un haut fonctionnaire du ministère de l’information, Abdirasak Abdi. 

L’attaque a débuté par l’explosion d’une voiture piégée près de l’hôtel Elite sur la plage du Lido, puis des hommes armés ont investi l’établissement où des coups de feu ont été entendus. « Il y a eu l’explosion d’une voiture piégée ciblant l’hôtel Elite sur la plage du Lido » et « il y a des coups de feu importants à l’intérieur de l’hôtel », a déclaré à l’AFP Adan Ibrahim, officier de police dans la zone. « L’explosion a été très forte et j’ai vu de la fumée dans la zone, c’est le chaos et les gens fuient les bâtiments alentour », selon l’un de ces témoins cité par l’AFP.

Les shebabs ont revendiqué l’attaque dans un communiqué à SITE, groupe de surveillance des sites islamistes, affirmant que leurs « martyrs » avaient « pris le contrôle de l’hôtel » et qu’ils avaient infligé « de lourdes pertes » aux personnes qui y étaient présentes.

 

La menace shebab

Chassés de la capitale somalienne en 2011, les shebabs ont ensuite perdu l’essentiel de leurs bastions. Mais ils contrôlent toujours de vastes zones rurales d’où ils mènent des opérations de guérilla et des attentats-suicides y compris dans la capitale, contre des objectifs gouvernementaux, sécuritaires ou civils. 

Lundi 10 août, au moins quatre personnes ont été tuées dans des échanges de coups de feu à l’intérieur de la prison centrale de Mogadiscio après que des prisonniers ont réussi à s’emparer d’armes détenues par leurs gardiens. Tous les prisonniers impliqués dans l’incident étaient des islamistes radicaux shebabs, dont certains purgeaient une peine de prison à perpétuité, a affirmé un responsable de la police ayant requis l’anonymat.

Les hôtels ont longtemps été des cibles

En février 2019, une attaque de près de 24h avait fait au moins 20 morts à Mogadiscio. Un mois plus tôt, l’attaque d’un hôtel de luxe de Nairobi faisait 21 morts et démontrait la capacité des shebabs à agir en dehors des frontières somaliennes. Leur dernière action massive à Mogadiscio remonte à décembre 2019, quand l’explosion d’un véhicule piégé a tué 81 personnes, essentiellement des civils.

Dans leur revendication de l’attaque de dimanche, les shebabs soulignent que l’hôtel Elite « est habité par un grand nombre de responsables gouvernementaux ».

Affiliés à Al-Qaïda, les shebabs ont juré la perte du gouvernement somalien, soutenu par la communauté internationale et par les 20 000 hommes de la force de l’Union africaine en Somalie (Amisom).

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