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La question du coût des péages sur la nouvelle autoroute Abidjan-Grand-Bassam continue d’agiter le débat national. Des internautes et certains usagers de la route ne décolèrent pas. La commercialisation du passage sur cet axe autoroutier a effectivement commencé le vendredi 24 juin 2022. Les tarifs sont fixés en fonction de la catégorie du véhicule. Selon le Fonds d’entretien routier (FER), les véhicules répertoriés dans la catégorie Classe 1 doivent s’acquitter de la somme de 1000 FCFA. Quand ceux de la catégorie Internationale payent 1500 FCFA et les poids lourds et autocars à deux essieux doivent s’acquitter de 2500 FCFA. Enfin pour les poids lourds, autocars et véhicules de 3 essieux et plus payent la somme de 3500 francs. Il s’agit ici de réponde à deux questions. Les montants à payer pour passer sur cette voie sont-ils élevés ? Y a-t-il eu suffisamment de communications avant la fixation des coûts du péage ?

Préserver le pouvoir d’achat des automobilistes

Pour tous les automobilistes qui vivent dans les environs et qui empruntent cette autoroute pour venir travailler à Abidjan, la réponse est oui.

Pour préserver le pouvoir d’achat des automobilistes, les tarifs de péage de la grande majorité des trajets de courtes distances ne devraient pas excéder les 500 francs, estiment des internautes. Des discussions, il ressort qu’il est urgent de prendre toutes les mesures pour éviter de causer des préjudices aux riverains qui, en réalité, ne sont pas des voyageurs. De nombreux usagers de la route disent ne pas être contre le principe de l’utilisateur-payeur que le gouvernement a choisi mais trouvent que les différents tarifs sont élevés. La plupart des critiques mettent l’accent sur le fait que les prix ont été fixés de façon unilatérale contrairement aux autres fois où il y a eu des négociations entre le FER et les associations de consommateurs et de transporteurs. Par exemple, pour le péage sur l’autoroute du nord (poste de péage d’Attinguié, situé à 30 km d’Abidjan sur l’axe Abidjan-Yamoussoukro), il y a eu de sérieuses discussions. Du 28 au 30 décembre 2013, un séminaire interactif a réuni la direction générale du Fer et toutes les organisations patronales syndicales du secteur des transports en vue de trouver un consensus sur la gestion du péage. Le mémorandum issu de ce séminaire, et adopté à l’unanimité, a noté en bonne place l’adhésion totale de tous les acteurs au principe du péage. Et les tarifs consensuels s’en sont dégagés tenant compte des effets induits de la crise sur le secteur des transports et le vieillissement du parc auto. A l’époque, tous avaient soutenu qu’il faut assurer l’entretien constant de l’autoroute du nord, et par-delà réhabiliter effectivement le réseau routier national. Car, avaient-ils souligné, le péage permet de faire en sorte que le coût d’exploitation des véhicules, mais surtout le confort et la sécurisation soient au rendez-vous sur l’ensemble des routes. C’est d’ailleurs ce que met en avant le ministre de l’Équipement et de l’entretien routier. Pour Amédée Kouakou qui a procédé ce vendredi à la mise en service de l’infrastructure, les tarifs ont été étudiés par le président Alassane Ouattara. Le ministre a précisé que la somme de 1000 francs recommandée est l’un des prix les plus bas de la sous-région. Pour ceux qui ne veulent pas emprunter le péage, le ministre de l’Équipement et de l’Entretien routier indique qu’il y a une voie alternative qui est l’ancienne route de Bassam.

Mieux communiquer

Pour la deuxième question, la réponse tombe sous le sens. Il n’y a pas eu assez de communication.

Le président de la Fédération nationale des Associations de consommateurs de Côte d’Ivoire (FAC‑CI) dénonce le fait qu’il n’y ait pas eu une concertation avec toutes les parties prenantes afin de dégager les tarifs consensuels. Selon Yves Aka, il faut réduire les coûts surtout les tarifs des véhicules légers de 1000 francs à 500 francs à l’instar du pont HKB et Azaguié‑Moape. Pour lui, il est nécessaire d’éviter que le coût du péage soit supérieur au coût du transport sur le trajet emprunté.

Il est clair que ce sont les recettes et les redevances qui permettent d’une part, de rembourser les emprunts ayant servi aux financements de l’autoroute, et d’autre part, de financer les travaux d’entretien courant et périodique de l’autoroute, et même d’envisager le financement de construction de nouvelles routes. En réalité, ce ne sont pas les exemples cités du Sénégal ou du Maroc qui pourront justifier le manque de communication et de concertation autour de la fixation des coûts du péage sur l’autoroute de Grand-Bassam. Selon Yves Aka, , aucune communication n’a été faite sur la fixation des tarifs avec les consommateurs. «La FAC‑CI, qui n’a jamais été contre le principe de péage, constate que la fixation de ces prix n’a pas fait l’objet d’une communication lors du récent conseil des ministres. Est-ce un acte délibéré et unilatéral du FER ? La faîtière des consommateurs que nous dirigeons n’a pas été partie aux négociations s’il y en a eu», a-t-il accusé.

Il y a eu virus dans la communication et la population n’a pas été suffisamment sensibilisée sur le bien-fondé de cette taxe à payer. Ce qui vraisemblablement est en train de créer des confusions dans les esprits.

Stéphane Badobré

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