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Les habitants de Yopougon, un quartier de la ville, craignent d’être infectés en raison de la venue de personnes malades.

Des habitants d’un quartier populaire d’Abidjan ont violemment démantelé dimanche 5 avril 2020 une structure légère en construction dans le cadre de la lutte contre l’épidémie de coronavirus. Sur des vidéos postées sur les réseaux sociaux, on peut voir des dizaines de personnes, jeunes pour la plupart, démonter un chapiteau en construction. Certains en profitent pour se servir et chargent un camion de poutrelles en aluminium. Sur une vidéo, on entend un homme dire, « c’est un quartier d’habitation », ce qui expliquerait la colère des habitants.

Ils ont ainsi violemment montré leur opposition à l’installation de ce centre de lutte contre le coronavirus en plein cœur de la commune très peuplée et populaire de Yopougon dans le grand Abidjan. La peur de la contagion serait le moteur de cette action. Avec en arrière-plan le sentiment que le danger est réservé aux plus pauvres.

Ce n’était pas un centre de traitement des malades, mais « un centre de prélèvements » qui était en construction, « comme il y en a un peu partout qui sont mis en place », a assuré à l’AFP un responsable du ministère de la Santé sous couvert d’anonymat. Un lieu prévu pour tester les habitants afin de repérer de potentiels positifs au virus.

Sur les réseaux sociaux, tout comme dans la presse en ligne, nombreux sont les commentaires qui condamnent cette action. « S’il est normal qu’ils craignent pour leur santé, n’était-il pas mieux d’approcher les responsables pour plus d’explications ? C’est un gâchis », écrit Almamy Seydou Toure sur le site Abidjan.net.

Abidjan isolée du reste du pays

Car si la Côte d’Ivoire est pour l’heure relativement épargnée par la maladie, avec 261 cas et trois décès, les autorités craignent que le compteur s’affole. Des mesures strictes ont déjà été prises. S’il n’y a pas encore de confinement complet, Abidjan a été mise en quarantaine du reste du pays depuis le 29 mars. Cela a du reste provoqué un exode massif de la population qui s’est ruée dans les campagnes. Des milliers de personnes auraient fui la capitale économique du pays, au risque de propager le virus plus loin.

Toutes les écoles, les lieux de culte, les commerces non-essentiels ont été fermés. Le couvre-feu a été proclamé sur tout le territoire. Certains observateurs constatent que le Grand Abidjan a été opportunément étendu aux communes du littoral comme Grand-Bassan et même Assinie, station balnéaire huppée à 90 km à l’Est. De quoi permettre aux plus fortunés d’Abidjan de se rendre dans leur villégiature sans enfreindre la loi, dénoncent certains.

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