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Le débat sur la circulation des armes dans le pays est relancé alors que Jacques Mangoua sera jugé ce jeudi.

C’est ce 3 octobre que sera jugé Jacques Mangoua, l’un des vice-présidents du Parti démocratique de Côte d’Ivoire, le PDCI. L’homme est accusé de détention illégale de munitions de guerre et de machettes, retrouvées à son domicile le week-end dernier. Le PDCI parle de son côté de coup monté. Cette découverte donne en tous cas lieu à des interrogations sur la circulation des armes légères dans le pays à un an de la présidentielle prévue en octobre 2020.

Affrontements armés récents

En effet, aujourd’hui la paix est revenue en Côte d‘Ivoire mais des milliers d’armes pourraient toujours être en circulation. Ces derniers mois, les violences intercommunautaires se sont multipliées à travers le pays. Des armes à feu ont été utilisées dans certains endroits comme à Béoumi où les affrontements ont fait au moins 16 morts. Une situation préoccupante pour beaucoup.

« Certains acteurs sont encore en mesure de disposer d’armes qui leur permettraient de troubler l’ordre public dans le cadre d’une situation électorale ou post-électorale », estimeDaniel Lopes, chercheur associé au GRIP, le Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité. « Des experts ivoiriens et internationaux travaillent depuis des années sur la question. C’est une question qui préoccupe le gouvernement ivoirien. Car on ne peut pas dire aujourd’hui que toutes les caches d’armes ont été découvertes. »

300 tonnes d’armes

Aka Victorien, le secrétaire du RASALAO-Côte d’Ivoire, le Réseau d’action sur les armes légères en Afrique de l’Ouest, estime lui que la situation géographique de la Côte d’Ivoire facilite cette circulation des armes. « Il y a des ex-combattants rebelles qui n’ont pas été désarmés et qui sont toujours avec leurs armes », explique-t-il. « Il faut les convaincre de rendre les armes. La Côte d’Ivoire est aussi entourée de pays comme le Mali, le Burkina Faso, le Liberia qui ont un passé avec des conflits armés. »

Il y a aussi ce rapport publié il y a quelques années par l’ONUCI, la mission de l’Onu en Côte d’Ivoire. « L’ONUCI avait produit un rapport qui disait que Guillaume Soro, l’ancien chef de la rébellion, avait en sa possession 300 tonnes d’armes. Mais  ces armes n’ont été récupérées ni par l’ONUCI ni par l’Etat de Côte d’ivoire », assure Aka Victorien.

Attaques contre des commissariats

En mai 2017, alors que le pays était secoué par une mutinerie, des soldats avaient saisi de nombreuses armes de guerre dont des lance-roquettes, des mitrailleuses lourdes et des fusils d’assaut AK47, dissimulées dans une villa appartenant à un des proches de Guillaume Soro, l’ex chef de la rébellion ivoirienne. A cela s’ajoutent les armes issues des attaques contre certains postes de police.

« Ces trois dernières semaines des commissariats de police et des camps de gendarmerie ont été attaqués », indique Ouattara Gnonzié, président du Rassemblement pour la paix, le progrès et le partage, le RPP. « Des armes ont été emportées. Et jusque là, on ne sait pas qui sont les assaillants et cela inquiète tout le monde. » Avec ces armes en circulation, de nombreux Ivoiriens redoutent qu’un nouveau dérapage du processus post-électoral se solde par une crise similaire à celle de 2010-2011.

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