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Que savez-vous de la diplomatie et de ses subtilités ? Rien ! Pourquoi jugez-vous donc ce que vous ne connaissez pas ?

Aujourd’hui derrière la protection de son écran de téléphone on se permet de formuler des jugements à la con face aux moindres faits et gestes de nos dirigeants sous prétexte de combat pour l’indépendance ou la souveraineté.

Nos chefs d’État quelque soit ce que l’on pense d’eux exercent une fonction exécutive, c’est-à-dire une fonction qui nécessite de se soumettre même à son corps défendant à un ensemble de postures cognitives leur permettant de planifier, d’organiser, de contrôler leur comportement dans le seul but d’atteindre leurs objectifs, quelle que soit la situation qui se présente à eux.

Ce qui différencie un Chef d’État d’un citoyen lambda, c’est cette capacité de contrôler ses inhibitions afin de faire face avec hauteur à toute situation en résistant aux distractions par une adaptation opportune aux exigences et réalités du moment.

On ne dirige pas un pays en se laissant guider soi-même par ses instincts primaires ou en se sentant constamment sur un ring de boxe. Ce qui serait absurde.

En sachant tout cela, j’ai été amusé, puis interpellé et en définitive fâché par les commentaires totalement déplacés de ceux qui ne sont jamais en retard d’une polémique pour alimenter ou valider la pertinence du combat qu’ils pensent mener pour une décolonisation à rebours lors de la réception de cinq de nos Chefs d’État par leur homologue américain.

Ces personnes qui sont spécialistes de tout et de rien à la fois, ont cru bon conduire à l’échafaud ces cinq Chefs d’État africains qui ont été reçus par leur homologue américain à l’invitation de ce dernier et cela n’est pas un détail.

Que savent ces commentateurs des concepts d’indépendance et de souveraineté et en quoi le Bureau Ovale serait-il un champ de bataille d’une décolonisation à rebours ?

Pourquoi suggèrent-ils que nos Chefs d’État devaient se montrer irrévérencieux dans le bureau de celui qui les a conviés pour un ordre du jour qui n’était pas encore en discussion ?

En effet, les séquences qui alimentent la fausse indignation ou la moquerie de ces censeurs autoproclamés, étaient simplement celles des civilités entre l’hôte et invités et non les pourparlers au sujet de l’objet de leur présence en ce lieu.

Trump est un pur produit de la télé réalité qui est en permanente représentation de soi. C’est son droit, c’est sa nature mais il est avant tout le Chef de la première puissance politique, diplomatique, économique, financière et militaire de la Terre et de Mars et tous ceux qui vont à sa rencontre sont briefés sur tous ces aspects par leurs conseillers et en tiennent compte.

En plus, les remarques qu’il a faites sur le niveau de langue du Président libérien était plus un compliment qu’une moquerie. Un Belge m’a demandé un jour si j’avais fait mes études en Belgique à cause des expressions spécifiques que j’ai utilisées durant mes échanges avec lui. Il m’a pas insulté, loin s’en faut. Il voulait simplement savoir. Un Président n’est pas forcément un tout sachant.

En plus j’ai moi-même assisté à des entrevues entre de très hautes personnalités pendant lesquelles, celui qui reçoit se permet une réflexion sur la température corporelle ou les chaussures de celui qui lui tend la main, pas pour le critiquer mais dans l’optique d’une démarche fraternelle qui contribue à briser la glace surtout lorsque c’est la première rencontre entre eux.

Les Chefs d’État sont avant tout des êtres humains qui ont leur caractère et leur tempérament et qui sont autorisés à des échanges suggestifs avant toute discussion protocolaire ou autre.

Dès lors, un Président qui va à une rencontre avec un ordre du jour précis se prépare en conséquence pour dérouler sa pensée conformément à cet ordre du jour. Mais, lorsque son hôte s’essaie à des civilités pour détendre l’atmosphère et créer un sentiment de connivence entre eux, il serait très mal avisé de s’en formaliser et d’être insolent ou irrévérencieux, même si les propos de l’autre semblent provocateurs.

L’important pour lui, reste la finalité recherchée à travers cette rencontre et c’est la seule chose qui importe.

En plus, ces cinq Chefs d’État sont Africains, c’est- à-dire des gens culturellement formatés à respecter et à bien se conduire dans la maison de celui qui les reçoit.

Le Zelenski n’est pas africain ce qui explique son comportement totalement inacceptable dans le Bureau Ovale qui lui a valu d’ailleurs d’en être chassé comme un malpropre. C’est le même comportement que ces commentateurs attendaient de nos cinq Chefs d’État ? Allons donc ! Un peu de sérieux les amis.

Rien ne devrait également choquer dans les réponses que nos Chefs d’État ont données aux sollicitations de Trump.

Ensuite, les gens parlent de la photo qui montre Trump assis entourés de ses invités. Et alors ?

Suivant l’ordre protocolaire et de préséance, Trump se trouvait bel et bien dans son propre bureau et non dans une assemblée publique ou un lieu quelconque. C’est donc à lui de fixer les règles et non à ses invités.

Le socle de la diplomatie est la réciprocité. Si un jour Trump se retrouve à Dakar dans le bureau du Président Sénégalais, c’est ce dernier qui définira les modalités de mouvement de son invité dans son bureau. Il commencera, courtoisie oblige, à lui indiquer du doigt ou de la main l’endroit où il devra s’asseoir.

Les Présidents français n’accueillent jamais leurs homologues en visite en France à la Gare de train ou à l’aéroport, mais sur le perron de leur lieu de travail à savoir l’Elysée. C’est la tradition protocolaire française. Personne ne s’en formalise donc.

Chez nous en Côte d’Ivoire, le Président de la République se déplace jusqu’à l’aéroport pour accueillir ses homologues ou invités de prestige. C’est également la tradition protocolaire ivoirienne et personne ne s’en formalise également.

La diplomatie a ses codes, ses principes, ses privilèges et ses immunités.

Pour juger donc un fait diplomatique, il faut avoir un minimum de connaissances de ses subtilités qui s’accommodent souvent très mal de l’intrusion de la caméra dans leurs alcôves.

Alors, que les commentateurs aillent voir ailleurs si nos cinq Chefs d’État s’y trouvent.

Prof. Moritié

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