Lors de l’ouverture du sommet de l’UA, ce 12 février, seuls quatre des six commissaires ont été élus par les ministres des Affaires étrangères, tandis que l’Eswatini et l’Éthiopie ont rejoint le Conseil paix et sécurité au terme d’intenses discussions.
Lors du coup d’envoi du 46e sommet de l’Union africaine (UA), le 12 février, Moussa Faki Mahamat a fait ses adieux. Il quittera bien la présidence de la Commission le 15 février, mettant fin aux rumeurs selon lesquelles il cherchait à convaincre seize chefs d’État du continent à créer une minorité de blocage qui lui aurait permis de rester en fonction quelques mois de plus.
Face aux ministres des Affaires étrangères des pays membres de l’UA, le Tchadien qui achève son deuxième mandat de quatre ans, s’est même permis un trait d’humour mentionnant ses cheveux blancs en comparaison d’autres ministres, comme le Marocain Nasser Bourita, au premier rang. À l’issue du discours d’ouverture, clôturé par une allocution du Mauritanien Mohamed Salem Ould Merzoug, dont le président, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, s’apprête à passer le relais à la tête de l’organisation continentale, les chefs de la diplomatie des 55 pays de l’UA ou leurs représentants ont voté à plusieurs reprises.
Bankole Adeoye reconduit
Les présidents de quatre des six commissions de l’UA ont ainsi été élus. Tandis que le Centrafricain Jean-Jacques Defamouth, soutenu par Faustin-Archange Touadéra, espérait se voir confier la Commission paix et sécurité, c’est finalement le Nigérian Bankole Adeoye qui a été reconduit pour un deuxième mandat avec 37 voix. La Ghanéenne Amma Twum-Amoah a, quant à elle, emporté la Santé, les Affaires humanitaires et le Développement social avec 45 des suffrages.
À l’Agriculture, au Développement rural, à l’Économie bleue et à l’Environnement durable, le candidat de l’Eswatini, Moses Vilakati, a été élu avec 36 voix face à un Congolais, un Zimbabwéen et un Burundais. L’Afrique du Sud a vu sa candidate, Lerato Dorothy Mataboge, prendre la tête de l’Infrastructure et de l’Énergie, avec 41 voix. L’autre candidat sud-africain, seul en lice pour la commission de l’Éducation, des Sciences, de la Technologie et de l’Innovation, n’a pas obtenu le siège pour des questions de parité. Le vote a été ajourné.
En vertu de nouvelles règles internes, un représentant de l’Afrique australe avait déjà été élu à l’Agriculture, faisant de facto tomber Molapo Qhobela. Quant au prochain président de la commission Développement économique, Tourisme, Commerce, Industrie et Mines, aucun candidat n’a obtenu les qualifications nécessaires. C’est donc le Zambien Albert Muchanga, élu en 2021, qui conserve pour l’heure son poste.
Bataille Maroc-Algérie pour le CPS
Trois des quinze sièges du Conseil paix et sécurité (CPS) devaient également être renouvelés ce 12 février. Selon le règlement de l’UA, trois reviennent à l’Afrique centrale, trois à l’Afrique de l’Est, deux à l’Afrique du Nord, trois à l’Afrique australe et quatre à l’Afrique de l’Ouest. Cette année, une place devait être attribuée à l’Afrique du Nord, une à l’Afrique de l’Est et la dernière à l’Afrique australe.
Pour l’Afrique du Nord, le Maroc, l’Algérie et la Libye étaient en lice. La Libye a été écartée au troisième tour, laissant les deux rivaux maghrébins s’affronter. Le Maroc a finalement été écarté après six tours, laissant l’Algérie sans concurrent. Mais cette dernière n’a pas obtenu les deux-tiers des votes nécessaires pour siéger, à une voix près. À la suite du vote, l’ambassadeur algérien a quitté la séance plénière avant qu’elle ne prenne fin, sans masquer son mécontentement.
Pour l’Afrique australe, l’Angola et le Botswana font déjà partie des pays membres. S’il avait au départ été convenu que seul l’Eswatini présenterait sa candidature pour le siège ouvert cette année, l’Afrique du Sud a finalement décidé de militer pour obtenir le poste. Mais l’administration Ramaphosa a décidé, à la dernière minute, de retirer sa candidature, avant la session plénière. Enfin, en remplacement de Djibouti, l’Éthiopie a finalement obtenu, face au Rwanda et à la Somalie, le dernier siège.
L’Égypte est donc, pour l’heure, le seul pays d’Afrique du Nord à avoir une place au sein du CPS. Le président de la session, Mohamed Salem Ould Merzoug, a demandé la tenue d’une session extraordinaire « très prochainement » pour élire les deux commissaires manquants. Quant au siège sans pays titulaire, il devrait également faire l’objet d’une nouvelle session, dont la date n’a pas été fixée.