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Abdelkader El Khissassi, secrétaire général adjoint de l’Union pour la Méditerranée, aborde, dans cet entretien, les défis majeurs discutés lors de la troisième édition de la MedCOP Climat à Tanger. Il met en évidence l’importance de ce sommet méditerranéen pour la régionalisation des actions climatiques et la promotion de la voix de la région. Il exprime son admiration pour la volonté du Maroc de maintenir son leadership régional dans la lutte contre les changements climatiques, ainsi que pour les projets concrets qu’il prévoit de partager à l’échelle régionale et continentale pour relever ces défis.

Le Matin : Quels étaient les principaux défis abordés lors de la troisième édition de la MedCOP Climat qui s’est déroulée à Tanger ?

La MedCOP climat vise à régionaliser les actions déjà entreprises lors de la COP à Charm El-Cheikh. Les questions climatiques sont multidimensionnelles et peuvent être abordées à différents niveaux. En effet, il existe différents niveaux d’impact et d’intervention en ce qui concerne les questions climatiques. Au niveau mondial, ces problématiques affectent la planète dans son ensemble. Ensuite, il y a le niveau gouvernemental et régional, où chaque région fait face à des enjeux spécifiques liés aux changements climatiques, à la crise alimentaire croissante après la pandémie de Covid-19 et la guerre en Ukraine, qui ont entraîné une crise dans la chaîne d’approvisionnement. Au niveau national, les gouvernements mettent en œuvre des actions pour faire face à ces défis et, enfin, au niveau local, les entités régionales et locales sont en contact direct avec les citoyens pour relever ces défis.

L’Union pour la Méditerranée (UpM), en tant qu’organisation régionale, attache une grande importance à unir les efforts dans la lutte contre les changements climatiques. Nous avons apporté notre contribution pour la première fois lors de la COP à Charm El-Cheikh en établissant un pavillon méditerranéen. La tenue de la MedCOP à Tanger est une continuité de cet engagement, et j’espère, comme le souhaite Sa Majesté le Roi Mohammed VI, qu’elle sera maintenue de manière régulière et annuelle à l’avenir.

Comment le Maroc compte-t-il maintenir son leadership régional dans les actions climatiques et quels sont les projets concrets qu’il envisage d’exporter à l’échelle régionale et continentale pour faire face aux enjeux climatiques ?

Le Haut Patronage accordé à cette édition de la MedCOP témoigne de la volonté du Maroc de prendre le leadership régional et de confirmer son rôle dans les actions climatiques. Le Royaume a joué un rôle clé en accueillant la COP21 à Marrakech, et il est important d’assurer la continuité des rencontres MedCOP en alignement avec les COP. Cela permet de poursuivre les actions entreprises à l’échelle mondiale, tout en accordant une importance considérable et cohérente à l’échelle régionale. Effectivement, le Maroc a joué un rôle de premier plan dans la région, notamment en tant que leader au sein de l’UpM, du partenariat 5+5 et de l’Accord d’Agadir, depuis le processus de Barcelone. La poursuite des actions lors de la MedCOP permettra aux pays de la région de trouver des solutions régionales et de faire face aux enjeux climatiques de manière globale. Le Maroc dispose de ressources potentielles importantes et investit considérablement dans les nouvelles énergies, telles que les énergies renouvelables et propres.

Le Maroc renforce progressivement son positionnement à cet égard. De plus, le rôle du groupe OCP est crucial à l’échelle africaine. Le Maroc apporte son aide aux pays africains frères et amis en mettant en place des actions visant à les préserver des pénuries alimentaires. L’expérience significative du Maroc dans le cadre du Plan Maroc Vert peut être exportée en tant que projet à promouvoir à l’échelle régionale et continentale. Le Maroc continue de jouer un rôle important dans ces initiatives, et nous soutenons pleinement ces engagements à cet égard.

Quelle est votre opinion sur l’accent mis par le Maroc sur des questions telles que la sécurité alimentaire et la gestion de l’eau, des sujets qui ont été abordés lors des travaux de la troisième édition de la MedCOP ?

La Vision Royale est claire et, récemment, S.M. le Roi a annoncé le programme national 2027 visant à promouvoir la durabilité de l’eau. Je considère que l’approche consistant à investir dans le dessalement est une stratégie visionnaire et tournée vers l’avenir. Cette stratégie met en valeur l’expérience et le leadership, avec une Vision Royale qui aborde la question sous tous ses aspects. Malheureusement, nous faisons face à des années de sécheresse qui peuvent avoir un impact sévère sur l’approvisionnement des marchés en produits agricoles. Et le Maroc reste l’un des pays les plus avancés en matière d’exportation. Cependant, en cas de pénuries d’eau, il est essentiel de répondre en premier lieu aux besoins du marché local. Cela nécessite une vision axée sur la recherche de ressources en eau efficaces et suffisantes pour la population ainsi que pour la production nationale et régionale. Cette Vision Royale détermine l’avenir du Maroc dans ces domaines. Nous sommes confiants que les résultats suivront dans les deux à trois prochaines années.

Pensez-vous que le Maroc, en tant que pays jouant un rôle de leadership dans sa région, pourrait servir de trait d’union entre l’Afrique et l’Europe ?

Le Maroc joue naturellement le rôle de trait d’union entre l’Europe et l’Afrique. Comme l’avait souligné Feu S.M. le Roi Hassan II, le Maroc est semblable à un arbre dont les racines sont en Afrique et les branches s’étendent vers l’Europe. Cette réalité s’est concrétisée de manière de plus en plus notable ces dernières années. La stratégie marocaine à l’égard de l’Afrique englobe toutes les dimensions et constitue un modèle d’importance à suivre. Le Maroc a également établi des partenariats avancés dans des domaines tels que l’environnement et les énergies renouvelables. Il a la capacité d’assurer un rapprochement entre les deux continents, ce qui est illustré de manière symbolique par la présentation de la candidature conjointe Maroc-Espagne-Portugal pour la Coupe du monde. Cette candidature témoigne de la volonté de créer un lien entre l’Afrique et l’Europe, et elle représente une réalité marocaine significative. La position géographique du Maroc lui confère une valeur ajoutée pour remplir ce rôle.

Selon vous, quels sont les points que le Maroc pourrait défendre lors de la prochaine Conférence des parties (COP28) ?

Au sein de la COP28, le Maroc pourrait défendre les recommandations issues de la MedCOP de Tanger. L’organisation de la MedCOP au Maroc témoigne de notre engagement à accorder une importance significative à la dimension régionale. La MedCOP vise à rassembler les voix méditerranéennes en premier lieu, et l’Union pour la Méditerranée est partenaire de cette initiative. À présent, il est essentiel de réfléchir à la mise en œuvre d’une nouvelle vision dont l’objectif serait de faire de la MedCOP un rendez-vous régional permanent entre les COP, afin d’institutionnaliser cette rencontre à l’échelle régionale. L’UpM sera toujours présente pour accompagner cette démarche.

Par LEMATIN.ma

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