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Première femme Journaliste Reporter d’Images (JRI), Élue pour un nouveau mandat de 5 ans à la tête de l’Association de la presse étrangère en Côte d’Ivoire (Apeci), M’ma Camara dit tout sur la sécurité des journalistes de la presse étrangère dans l’exercice de leur fonction.

Vous êtes réélue pour un nouveau mandat, le 18 février 2021 en qualité de présidente de l’Association de la presse étrangère en Côte d’Ivoire (APECI), à l’issue d’une Assemblée générale ordinaire élective. Quels sont les nouveaux défis qui vous attendent ?

Avant de vous parler de défis, j’aimerais vous dire que nous allons toujours continuer le même combat. Celui de faire de la liberté de presse une réalité, de veiller à la sécurité des journalistes de la presse étrangère dans l’exercice de leur fonction. Continuer d’assister professionnellement et juridiquement les membres de cette association, de sensibiliser les acteurs politiques et les populations sur le rôle et les biens fondés de la presse, de faire changer la perception d’adversité que les gens pensent de la presse en une vision de partenaires et d’acteurs au développement.


Quel est votre secret pour avoir une telle longévité à la tête de l’Apeci?

(Rire) Toute longévité est liée à l’environnement et à la qualité de vie. La confiance ne se monnaie pas. Elle se mérite. Quand vous travaillez avec sincérité, abnégation et conviction, vous ne pouvez que mériter la confiance des autres. Également, la rigueur dans tout ce que l’on fait sans rien attendre des autres. La satisfaction personnelle prime sur tout chez moi.

Quels rapports entretenez-vous avec vos confrères de la presse nationale ?

De très bons rapports. Nous avons les mêmes objectifs. Avec les dirigeants des organisations de presse, nous nous parlons fréquemment sur les objectifs. J’ai un grand respect pour l’homme. Avec les ainés(es), ceux de ma génération et les jeunes, j’entretiens des rapports de confraternité.

Vu que certains de vos confrères ont été lynchés autant sur les réseaux sociaux que par les politiciens de tous bords pour leurs reportages jugés partisans, pensez-vous-en que la liberté de la presse, précisément étrangère est réelle en Côte d’Ivoire ?

Comme j’ai pour habitude de le dire, que vous soyez un journaliste qui travaille pour un média étranger ou un journaliste local nous avons les mêmes difficultés face à la réaction des gens quand vous écrivez un article. Ces 10 voire 15 dernières années, nous avons enregistré une nette progression. Beaucoup d’efforts ont été faits face à la mobilisation de la corporation. La question de la liberté d’expression est une question de compréhension et de personne tant que nous les journalistes nous-mêmes nous n’arrivons à faire comprendre aux uns et aux autres que nous sommes des acteurs de développement, les gens nous prendront pour des adversaires.

Est-ce possible vu la méfiance et les menaces des uns et des autres ?

Nous avons encore une virginité morale à défendre même si on nous taxe de tous les maux du monde. Moi je continue de rêver et d’espérer que dans les années à venir, nous aurons une génération d’acteurs politiques et de consommateurs de presse qui comprendront enfin c’est quoi la presse, le rôle du journaliste, la liberté de la presse, la sécurité du journaliste …. La liberté de la presse est un indicateur fondamental pour la démocratie d’un pays. C’est, je le dis et je ne me lasse jamais de le répéter, la vitrine de la démocratie dans un pays.
Pour revenir à la question des menaces sur des confrères pendant la présidentielle ivoirienne, retenez une chose : La liberté de la presse est fonction des politiques que vous avez en face. ça fait rire mais c’est la réalité. Si vous diffusez un sujet favorable à une personne ou groupe de personnes. Ça va. Vous n’avez pas de problème. Mais lorsque vous diffusez un sujet qui n’est pas favorable à ces personnes, vous être considéré comme le diable incarné (rire) et les menaces ne s’arrêtent pas. C’est ça aussi le charme de notre métier. Vous savez les gens confondent un journaliste et un responsable de communication. Nous ne sommes pas là pour embellir la communication d’une personne physique ou morale mais rapporter des faits avec souvent des solutions.

Comment vous gérez ces genres de situations ?

Moi ma solution est plutôt pédagogique et diplomatique. Il faut prôner le dialogue quel que soit la situation, et savoir raison garder pour bénéficier de sa légitimité (rire) devant des situations. Vous savez, nous avons l’impression que les gens savent beaucoup sur la presse mais pas du tout. Ils sont nombreux à ignorer trop de choses. C’est quand vous expliquez qu’ils comprennent. Aussi, il faut savoir que l’Apeci est un cas école de la démocratie (Rire), un modèle associatif. Toutes les fois qu’un correspondant a été cité ou pris pour cible, c’est toute la presse étrangère qui se lève pour dénoncer, aller à la rencontre les autorités…

Réalisée par Tenan Sientienin

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