Beaucoup de procès d’intention. Beaucoup de jugements à l’emporte-pièce. Oh ! Mon Dieu ! Voilà donc qu’au sein du PDCIRDA, surgit une nouvelle race de “juges révélés”, ces internautes tapageurs qui, cachés derrière leurs claviers et leurs
pseudonymes, se croient investis de la mission de purifier le Parti (cf ‘’Mein Kampf’’ d’Adolf Hitler).
Ils se sont proclamés “Comité des Sages” version numérique, dans les nébuleuses des réseaux sociaux, et se font passer pour les nouveaux gardiens du temple.
Mais de quel temple parlent-ils, quand leurs paroles ne respirent ni respect, ni loyauté, ni culture politique, ni mémoire du PDCIRDA ?
Ces “juges” autoproclamés, qui n’ont souvent jamais tenu une carte de militant dans leur main, prétendent instruire le procès de Maurice Kakou Guikahué — un homme qui, depuis quarante ans, a tout donné à ce Parti, parfois au péril de sa liberté et de
sa santé.
Et pour quel crime ? Pour avoir dit qu’il solliciterait le parrainage du PDCI-RDA, son propre Parti ! Ironie suprême : on l’accuse d’être pas fidèle là où d’autres ont trahi sans vergogne.
1°) Le faux procès parlementaire
On lui reproche, dit-on, de n’avoir pas suivi “les sorties héroïques” de certains députés du groupe parlementaire PDCIRDA à l’Assemblée nationale.
Je ris jaune. Car à y regarder de près, quelles ont été les retombées concrètes de ces postures théâtrales dans l’hémicycle ?
Aucune. Pas une seule victoire politique, pas un seul acquis pour le Parti, sinon des excuses honteuses présentées en coulisses à Adama Bictogo, au nom d’un “jeu politique” qu’ils s’obligeaient à jouer.
Le PDCI-RDA, grand parti d’État et d’institution, a toujours su distinguer la posture politique de la politique-spectacle.
Les députés ont le droit de s’exprimer librement : le mandat impératif est prohibé, et cela, tout parlementaire digne de ce nom le sait.
Pendant mes dix années à l’Assemblée nationale, j’ai exercé ce droit sans jamais attirer la colère du Parti, parce que le PDCIRDA d’alors savait écouter, comprendre et tolérer la diversité des opinions.
Mais voici qu’aujourd’hui, certains veulent transformer ce Parti du dialogue en un tribunal de l’intolérance, où la différence devient faute, et la réflexion devient trahison.
Le PDCI-RDA que j’ai connu n’était pas un parti d’inquisition.
C’était un Parti d’intellectuels, d’hommes et de femmes polis, posés, réfléchis.
Aujourd’hui, les “nouveaux sages” des réseaux sociaux, cachés dans des salons feutrés à l’étranger, s’érigent en procureurs et distribuent les certificats de fidélité.
2°) Sur la “traîtrise” prétendue de Guikahué
Traître ? Vraiment ?
Qui, dans ce Parti, peut aujourd’hui regarder Guikahué droit dans les yeux et l’accuser de trahison sans rougir ?
Dénoncer les dérives d’un fonctionnement qui piétine nos textes et ignore les organes statutaires, est-ce trahir ?
À moins que nous n’ayons décidé d’aduler le mutisme, d’encenser le conformisme et de bannir la pensée critique !
Regardons la vérité en face : nos alliances contre nature, conclues sans consultation du Bureau Politique, nous ont menés droit dans le mur.
Le PPA-CI, que certains érigeaient hier en sauveur providentiel, vient de nous lâcher froidement à l’orée des législatives.
Nos militants sont emprisonnés, abandonnés, pendant que la direction du Parti se réfugie dans des communiqués lacrymaux dignes d’une entreprise de pompes funèbres.
Le siège du PDCI-RDA, autrefois vibrant, a aujourd’hui des allures de cimetière silencieux. Tout le monde se terre. Les portes du parti restent bien souvent fermées, déserté par les responsables et pour cause.
Et pourtant, ce même Guikahué que vous insultez était celui qui, en 2018, s’est dressé avec courage contre la tentative d’absorption du PDCI-RDA par le RHDP.
C’est lui que la base appelait alors “Capitaine courage”.
Ceux qui le traitent aujourd’hui de “vendeur du Parti” ont la mémoire courte — ou la haine longue.
Le Président Henri Konan Bédié, démocrate éclairé, avait dit lors du Bureau politique du 29 septembre 2022 :
“Faites une analyse approfondie de toutes nos alliances, y compris avec le RHDP.”
Avait-il interdit d’envisager une telle alliance ? Non !
Il avait exigé qu’on en débatte en toute lucidité.
Mais au lieu du débat, nous avons préféré la diabolisation.
Au lieu de la réflexion, nous avons choisi l’émotion.
Et voilà que, faute de discernement, nous récoltons aujourd’hui la solitude politique.
Alors, de grâce, que ceux qui parlent de trahison se regardent dans le miroir de l’histoire avant de lancer leurs pierres.
3°) L’argument de l’âge : arme des faibles
“Guikahué est vieux, qu’il parte !” entend-on crier sur les réseaux.
Argument paresseux, indigne d’un parti de réflexion.
Le PDCI-RDA a toujours respecté l’expérience. Les jeunes apprennent auprès des anciens, les anciens encadrent les jeunes.
Mais voilà qu’aujourd’hui, des militants sans racines politiques se croient autorisés à mépriser leurs aînés, à insulter ceux qui ont bâti les fondations sur lesquelles ils ‘’tweetent’’.
Savez-nous combien de députés sortant qui rempilent et qui sont pourtant adulés sont plus vieux que Guikahué ? Deux poids deux mesures : juste de la haine, rien que la haine.
Curieusement, ces mêmes jeunes applaudissent dans d’autres alliances des octogénaires candidats pour la énième fois ! Deux poids, deux mesures.
La haine a pris la place de la raison.
Et pour couronner le tout, on ressort le vieux démon du tribalisme.
Certains veulent faire croire qu’à Gagnoa, le PDCI-RDA doit désormais se chercher un “jeune baoulé” pour remplacer un “vieux bété” pour cause d’un électorat à majorité baoulé.
Mais quel est donc ce parti où la compétence se mesure à l’ethnie, et la fidélité à la géographie ?
Le PDCI-RDA est né pour unir la Côte d’Ivoire, pas pour la fragmenter en micro-identités politiques.
J’ai pris le temps d’observer : plus de 77 % des internautes les plus virulents contre Guikahué appartiennent à la même aire culturelle.
Est-ce un hasard ? Non. C’est le symptôme d’un sectarisme rampant.
À cette allure, le PDCI-RDA, s’il ne se ressaisit pas, se transformera en cercle ethno-sentimental, voué à l’échec électoral.
4°) Du respect et de la décence
Ceux qui insultent Guikahué avec des “lui-là”, “ce vieux-là”, “ce type-là”, ne connaissent pas le PDCI-RDA.
Notre Parti n’a jamais été celui de la grossièreté.
Nous avons été formés dans l’école du respect, de la mesure et de la retenue.
Ceux qui usent d’un tel langage ne sont pas des militants, mais des mercenaires du verbe, nourris à coups de prébendes, sans culture politique ni éducation partisane.
Le professeur Guikahué a servi ce Parti avec loyauté, compétence et dignité.
Il a connu la prison pour ses convictions. Il mérite notre admiration, notre respect, pas notre mépris.
5°) Pour un sursaut de lucidité
Je le dis avec gravité : nous sommes en train de détruire le
PDCI-RDA de l’intérieur.
Les divisions entretenues, la haine alimentée, les procès d’intention et les attaques personnelles ont remplacé le travail militant.
Beaucoup de délégués départementaux aujourd’hui se taisent, par peur d’être éjectés.
Les bases, elles, se vident, étouffées par les querelles d’ego et les fausses ferveurs urbaines.
Ils disent à qui veut les écouter, ‘‘on s’en fout, qu’ils partent les traitres, même à deux notre PDCI=RDA purifié survivra.’’ Si un parti politique se cantonne à la survie et en est fier c’est qu’il a perdu l’ambition de la prise de pouvoir. Qui de militant lucide
s’accrochera à un parti sans ambition, un parti renonce à la prise du pouvoir et se complait à distribuer les petits pouvoir dans des bulles de ténèbres. Ne traçons pas les sillons de l’érosion des militants et crier à la trahison.
Et pourtant, tout n’est pas perdu.
Il est encore temps de renouer avec notre histoire, notre esprit d’équipe, notre respect mutuel.
Le PDCI-RDA a survécu à tout : à la colonisation, au parti unique, aux scissions.
Mais il ne survivra pas à la haine gratuite de ses propres enfants.
Conclusion : appel à la raison et à la mémoire
Le PDCI-RDA est un héritage.
Nous n’en sommes pas les propriétaires, mais les dépositaires.
Si nous continuons sur cette pente, en 2030, notre Parti ne sera plus qu’une relique poussiéreuse, un souvenir glorieux dans les livres d’histoire.
Mais si nous retrouvons la voie du dialogue, du respect et de la déontologie militante, alors, oui, le PDCI-RDA redeviendra ce qu’il fut : un Parti de dignité, de sagesse et d’unité nationale.
Je ne vous parle pas avec colère, mais avec la tristesse d’un ancien militant qui a tout donné à ce Parti, y compris sa liberté.
Je vous parle avec la voix de la mémoire, celle d’un homme qui a vu le PDCI-RDA traverser les tempêtes sans jamais se renier.
Arrêtons ce suicide collectif. Le PDCI-RDA mérite mieux que nos querelles d’écran.
Salutations militantes.
Vénérable SÉRI BI N’GUESSAN
Vice-Président du PDCI-RDA
Ancien membres du Secrétariat Exécutif
Ancien membre du Secrétariat général
Ancien Sénateur
Ancien Député (élu alors qu’il était en prison sous le régime de la refondation)
Ancien Enseignant-Chercheur à l’INP-HB
Ancien Directeur Général
Ancien membre de la Direction du SYNARES
Membre fondateur de l’UNESUR
Ancien membre fondateur de l’ADIR
Ancien Responsable de zone de l’unique délégation
départementale d’alors de Daloa
Ancien Président du Comité de base du PDCI-RDA des
enseignants du supérieur à Yamoussoukro, Membres du PDCI-RDA
































