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Les deux quotidiens nationaux ont augmenté leurs tarifs en plein milieu de l’été. La presse écrite doit faire face à de nombreuses difficultés économiques, exacerbées par la crise due au coronavirus.

Après le Monde vendredi, qui a augmenté de 20 centimes le prix du journal, c’est au tour du Figaro de relever son tarif de 10 centimes ce lundi, en plein milieu de l’été. Les deux quotidiens nationaux se vendent désormais 3 euros l’unité. Des augmentations justifiées par la crise de la distribution de la presse et par l’effondrement du marché publicitaire.

Dans l’édition du jour, Marc Feuillée, directeur général du Figaro, et Alexis Brézet, directeur des rédactions, se justifient : «La conjonction de nos difficultés de distribution et du recul de la publicité a bouleversé notre modèle économique.» Et ajoutent : «Afin de poursuivre notre mission éditoriale et de préserver nos moyens, nous sommes contraints d’augmenter de 10 centimes le prix de votre Figaro quotidien.»

La semaine dernière, le Monde avait publié un article similaire pour avertir ses lecteurs : «Malheureusement, l’impact de la crise due au Covid-19 sur notre modèle économique avec, à la fois, une baisse substantielle et durable de nos revenus publicitaires et la cessation de paiements de notre distributeur, la société Presstalis, nous impose de trouver des ressources supplémentaires afin de garantir la qualité de nos contenus ainsi que l’indépendance financière du journal.»

Les abonnements numériques de plus en plus compétitifs
Depuis plusieurs années, la presse écrite doit faire face à de nombreuses difficultés que la crise sanitaire a exacerbées. La première est la baisse des volumes de ventes papier. Les lecteurs se tournent de plus en plus vers le numérique en délaissant les éditions imprimées. Si les journaux ont vu leurs abonnés numériques se multiplier pendant le confinement, cela n’a pas permis de compenser les pertes dues à la limitation des déplacements et la fermeture de certains points de vente.

Cette nouvelle hausse du prix des deux journaux pourrait encore accélérer la transition vers l’abonnement numérique, dont les tarifs apparaissent d’autant plus compétitifs : le prix d’entrée de gamme, pour un accès illimité aux contenus en ligne, est à 9,90 euros par mois au Figaro et 9,99 euros au Monde.

Chute des recettes publicitaires
L’arrêt de l’économie s’est traduit également par un effondrement des recettes publicitaires. D’après une étude publiée par l’Institut de recherches et d’études publicitaires (Irep), elles étaient en recul de 12,5% au premier trimestre par rapport à 2019. Ce qui s’explique aussi par une diminution de sa pagination publicitaire de 56% entre le 16 mars et le 3 mai.

Cette tendance semble s’inscrire dans la durée : depuis plusieurs années déjà, la presse écrite est le grand perdant du marché publicitaire des médias. Au premier semestre 2019, l’ensemble de la presse connaissait une baisse de 5% de ses recettes publicitaires par rapport à 2018, toujours selon l’Irep.

La plupart des quotidiens avaient déjà augmenté leurs tarifs ces dernières années, en partie pour financer un plan de sauvetage de Presstalis. Principal distributeur de presse en France, le groupe a été placé en redressement judiciaire le 15 mai avant d’être repris début juillet par les quotidiens, soutenus par quelques éditeurs de magazines. La société qui achemine journaux et magazines dans 22 000 points de vente s’appelle désormais France Messagerie.

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