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Pour justifier son combat actuel contre le pouvoir  d’Alassane Ouattara, l’opposition ivoirienne dit qu’elle veut réconcilier les Ivoiriens. Car pour elle, les Ivoiriens sont divisés.

En réalité, les Ivoiriens n’ont aucun problème a priori les uns avec les autres, ni entre eux, ni envers d’autres populations. C’est plutôt les politiciens qu’il faudrait à notre sens réconcilier.

En effet, les Ivoiriens n’ont jamais été divisés dans leur ensemble collectivement pendant longtemps, même au plus profond des crises que ce pays a connues.

 Il est vrai que l’on ne peut oublier l’ivoirité, concept mis en route en 1995  par Henri Konan Bédié du PDCI-RDA qui favorise la « préférence nationale », a divisé les Ivoiriens. L’ivoirité a privé de nombreux nationaux de leur droit à la nationalité et à l’éligibilité. C’est vrai, ce concept conçu contre Alassane Ouattara ou Djeny Kobina mort apatride, a servi de prétexte à un coup d’Etat en 1999, une rébellion armée en 2002. Il est aussi vrai que l’arrestation de Laurent Gbagbo  ou de Blé Goudé, puis transférés à la Haye, a effarouché leurs proches. Ou encore que la présence d’exilés ou des incarcérations des leaders de l’opposition a écorché le vivre ensemble entre quelques Ivoiriens. Mais nous constatons que fondamentalement les Ivoiriens n’ont aucun problème majeur entre eux.

Cohabitation pacifique

Le constat est qu’ils empruntent le même taxi, le même gbaka ou bus tous les matins pour se rendre au travail, à l’école. Ils marchent côte à côte dans la rue sans se lorgner en chiens de faïence. Dans les écoles ou les services, toutes les ethnies et partis politiques se côtoient sans problème.  A midi ou le soir venu dans les restaurants, maquis ou buvettes les mêmes personnes d’origine ethnique, religieuses, régionales diverses se côtoient sans soucis autour d’un pot.

Dans nos cours communes, le voisin est soit de l’est, de l’ouest, du sud, du nord ou du centre.  Le meilleur ami  de celui qui vient de l’ouest est très souvent du sud, ou encore du nord ou de l’est du pays. Vous verrez par exemple un sénoufo donner le prénom de son ami bété à son fils ou le prénom de son amie baoulé ou yacouba à sa fille.

Mariages mixtes

Il ne se passe pas de jeudi ou de samedi en Côte d’Ivoire sans que l’on n’assiste à des mariages mixtes. Le samedi 21 novembre 2020, nous nous avons assisté à Diabo, une ville à dominante baoulé à un mariage entre un couple gouro et guéré.  Deux ans en arrière à Sakassou, un sénoufo épousait une fille baoulé.

Lors des funérailles, tous pleurent, que le défunt soit de quelque partie du pays. Il en est de même lors des cas de maladies ou d’accidents de la route ou d’incidents divers dans la vie de la communauté. A l’occasion des fêtes, les familles sont unies d’où qu’elles viennent.  

Quid des politiques?

Alors d’où vient le fait que des politiciens disent qu’ils viennent réconcilier les Ivoiriens ? Non, c’est plutôt les politiciens qui doivent se réconcilier entre eux. Sinon les Ivoiriens sont réconciliés. Mieux, toutes les communautés vivant en Côte d’Ivoire, nationaux ou non, n’ont aucun problème collectif entre elles.  

C’est ce message que les populations se sont passés à Bouaké, qui a épargné à cette cité des violences liées au boycott actif. La devise étant «de nombreux peuples, une seule cité». «Ton père et ta mère se battent pour une natte, tu n’as point besoin de choisir le parti de l’un ou l’autre. Car celui à qui reviendra la natte, que ce soit ton père ou ta mère, tu pourras passer la nuit avec lui ou elle. C’est le cas de la Côte d’Ivoire qui est la natte et tes père et mère, le pouvoir et l’opposition», a caricaturé le sage chef de village de Sahinkro, Nanan Koffi Roger. Il sensibilisait les populations à la paix et à la cohésion sociale au regard de la situation sociopoltique à la veille des élections du 31 octobre 2020.

Correspondance particulière

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