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Ponvogo est un village modèle situé à environ 10-15 km de Korhogo, dans la sous-préfecture de Koni, au nord de la Côte d’Ivoire. Fondé par le chef Pon, il est aujourd’hui reconnu pour son développement inclusif et son attachement à la tradition sénoufo.

Le village bénéficie d’infrastructures modernes grâce à l’engagement de Brahima Coulibaly, directeur de la communication de la Première Dame Dominique Ouattara, natif de Ponvogo. Parmi les réalisations figurent un centre de santé bien équipé, une école primaire, l’électrification du village, un château d’eau et la radio locale Tchépé FM.

Ponvogo est aussi un haut lieu culturel. Chaque fin d’année s’y tient le Festi-Ponvogo, un festival qui célèbre la culture sénoufo tout en promouvant le développement communautaire. Ce festival attire plus de 10 000 participants et met en avant les arts traditionnels, la formation au balafon, ainsi que des initiatives de sensibilisation et de développement agricole, notamment pour les femmes du village.

Ainsi, Ponvogo allie modernité et tradition, faisant de ce village un exemple de réussite locale proche de Korhogo, capitale culturelle et économique du nord ivoirien.

La tête dans la modernité 

La construction d’un hôpital et d’une école à Ponvogo influence profondément la vie du village en améliorant à la fois la santé et l’éducation, deux piliers essentiels du développement local.

Pour l’hôpital, il permet une meilleure prise en charge médicale, réduisant les déplacements vers Korhogo et augmentant l’accès aux soins de qualité. Cela améliore la santé globale de la population, favorise le bien-être et la productivité des habitants, et renforce la sécurité sanitaire du village.

Pour l’école, elle joue un rôle clé dans la socialisation et le développement des enfants, en offrant un cadre structuré pour l’apprentissage, la transmission des savoirs et des valeurs culturelles. L’école favorise la continuité de la scolarité, même en cas de difficultés, et contribue à l’égalité des chances, notamment pour les enfants issus de milieux ruraux ou défavorisés.

En combinant ces deux infrastructures, Ponvogo améliore la qualité de vie de ses habitants, encourage le développement humain et social, et pose les bases d’un avenir plus prospère et durable pour la communauté.

Et les pieds dans la tradition

Ponvogo est profondément ancré dans la pure tradition sénoufo, qui se manifeste notamment à travers le respect des rites du Poro, un parcours initiatique fondamental pour les hommes sénoufos. Ce rite, qui régit la vie sociale et spirituelle, est au cœur de la cohésion communautaire et de la transmission des savoirs ancestraux.

Le village organise régulièrement des cérémonies et festivals, comme le Festi-Ponvogo, qui célèbrent la culture sénoufo par des rituels d’adoration dans le bois sacré, des cultes aux ancêtres, et des veillées œcuméniques mêlant animisme, islam et christianisme, renforçant ainsi la dimension spirituelle et communautaire du village.

Les danses traditionnelles, telles que la Boloye, danse initiatique masculine surnommée « danse panthère », sont également pratiquées à Ponvogo, rassemblant tout le village lors des fêtes et symbolisant la richesse culturelle sénoufo.

À Ponvogo aujourd’hui, plusieurs pratiques initiatiques sénoufo traditionnelles restent bien visibles, notamment :

L’institution du Poro, un rite initiatique masculin majeur qui se déroule dans le bois sacré proche du village. Ce lieu est un espace rituel où se transmettent savoirs, valeurs et secrets ancestraux, avec des cycles d’initiation périodiques qui renforcent la cohésion sociale et la spiritualité locale.

La société initiatique du Sandogi, presque exclusivement féminine, qui s’occupe des relations avec les ancêtres et de la perpétuation du matrilignage. Des devineresses y pratiquent la divination dans des maisons rondes, utilisant des objets rituels spécifiques liés à leur initiation.

Les objets rituels et symboles, tels que les ceintures de cauris, motifs de python, paniers aux jumeaux, et attributs liés aux chasseurs (Dozo), sont encore utilisés pour marquer l’appartenance aux sociétés initiatiques et pour les rituels de divination et protection.

La transmission des savoirs et des motifs culturels (poterie, art, musique, danse) se fait toujours dans le cadre des initiations, souvent dans le bois sacré, avec un secret jalousement gardé entre initiés. Ces pratiques artistiques sont considérées comme sacrées et essentielles à l’identité sénoufo.

La transmission des connaissances initiatiques à Ponvogo se perpétue principalement à travers des rituels et cérémonies traditionnels, notamment lors de la fin de l’initiation au Poro, appelée Kafouho. Ce moment marque la sortie des initiés des bois sacrés après une formation d’environ sept ans, au cours de laquelle ils apprennent chants, danses, savoirs et valeurs ancestrales. Les chants du Kafouho racontent les expériences vécues durant l’initiation et sont transmis oralement de génération en génération, assurant la continuité culturelle et spirituelle.

Cette transmission repose aussi sur un système social bien organisé où chaque âge et sexe a sa place, et où les anciens jouent un rôle essentiel en guidant les jeunes à travers les différentes phases d’initiation. Les savoirs sont transmis oralement et par la pratique dans le cadre des sociétés initiatiques, avec un fort secret entourant ces enseignements pour préserver leur sacralité.

Ainsi, la transmission combine apprentissage rituel, chants, danses, récits et encadrement par les anciens, garantissant la perpétuation des valeurs, des savoir-faire et de l’identité sénoufo à Ponvogo.

En jn mot comme en mille, l’on peut soutenir que Ponvogo reste un exemple vivant où la tradition sénoufo est respectée et perpétuée dans tous les aspects de la vie sociale, spirituelle et culturelle.

Stéphane Badobré

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