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«Bonjour monsieur Jean Bonin. Votre lutte contre la corruption est à saluer, surtout à amplifier.

J’ai remarqué qu’on s’attaque toujours aux gendarmes et aux policiers (sous-officiers) sur le terrain mais la vraie cible n’est pas touchée. En tant qu’ancien gendarme, je me permets de parler exclusivement de la gendarmerie.

Le racket dans ce corps est instauré depuis l’école de gendarmerie. Le commandant école rackette les élèves à travers l’intendant de l’école qu’on appelle dans notre jargon le popotier : draps, tenue de sport, chaussures de sport, treillis, rangers et nourriture sont prélevés dans la solde des élèves.

Quand notre promotion est rentrée à l’école, on a commencé à nous prélever au cours de notre formation. L’intendant adjudant-chef Okrou est décédé. Le général Guiai Bi Poin l’a remplacé par l’adjudant Gnankrou. Dès sa prise de fonction, il nous a encore fait payer à nouveau les tenues de sport et autres. Le tee-shirt simple faisait 8000 FCFA, à raison de deux tenues par élève. C’est pour vous donner une idée.

Les élèves sont tellement rackettés par l’intendant qu’à la fin du mois, on se retrouvait avec moins de 30.000F. Il y a des mois où on se retrouvait avec 2000 F sur un solde de 105000F/mois pour la première année et 127000F/ mois pour la deuxième. Le même système continue.

Les officiers qui sont lieutenants ou capitaines désignés comme commandants des différents pelletons rackettent les élèves à travers les chefs de chambre des élèves. Les moniteurs rackettent à longueur de journée.

Pour les affectations, il y a aussi du racket. Il est mis dans la tête de tout le monde que c’est ce qu’il faut pour être affecté dans une unité qui *DONNE*, comme on le dit. Pour être plus clair, dans une unité où les éléments vont s’en sortir financièrement.

Les examens professionnels CAP, BA1, BA2 BTGD OU BTGM organisés par le commandement supérieur, il faut payer. Les enveloppes sont distribuées aux surveillants et examinateurs. Sans blague. Tu ne paies pas, tu ne seras pas admis. Où est-ce que les sous-officiers doivent prendre l’argent pour payer tout ça ?

Quand les sous-officiers sont désignés pour un service de routine, ils doivent ramener ce qu’on appelle *LE CHARLI ROMEO OU LE C.R.* C’est un compte rendu financier qui est fixé et c’est la part du commandant d’unité.

Dans une brigade de gendarmerie, le *commandant de brigade* désigne pour service. Tout le monde est mis au courant de ce qu’il doit rapporter au *CB*

À la fin du mois, le *CB* envoie la part du commandant compagnie, ce dernier envoie la part du *commandant légion*…

*Les éléments de la brigade partent en service en payant eux-mêmes leur carburant, le kit du brigadier (convocation, carnet de déclaration* censé être gratuit est acheté à *5000* par eux-mêmes.

À la brigade, *l’encre et les paquets de feuilles A4 qui doivent provenir de la compagnie de gendarmerie à laquelle les différentes brigades sont rattachées* sont achetés par les éléments des brigades. Le budget alloué au commandant compagnie va dans sa poche.

Si vous faites une enquête minutieuse, vous allez découvrir l’ampleur de cette corruption très bien organisée.

Comme les commandants d’unités le disent aux sous-officiers, un militaire se débrouille mais quand on l’attrape, ils se débrouille ».

Source: Page Facebook de Jean Bonin

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