Comme beaucoup d’autres Vénézuéliens, Valery Lopez a longtemps été tentée par l’exil. Mais aujourd’hui, la jeune femme a trouvé un moyen de survivre à la crise économique : elle vend les images de son corps dénudé sur un site internet pour adultes.
« Je voulais absolument quitter (le pays), car je ne vivais pas bien ici (…) Maintenant je veux rester au Venezuela grâce à Onlyfans ! », raconte à l’AFP cette femme de 20 ans, qui affirme aimer dévoiler face caméra ses formes.
Sur son profil, la jeune fille compte plus de 50 abonnés, pour la plupart des étrangers. Afin de recevoir des contenus exclusifs, chacun paie 10 dollars, soit six fois le salaire minimum au Venezuela.
Lancé en Grande-Bretagne en 2016, OnlyFans est une plateforme qui reverse 80% des abonnements perçus au créateur de contenu et garde les 20% restants. Le site se voulait à l’origine destiné aux célébrités et aux « influenceurs », mais s’est vite transformé en un centre de partage de contenus pour adultes.
Grâce à ses nouveaux revenus, Valery Lopez dit pourvoir se payer ses « soins dentaires et acheter des vêtements ». « Qui peut gagner entre 500 et 1.000 dollars par mois ici en ce moment ? Personne ! », lance-t-elle bravache.
Le psychologue Abel Saraiba, également coordinateur d’une ONG qui s’occupe des droits des enfants et des adolescents au Venezuela, dit comprendre le cheminement qui pousse nombre de jeunes à utiliser leur corps pour gagner de l’argent.
« Est-ce qu’ils s’aventureraient sur des chemins aussi risqués s’ils avaient d’autres choix pour gagner de l’argent ? », s’interroge-t-il.
S’il estime que cela est moins risqué que la prostitution, il met les jeunes Vénézuéliens en garde. « Ils ne réalisent pas qu’une fois qu’ils ont publié un contenu, ils peuvent en perdre le contrôle et que d’autres peuvent s’en emparer ».
Déjà, des vidéos d’OnlyFans ont été retrouvées sur des plateformes disponibles pour le grand public.
– Mineure –
Pour Valery Lopez, tout a commencé par une photo où elle apparaissait « totalement » nue sur Instagram. Au vu du nombre de « Likes » et de messages, elle y a vu une occasion de se faire un peu d’argent.
Son petit ami, Roberto Gonzalez, un architecte avec lequel elle vit depuis trois ans, l’a aidée à ouvrir un compte sur OnlyFans.
« J’aime ça, j’aime surtout gagner de l’argent, c’est une combinaison parfaite », assure Valery.
Son succès provient également du fait que ses « fans » croient qu’elle est mineure.
« Ils pensent que je mens sur mon âge », dit en riant la jeune fille aux yeux verts, qui ne mesure qu’un mètre cinquante et se dessine parfois des taches de rousseur sur le visage. « Ils aiment me voir avec mon visage juvénile… ».
Bien que ce ne soit pas le cas de Valery Lopez, un documentaire de la BBC diffusé l’an passé affirmait que des mineurs vendaient illégalement du contenu sur la plateforme qui avait vu le nombre de ses utilisateurs décupler pendant la pandémie de Covid-19.
OnlyFans a déclaré à l’AFP compter aujourd’hui 90 millions d’abonnés et plus d’un million de créateurs de contenus.
En avril, le fondateur de ce site, Thomas Stokely, a reconnu auprès du média BuzzFeed que la moitié de ses créateurs produisaient du contenu pour adultes.
Mais tous ne s’enrichissent pas.
Brandon Mena, un Vénézuélien athlétique de 20 ans, a dû interrompre ses études parce qu’il ne pouvait plus régler ses frais d’université privée.
Il les payait jusque-là en travaillant comme serveur « dans des restaurants et des boîtes de nuit ».
La pandémie l’a forcé à « chercher des solutions alternatives », raconte le jeune homme, en jean et pull gris, une apparence très différente du contenu qu’il fournit sur OnlyFans.
Mais, contrairement à Valery Lopez, le nombre de ses abonnés n’a pas décollé.
« Le Venezuela ne va pas changer. Je ne me vois pas rester », finit-il par lâcher.