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Avant la rencontre entre les présidents Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo le 27 juillet au palais présidentiel du Plateau-Abidjan, Guillaume Soro voulait s’inviter dans le débat des grands. Et ainsi attirer les regards sur lui. Le 24 juillet donc, la section France de Générations et peuples solidaires (GPS) dissous le 23 juin 2021 a quand même tenu à organiser une conférence-débat pour, dit-on, faire des déballages sur la situation socio-politique nationale. Et c’est Touré Moussa, son directeur de la communication, qui était commis à la tâche. La rencontre qui s’est tenue 71-73 Rue de la Briche 93200 Saint Dénis a été tout simplement un flop. Le thème retenu était certes intéressant, à savoir «GPS : Dissolution, et après ?» mais les partisans de Guillaume Soro, pourtant très bruyants sur la toile, malgré tout le battage médiatique sur la propre page Facebook de leur leader, ont été incapables de réunir une centaine de personnes, dans une petite salle du sous-sol de l’adresse sus-indiquée, selon plusieurs observateurs La parole de Touré Moussa a été noyée dans les invectives et les vidéos-directes faites par des personnes supposées défendre la «cause» de Guillaume Soro.

Le déni de la réalité.

Après avoir procédé à la lecture des noms des prisonniers de leur mouvement, Touré Moussa s’est insurgé contre la décision de dissolution prononcée le 23 juin 2021 contre GPS.

Pour lui, la dissolution n’est effective que dans l’esprit de ceux qui l’ont prononcée.

Devant quelques supporters, il s’est évertué à démontrer que GPS n’est pas dissous et GPS ne peut être dissous par un juge. M. Touré a invoqué le droit ivoirien et la Constitution ivoirienne qui, selon lui, interdisent la dissolution de GPS.

«L’article 712 du code de procédure pénale est claire là-dessus. Une décision pénale n’est exécutoire que si elle devient définitive. Elle ne devient définitive que lorsque toutes les voies de recours ont été exercées ou leurs délais qui commencent à courir à partir de la période de notification sont épuisées. Or nous avons introduit un recours contre cette décision. Nous irons en appel, s’il le faut le faut, nous irons en cassation», a-t-il harangué l’assistance.

En sus, il a expliqué que la dissolution prononcée contre GPS vise un double objectif : priver Guillaume Soro d’un outil politique sur lequel il peut s’appuyer pour exister politiquement et instiller la peur le cœur des militants et sympathisants de GPS.

Maintenant que la dissolution de GPS a été prononcée par la justice, que vont-ils faire ?

Peur, découragement, attentisme ou la résistance ? «Il n’y a pas d’autre voie que la résistance, chers camarades», a tranché Touré Moussa.

La preuve que GPS ne pèse rien. Ce sont des cyberactivistes qui ont longtemps mouillé le maillot pour Guillaume Soro, qui les premiers, ont mis le doigt sur les problèmes qui minent leur mouvement. Avec des mots parfois très durs, ils disent être tous unanimes après l’échec dans la mobilisation dans la capitale française que GPS est une coquille vide. Sinon le petit monde constitué des activistes sur internet comme Eléonore, Losseni, Amiral Blindé, la Guêpe, Souley de Paris, Doumbia Doudou Ganganba, Parigo… a été mis à contribution pour battre le rappel des troupes avant cet évènement.

Mais comme Guillaume Soro n’a pas fait de travail d’implantation, n’a pas de structures locales et donc pas de vraie base militante aussi bien à l’étranger qu’en Côte d’Ivoire, il n’a pu mobiliser grand monde.

Pour la comédienne Eléonore, un des soutiens du Guillaume Soro sur la toile, c’est l’heure du désenchantement. «Vous faites la grande gueule pour rien. Vous ne pouvez même pas avoir cinquante personnes dans une salle. Mon allô allô seulement là, c’est plus que cinquante personnes. C’est une honte. Vous avez fait une piètre prestation, vous voulez accuser d’autres personnes, vous voulez accuser autrui ? Vous nous avez informés ? Je pense que je suis partie à la réunion, on a soulevé chaise, on voulait casser ma tête. Des violents comme ça. Et puis des barbares. C’est vous qui voulez vous asseoir comme des gens. Quand vous êtes en direct, les gens vous écoutent, ils disent ‘’ah ça plaît d’aller au GPS’’. Des violents, ils ont failli casser ma tête là-bas avec chaise», dénonce-t-elle dans une courte vidéo de 45 secondes disponible sur Facebook. Très remontée contre ses camarades de l’ex-GPS, la comédienne revient à la charge avec une autre vidéo pour dénoncer le sectarisme qui mine ce micro-mouvement. «Votre conférence de presse que vous avez faites-là, comme vous vous êtes démocrates, la table de séance là, du début jusqu’à la fin, ce sont les gens du nord qui sont là. Il n’y a que les gens du nord au GPS ? (…) Il y a une direction. Depuis il y a des problèmes, on ne parle pas. On va à une réunion, on active les gens pour venir insulter les gens. Pourquoi ?», s’insurge-t-elle contre le comportement des cyberactivistes qui ont poussé certains membres de GPS à prendre leurs distances d’avec leur mouvement.

«Si pour le combat de Soro, on est fatigués, chacun n’a qu’à aller s’asseoir dans son coin. On n’a qu’à se calmer. Laissez le monsieur souffrir dans son silence. Il ne nous a pas envoyés de faire les vidéos. Et nous-mêmes, on a dit qu’on va mener un combat. Je n’ai pas signé de contrat avec quelqu’un pour que vous persécutiez les autres», crie-t-elle son ras-le-bol.

Guillaume Soro comme son propre fossoyeur. Pendant de longs mois, celui qui se fait appeler Zulu De Bogota a défendu les idéaux de Soro. Mais depuis quelque temps, il assure avoir pris ses distances d’avec la soro-sphère. Saisissant l’occasion de la mobilisation ratée des pro-Soro à Paris, il fait la radioscopie du fonctionnement de Guillaume Soro. Selon Zulu De Bogota, Guillaume Soro phagocyte lui-même les leaders de mouvements qui pensent se mettre à son service. Il cite les cas de Marc Ouattara avec son Union des Soroïstes (UDS), de Soro Kanigui, président du Rassemblement pour la Côte d’Ivoire (RACI)… «Est-ce que vous voyez l’UDS organiser des manifestations encore en Côte d’Ivoire ? Parce que dans la réalité, l’UDS n’a pas été dissoute. La seule personne qui a détruit l’UDS, c’est Soro Guillaume. Parce qu’il n’aime pas que quand tu es avec lui, que tu aies un mouvement en ton nom. Il n’aime pas ça. (…) Regardez ce qui est arrivé à Soro Kanigui. Pendant que le premier responsable du Raci est en prison, Soro Guillaume nomme les responsables du Raci au GPS. Alors qu’il n’y a pas eu de communiqué pour dire que le Raci et GPS ont fait une fusion. Quand Soro Kanigui sort de prison, qu’est-ce qu’il fait ?», souligne le cyberactiviste.

Il dit avoir compris depuis belle lurette que le désordre qui règne au GPS est orchestré par Guillaume Soro lui-même et certains de ses propres collaborateurs qui veulent se constituer une faction au sein de l’armée de cyberactivistes pro-Soro.

Une bien curieuse stratégie politique de la part de Guillaume Soro: l’auto-destruction.

Stéphane Badobré

 

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