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Depuis qu’il a franchi le Rubicon en postulant à la présidence du Pdci, le financier Tidjane Thiam est au centre d’un débat qui rappelle par trop, toutes proportions gardées, celui qui a visé jadis Alassane Ouattara. En effet, pour ses contempteurs, l’ancien gouverneur de la Bceao était suffisamment ivoirien pour diriger cette banque pour le compte de la Côte d’Ivoire mais pas assez pour prétendre présider aux destinées de ce pays. D’où le concept de l’ivoirité censée disqualifier politiquement ce dernier. Les plus irréductibles ont créé le TSO (Tout Sauf Ouattara), symbole de leur aversion pour Alassane Ouattara dont ils disaient pis que pendre. Faut-il rappeler le prétendu dossier en béton que disait détenir le célèbre journaliste Ben Soumahoro. Paradoxalement, celui-ci ne le rendit jamais public. Aujourd’hui, Tidjane Thiam semble avoir réveillé ce vénéneux concept chez certains Ivoiriens qui se croient fondés à pointer ses origines sénégalaises. Comme si cela obérait sa citoyenneté de national ivoirien. Ce qui prouve l’indigence argumentative des détracteurs de l’ancien patron du Crédit suisse. Cependant, ce qu’ils ne disent pas mais qui transparaît comme un fil d’Ariane, c’est qu’ils ont une peur bleue de Tidjane Thiam dont la noblesse du pedigree le dispute à la fulgurance du background. Parce que le parcours de cet ancien polytechnicien ne laisse personne indifférent. Et ce n’est rien de le dire. Car, ce premier de classe qui ne fait rien comme personne détonne dans un pays où l’on vit quasiment une saisissante inversion des valeurs. De sorte que l’on assiste, incrédule, à la célébration des contre-modèles et des anti-valeurs comme si la Côte d’Ivoire marchait sur la tête. C’est du plus mauvais effet. C’est en cela qu’il faut plutôt se réjouir de la présence d’un Tidjane Thiam dans le landerneau politique national qu’il vient éclairer, peu ou prou. C’est en cela aussi que la posture de ceux qui voudraient qu’il reste sur son quant-à-soi, dans une certaine zone de confort où il continuerait à jouer les banquiers ou les financiers me semble totalement puérile, en ce qu’elle trahit leur subconscient d’ivoiritaires rentrés. Finalement, que reproche-t-on à l’ex-patron de Prudential qui est bien dans son rôle en nourrissant des ambitions présidentielles dans son pays? A qui devrait-il demander la permission avant d’entrer en politique ? A la vérité, Tidjane Thiam est victime de son brillant parcours. Parce qu’il aurait été moins combattu s’il n’était qu’un obscur opposant démuni de toute référence. Tout au plus, aurait-il suscité quelques sarcasmes ou épithètes dépréciatiaves. Et la messe aurait été dite. Mais, justement, il dégage une force et un charisme qui en imposent. Cela seul suffit pour en faire l’homme à abattre pour ses rivaux. Mais, il en faut plus, beaucoup plus pour décourager le petit neveu du père de la nation qui démontre, depuis qu’il a décidé de servir son parti, qu’il a de la suite dans les idées. Mais pas que…

Un texte de René Ambroise Tiétié

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