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Il est vrai qu’Abidjan, véritable pôle urbain de la Côte d’Ivoire, offre le spectacle d’une urbanisation non maîtrisée dans laquelle la limite entre le légal et l’illégal s’avère bien poreuse. Pourtant ce n’est pas faute pour les autorités d’avoir essayé, de maîtriser l’urbanisation.

De plus, les occupants originels du site d’Abidjan, les Ébrié, ont un statut foncier particulier dans la ville (les «villages» ébrié), dont ils usent parfois pour revendre leurs terrains. Ils sont sur des terres et, comme tout le monde d’ailleurs, qui sont considérées comme des terres de l’État, et s’ils n’ont pas de titre, ce terrain ne leur appartient pas, ils n’ont que juste un droit de jouissance sur ce terrain. Il se trouve que ces personnes-là font des transactions avec les promoteurs immobiliers, ce qui n’est pas régulier parce que le problème qui est posé est le suivant : c’est que ces terrains ils les vendent souvent à plusieurs acheteurs. Le fond du problème du foncier rural à Abidjan.

Des personnes sont confrontées à un problème de régularisation de l’acte d’achat du titre de propriété. Un acte de vente signé par le chef de village avec des témoins est délivré à l’acheteur. Et si par mal chance le chef de village qui a délivré en son temps ce reçu d’achat de terrain parce que c’était lui qui était le président de la commission d’attribution des terrains, a été destitué et est décédé par la suite, vous perdez votre terrain.

Pour les plus courageux qui décident d’obtenir une lettre d’attribution en bonne et due forme reconnue par l’Etat et puis ensuite engager la procédure pour créer un titre de propriété c’est-à-dire un titre foncier sur le terrain, ce n’est jamais facile. Il faut de nouveau approcher les nouvelles autorités coutumières. Les acheteurs se trouvent ainsi floués par malheureusement, le chef qui avait signé le reçu ainsi que plusieurs témoins sont morts entre-temps. Voici le lot quotidien des personnes qui désirent avoir un terrain à Abidjan et environs. Et les ventes des parcelles ne se passent pas sous contrainte. Samedi à Songon-Agban, Laurent Gbagbo a oublié de dire à ses hôtes les Atchans de ne pas brader leurs terres. Le président du PPA-CI a cru bon de se poser en défenseur de ce peuple qui serait dépossédé de ses terres. Alors que ce sont des personnes responsables et en possession de toutes leurs facultés qui décident de vendre leurs terres pour financer des mariages, des cérémonies ou fêtes de générations…Il n’est donc pas juste de dire l’urbanisation d’Abidjan a dépouillé totalement les Ebrié. «Regardez Abobo aujourd’hui. Regardez Marcory, Port-Bouët, Vridi, Songon, tout, tout est parti. Je vous dis yako pour ça, je vous dis yako pour cette grande souffrance, parce qu’en Afrique où les peuples sont paysans, un peuple qui n’a plus de forêt, qui n’a plus de brousse, de surfaces cultivables est un peuple misérable. Je vous dis yako», a lancé péremptoirement l’ancien président. Sans exhorter les Atchan, qu’il dit chérir tant, à ne pas vendre leurs terres et souvent à plusieurs acheteurs. Alimentant les nombreux conflits fonciers à Abidjan.

Stéphane Badobré

 

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