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Le Président Alassane Ouattara a toujours des recettes géniales. Je ne sais pas pour vous, mais moi j’ai été épaté quand, le 9 août 2013, lors d’une interview télévisée, le chef de l’Etat annonçait qu’il était désormais à l’école brésilienne. Surtout en ce qui concerne la lutte contre la faim.

«(…) Il y aura une fenêtre spéciale pour les plus défavorisés. Il faut qu’on les aide à scolariser leurs enfants, à se soigner, à avoir même de la nourriture comme au Brésil. On pourra leur donner le ticket qui leur permettra d’avoir des sacs de riz. Ça c’est un dossier à part que nous sommes en train de traiter», répondait M. Ouattara à la question du journaliste de savoir ce qu’il proposait pour régler les problèmes des Ivoiriens. Le numéro un ivoirien entendait-il appliquer ici le concept de «Faim zéro» lancé le 28 octobre 2002 par le Président brésilien Luiz Ignacio Lula da Silva? «Le Brésil a bien réussi à le faire. Je m’inspire de cela. Moi, je cherche des solutions. Je veux qu’on arrive à soulager les populations les plus défavorisées», avait renchérit le Président Ouattara.

Nous sommes aujourd’hui le 21 juillet 2021. 

Notons que ce programme a permis à 20 millions de Brésiliens de sortir de la pauvreté (ils sont passés de 28 à 10 % de la population); il a réduit la malnutrition infantile de 61 %, la mortalité infantile de 45 % et la pauvreté rurale de 15%, en favorisant l’agriculture locale et la consommation de produits locaux. Au Brésil, ils ont mis en oeuvre une vaste gamme d’instruments: stockage, allocations familiales, facilitation du crédit et de l’assurance, régulation de certains prix… Comme au pays de Pélé, le casse-tête ivoirien tournera autour des critères de sélection des bénéficiaires de cette mesure.

Quel mécanisme sera mis en place pour éviter que les sacs de riz réceptionnés avec le précieux ticket ne se retrouvent sur les étals de nos marchés à Adjamé, à Abobo, à Yopougon… ? L’Etat pourra-t-il inonder le marché du riz de sorte à faire baisser les prix ? Ceux qui ont applaudi ce jour-là peuvent d’ores et déjà noter que le gouvernement ivoirien, à travers l’Office national de développement du riz, a élaboré une stratégie nationale de développement de la riziculture sur la période 2012-2020.

Le coût total du projet s’élève, selon des sources officielles, à 672 milliards de FCFA à mobiliser sur la période 2012-2016. Le riz est très prisé par les Ivoiriens. Malheureusement, la Côte d’Ivoire ne produit annuellement que 600.000 tonnes de riz blanchi pour des besoins estimés à 1. 500. 000 tonnes, l’obligeant à une importation massive. La réflexion qui dit que ‘’la faim est politique, son éradication aussi’’ devrait prendre tout son sens pour les milliers de crève-la-faim qui pullulent en Côte d’Ivoire.

Stéphane Badobré

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