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Rien ne va se passer. Les médias tentent de montrer qu’il y a un danger qui plane sur le siège de Donald John Trump aux Etats-Unis. L’issue du procès de ce mercredi 15 janvier 2020 semble tellement certaine qu’on ne sent pas réellement de ferveur au sein de la population américaine. Des républicains influents comme Mitch McConnell et Lindsey Graham ont déjà annoncé leur couleur: la procédure sera brève et Donald Trump ne sera pas destitué. Si nous connaissons déjà le punch de ce film, est-ce que cela vaut la peine de l’écouter?  

Dans un camp comme dans l’autre, on ferraille moins pour influencer la décision définitive que pour influencer l’opinion publique. La speaker démocrate Nancy Pelosi s’accroche à quelques sondages favorables pour orienter sa stratégie et espérer que tout cet épisode ne sera pas déjà oublié le 3 novembre prochain lorsque les Américains se présenteront aux urnes. 

Voilà où nous en sommes. Êtes-vous excités à l’idée de vivre à distance ce moment historique? Je ne le suis qu’à moitié. Si j’ai déjà affirmé plusieurs fois que le président actuel a tout fait pour mériter une destitution, l’absence de suspense et le caractère strictement partisan de l’opération entraînent mon intérêt à la baisse. Je serai au rendez-vous, mais pas forcément assis sur le bout de mon siège.

Même si le scénario semble convenu, quelques petites surprises sont encore possibles. Pour qu’elles deviennent réalité, il faudrait cependant qu’un petit groupe de républicains défie l’autorité de Mitch McConnell et qu’il se range temporairement du côté des démocrates.  

Le Sénat doit bientôt se prononcer pour déterminer s’il entendra de nouveaux témoins pendant le procès. Mitch McConnell s’y oppose et Donald Trump interdit toujours à sa garde rapprochée de témoigner. Malgré les consignes du président, au moins un ancien de l’administration a manifesté le désir de s’exprimer, John Bolton.  

Pour que le Sénat et l’ensemble de la population américaine puissent entendre des témoins des tractations entre l’administration Trump et les dirigeants ukrainiens, il faudrait compter sur des défections républicaines, et on avance que Susan Collins et Mitt Romney ont déjà approché leurs collègues républicains sur le sujet. À eux seuls, Collins et Romney ne peuvent inverser le cours des choses, il leur faudrait s’adjoindre au moins deux autres républicains. 

Si de nouveaux témoignages permettaient de préserver ne serait-ce qu’un peu le présumé caractère impartial de la procédure, rien ne dit qu’ils influenceraient ultimement le décompte des voix. Qui dit que John Bolton, par exemple, incriminerait son ancien patron?  

Si plusieurs démocrates voient ces nouveaux témoignages d’un bon œil, c’est qu’ils espèrent que de nouvelles informations dans le dossier ukrainien pourraient être exposées au public. Lev Parnas, ancien associé de Rudy Giuliani qui a été arrêté à la fin 2019, détiendrait des informations incriminantes qu’il a récemment accepté de partager avec les enquêteurs.   

Il faut noter au passage que ce ne sont pas tous les démocrates qui souhaitent que le procès au Sénat s’éternise. Pour beaucoup d’entre eux, la procédure de destitution fait déjà beaucoup trop d’ombre à la course à l’investiture et détourne inutilement l’attention. Le dernier débat avec les premiers votes se déroule ce soir et on aimerait s’assurer que les caucus et primaires du mois de février bénéficient d’une plus large couverture médiatique.  

B Y avec Internet

 

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