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Le sujet fait grand débat actuellement. Il s’agit de la poursuite des opérations d’enrôlement pour la délivrance des nouvelles cartes nationales d’identité (Cni) malgré les mesures barrières de lutte contre la propagation du covid-19 en Côte d’Ivoire.

Le samedi 18 avril dernier, le ministre de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation intervenait sur le plateau du journal télévisé (JT) de 20h pour trancher la polémique. Sidiki Diakité coupait tout net à toutes les spéculations : « Absolument, il faut poursuivre cette opération. L’Etat fait obligation à chaque Ivoirien de disposer de sa carte nationale d’identité. L’Etat a obligation de faire en sorte que chaque Ivoirien puisse disposer de sa pièce ».
Le premier responsable de l’Administration ivoirienne indiquait, à cet effet, que toutes les dispositions nécessaires ont été prises pour que les requérants puissent se faire recevoir dans les centres d’identification en toute sécurité contre le coronavirus.
Toutefois, en donnant des détails sur le dispositif mis en place pour accélérer l’opération, le ministre avoue qu’il y a eu une baisse d’affluence des demandeurs depuis la découverte des premiers cas de malades du covid-19 et la prise des mesures barrières en mi-mars. Ceci n’entamera tout de même pas l’optimisme sans réserve qu’il affiche. « Toutes les dispositions nécessaires pour que les objectifs fixés soient atteints ont été prises ».

Gageure. Ces objectifs, il faut le rappeler, c’est l’atteinte de 6,5 millions de Cni délivrées d’ici à fin juin, que s’était fixé le gouvernement depuis le lancement de l’opération en janvier dernier. Sur ce nombre envisagé par le gouvernement, le ministre Sidiki Diakité, dans le point qu’il a fait au Conseil des ministres du 15 avril dernier et dont son homologue de la Communication a rendu compte, affichait seulement 130.000 personnes déjà identifiées. Ceci, trois mois après le déploiement des équipes sur le terrain.

Au regard de ce chiffre c’est un pari difficile, pour ne pas dire quasi-impossible que veut atteindre le premier responsable de l’opération d’identification des Ivoiriens.

En effet, avec les mesures barrières à observer pour éviter la propagation du covid-19, il est évident que les centres d’enrôlement, même si les populations se mobilisaient, ne pourraient pas accueillir plus de monde. Mais, déjà, vu l’évolution sans cesse croissante du nombre des infectées du coronavirus n’inciterait pas beaucoup d’Ivoiriens confinés à se mobiliser dans les centres d’accueil dont le ministre annonce la multiplication sur le territoire.

Mieux, en évoquant les dispositions prises pour préserver les requérants contre tout risque de contamination au virus mortel, Sidiki Diakité soulignera, outre les mesures de distanciation, la limitation du nombre de personnes dans les centres, et surtout le nettoyage de toutes les surfaces de contact, de désinfection de toutes les surfaces des appareils avant et après le passage de chaque pétitionnaires. Une précaution très utile, mais qui va accentuer davantage la lenteur du process et minimiser le nombre de requérant à satisfaire par jour.

En somme, si en 3 mois, l’opération peine encore à atteindre 3% de sa cible, ce serait une véritable gageure pour le ministère de l’Administration du territoire de relever dans les deux mois à venir, en pleine crise du coronavirus avec les mesures de confinement, de couvre-feu et autres restrictions sociales en vigueur, le défi qu’il semble se lancer, soit plus de 97% de l’objectif restant à atteindre.

Plan B. En toute franchise, les efforts de démultiplication des kits et autres équipes mobiles annoncés ne pourront permettre au gouvernement d’enrôler en quelques semaines plus de 6,3 millions de requérants sur les 6,5 millions visés sur six mois en janvier dernier.

Non seulement le pari s’annonce difficile, voire intenable, mais il est très sensible pour le ministre et pour le gouvernement qui courent le risque d’un désaveu public à quelques mois des prochaines échéances présidentielles auxquelles la candidature du Premier ministre Amadou Gon Coulibaly est désormais officielle.

A la vérité, au regard du contexte actuel, et eu égard au délai qui court, il est impossible de délivrer des Cni à plus de six (6) millions d’Ivoiriens. Au lieu de se lancer ce défi, et vu les échéances électorales qui approchent, il serait judicieux que le gouvernement pense à un plan B. Lequel consisterait simplement à reconduire les Cni expirées et en expiration sur une période couvrant les élections en vue de laisser l’opération se dérouler naturellement en marge du processus électoral. Ainsi, ne seront obligés de se présenter dans les lieux d’identification que les nouveaux majeurs dont le nombre réduit permettra de respecter non seulement les mesures contre le covid-19, mais aussi de gagner en temps, en énergie et en moyens.

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