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La Côte d’Ivoire et le Maroc sont deux pays africains et francophones qui ont décidé de marcher main dans la main. Les relations marocaines-ivoiriennes datent de l’établissement de relations diplomatiques en 1962, mais sous le règne de Mohammed VI elles se sont renforcées et sont actuellement en pleine expansion. Le royaume chérifien est devenu l’un des premiers investisseurs étrangers de la Côte d’ivoire, dont il a fait une porte d’entrée pour sa stratégie d’expansion économique et commerciale en Afrique subsaharienne. Les relations ivoiro-marocaines connaissent un réchauffement depuis l’arrivée de Alassane Ouattara au pouvoir en 2011 en Côte d’Ivoire. De nombreuses entreprises marocaines sont présentes en Côte d’Ivoire dans la cimenterie, le BTP, les sociétés d’assurance, l’informatique et le commerce. En 2015, le groupe marocain Attijariwafa Bank, déjà majoritaire dans la Société ivoirienne de banque (SIB), a encore renforcé son contrôle, l’Etat ivoirien lui ayant cédé la quasi-totalité de sa participation dans la quatrième banque de Côte d’Ivoire. Lors du forum ivoiro-marocain tenu en février 2014 à Abidjan, clos avec la signature de 26 accords de coopération et de conventions de partenariat entre les deux pays, le souverain marocain a vanté un partenariat sud-sud. «L’Afrique doit faire confiance à l’Afrique. (…) Tous les défis ne peuvent être relevés que par la coopération », avait-il déclaré. Cette coopération entre le Maroc et la Côte d’Ivoire concerne plusieurs domaines, notamment les infrastructures, les logements sociaux, le tourisme, les ports, la pêche, l’agriculture, les finances, l’industrie pharmaceutique, les mines. Cet axe choisi s’inscrit également dans l’importance que Rabat accorde au développement des relations sud-sud, soit entre le Maroc et l’Afrique noire. De 80 millions de dollars en 2010, les échanges entre les deux pays sont passés à 120 millions en 2014 pour finalement s’établir à 200 millions en 2015, selon les chiffres officiels. Les échanges commerciaux entre le Maroc et la Côte d’Ivoire ont atteint 200 millions de dollars en 2015, en augmentation de 66% par rapport à l’année précédente, ont annoncé les autorités ivoiriennes.

Elles ont été marquées récemment par deux foires économiques accueillant des investisseurs et accompagnées d’une série de traités. La première, tenue à Abidjan en 2014, a abouti à 26 accords de coopération portant sur les infrastructures, les logements sociaux, les ports, la pêche, l’agriculture, les mines et les secteurs touristiques, financiers et pharmaceutiques. La seconde, à Marrakech en 2015, a vu la signature de seize accords en matière du commerce, de la sûreté, de la justice, des affaires islamiques, de l’enseignement, de la santé et de l’environnement. D’autres conventions de partenariat ont été conclues en dehors de ces sommets.

« Le Maroc est l’un des principaux partenaires commerciaux de la Côte d’Ivoire », a déclaré le ministre délégué auprès du Ministre de l’Industrie, du Commerce, de l’Investissement et de l’Economie Numérique chargé du Commerce Extérieur du Maroc, Mohamed Abbou, en visite à Abidjan. Le roi du Maroc Mohammed VI a effectué en juin 2015 sa troisième visite dans le pays depuis 2011.

Économie

Les échanges économiques entre les deux pays ont triplé entre 2009 et 2013. «Les échanges économiques et commerciaux entre le Maroc et la Côte d’Ivoire ont connu une évolution soutenue et se sont multipliés par trois entre 2009 et 2013», a affirmé le ministre de l’Economie et des Finances, Mohamed Boussaid. Des entreprises marocaines (surtout dans les secteurs financier, énergétique et immobilier) se sont installées sur les bords de la lagune Ebrié. Côte d’Ivoire, première puissance économique d’Afrique de l’Ouest francophone est « le sixième client et le deuxième fournisseur du Maroc », font savoir les autorités, en saluant une « coopération maroco-ivoirienne (qui) constitue désormais un modèle exemplaire de solidarité ». « Avec le Maroc et la Côte d’Ivoire, l’intégration sud-sud est en route », se réjouissait l’ancien ministre ivoirien du Commerce, Jean-Louis Billon, lors d’une cérémonie.

Enseignement

La formation est un élément central de la coopération des deux pays. De nos jours, le Maroc accueille 3000 étudiants ivoiriens dans ses hautes écoles, ainsi que des officiers ivoiriens dans le cadre de leur formation militaire.

Infrastructures

Les travaux de construction du pont Cocody-Plateau à Abidjan, mobilisant un financement à hauteur de 77,5 milliards de francs CFA, ont été confiés à la société publique marocaine Marchica Med. Cet ouvrage s’inscrit dans le cadre du Projet de sauvegarde et de valorisation de la Baie de Cocody et de la lagune Ebrie (PABC), initié par le Roi Mohammed VI du Maroc et le président ivoirien Alassane Ouattara.

 

Une diplomatie religieuse

 

Depuis son ouverture en 2015, l’Institut Mohammed VI accueille de jeunes musulmans du Maroc, de France et d’une dizaine de pays d’Afrique subsaharienne qui veulent devenir imams (guides religieux). La formation a été mise en place pour encadrer l’enseignement de l’islam et lutter contre les discours radicaux. Quelque 1300 hommes et femmes suivent ainsi le cursus de deux ou trois ans qui leur permettra de devenir officiellement imams, mourchidines (prédicateurs) ou mourchidates (prédicatrices). L’Institut a déjà formé 500 Maliens et accueille des élèves de Côte d’Ivoire, de Guinée et du Sénégal, conformément à des accords bilatéraux avec ces pays. Les aspirants imams étudient le Coran, la jurisprudence islamique et ont des cours sur le christianisme et le judaïsme pour « une vue globale sur les autres religions pour pouvoir cohabiter avec les autres communautés », explique le directeur Abdeslam Lazaar à l’AFP. Tous les étudiants sont pris en charge par le royaume et ont droit à une bourse mensuelle.

 

Bakayoko Youssouf

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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