« Je suis très heureux de vous accueillir à l’occasion de ce Sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement, organisé dans le cadre de la 15e Conférence des Parties à la Convention des Nations Unies sur la Lutte contre la Désertification ou COP 15.
Je souhaite à chacune et à chacun de vous la cordiale bienvenue en terre ivoirienne.
AKWABA !
J’exprime mes chaleureux remerciements à mes frères Chefs d’Etat, qui ont fait le déplacement d’Abidjan pour prendre part à ce rendez-vous hautement important pour l’avenir de notre continent. Chers frères, merci pour votre présence. Je suis particulièrement honoré de vous accueillir en Côte d’Ivoire.
Mes remerciements vont aussi à l’endroit des Chefs d’Etat qui participent à ce Sommet présidentiel en visioconférence.
Je voudrais saluer Monsieur Abdulla Shahid, Président de la 76e Session de l’Assemblée Générale des Nations Unies, Madame Amina Mohammed, Vice-Secrétaire Générale des Nations Unies et Monsieur Ibrahim Thiaw, Secrétaire Général de la Convention des Nations Unies sur la Lutte contre la Désertification, pour le remarquable travail d’alerte, de plaidoyer et de mobilisation réalisé par les Nations Unies, dépositaires de la Convention sur la désertification.
Excellences,
Mesdames et Messieurs,
Nos travaux se tiennent en amont de la COP 15, que la Côte d’Ivoire abrite à partir de ce lundi 9 mai jusqu’au 20 mai 2022. Ces travaux suscitent de grands espoirs au sein de nos populations qui attendent beaucoup de nous, notamment au regard du thème de cette COP 15 : « Terres. Vie. Patrimoine : d’un monde précaire vers un avenir prospère ».
En effet, selon les données disponibles :
– La dégradation des sols affecte 52% des terres agricoles, menaçant ainsi l’existence de 2,6 milliards de personnes qui dépendent directement de l’agriculture ;
– La désertification et la sécheresse causent la perte de 12 millions d’hectares chaque année ; soit près de 23 hectares par minute ;
– La dégradation des terres affecte directement 74% des personnes pauvres dans le monde ;
– Enfin, selon l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), le désert progresse de 5 km, chaque année, dans les zones semi-arides d’Afrique de l’Ouest.
Nos peuples fondent beaucoup d’espoir sur nous. Nous n’avons pas le droit de les décevoir. Agissons vite, agissons ensemble pour donner une nouvelle vie à nos terres !
A cet égard, je voudrais saluer le leadership de mon frère, le Président Muhammadu Buhari à la tête du projet de la Muraille verte, dont l’objectif est de restaurer 100 millions d’hectares de terres dégradées, en Afrique, sur une bande de 8000 km, au Sud du Sahara.
Excellences,
Mesdames et Messieurs,
Notre Sommet se tient dans un contexte d’urgence climatique qui impacte durement nos politiques de gestion des terres et exacerbe le phénomène de sécheresse. Il se tient également à un moment où nos économies sont fragilisées par les impacts de la COVID-19, et subissent, de plein fouet, les effets du drame qui se joue en Ukraine, avec son lot de hausses des prix des denrées alimentaires et de l’énergie.
Concernant mon pays, la Côte d’Ivoire, l’impact des phénomènes climatiques sur les terres se pose avec acuité. En effet, la désertification et la sécheresse touchent 60% du territoire national et 90% de sa partie septentrionale, et bouleversent profondément les secteurs de l’agriculture et de l’agro-industrie, socles de l’économie nationale. Ces fléaux constituent également une menace pour notre sécurité énergétique et sanitaire, et, à long terme, pour la paix. En effet, la désertification et la sécheresse sont sources de migration et de conflits intercommunautaires, en raison de la compétition autour des ressources naturelles en constante diminution.
Dans ces conditions, il est essentiel d’adopter des politiques qui soutiennent la résilience des populations, notamment les plus vulnérables. Il est également essentiel d’accélérer la mise en œuvre des décisions majeures de l’Accord de Paris sur le Climat.
A cet égard, je voudrais réitérer mon appel aux pays développés à réduire davantage leurs émissions de gaz à effet de serre, et à tenir l’engagement de mobiliser 100 milliards de dollars US par an, afin d’aider les pays en développement à réussir leur adaptation au changement climatique et leur transition énergétique.
Dans ce contexte, je voudrais féliciter le Fonds Monétaire International (FMI) pour la mise en place du Fonds Fiduciaire pour la Résilience et la Durabilité, en vue d’aider les pays vulnérables à faire face aux défis structurels qui présentent des risques macroéconomiques, tels que les changements climatiques et les pandémies. Sur cette base, je voudrais inviter les pays donateurs, dans un élan de solidarité internationale, à contribuer financièrement à ce Fonds Fiduciaire du FMI ainsi qu’au Fonds Vert Climat des Nations Unies et le Fonds pour l’Environnement Mondial.
Excellences,
Mesdames et Messieurs,
Notre Sommet doit être celui de l’espoir, de la mobilisation collective des États et des partenaires au développement, en faveur des initiatives de restauration des terres et de reconstitution du patrimoine forestier de nos pays. Nous devons utiliser toutes les ressources de nos Conventions pour répondre aux besoins alimentaires et faire face au stress hydrique, toujours croissants, d’une population mondiale en constante augmentation, qui atteindra 9,7 milliards d’individus, en 2050. Cet accroissement de la population, notamment en Afrique, exercera une pression additionnelle sur les ressources naturelles telles que les terres, les forêts et les sources d’eau.
Dans ce contexte, je me réjouis de la mobilisation exceptionnelle des Etats parties, des communautés économiques régionales africaines et de l’Union Africaine autour des objectifs et des ambitions portés par notre Convention. Toutefois, il faut aujourd’hui aller plus loin et mobiliser de nouveaux partenaires, à savoir les entreprises du secteur privé, impliquées dans les chaînes de valeur des produits agricoles. En effet, selon des études réalisées par la Convention des Nations Unies sur la Lutte contre la Désertification, chaque dollar investi dans la restauration des terres peut générer entre 7 et 30 dollars américains.
Ainsi, pour le secteur privé, investir dans la restauration des écosystèmes est une opération gagnante. C’est en cela que j’ai convié à notre Sommet, certains grands groupes privés présents en Côte d’Ivoire, afin de les inciter à investir dans la restauration des écosystèmes. Je voudrais d’ailleurs les remercier, ici, pour leur présence.
En Côte d’Ivoire, la superficie forestière qui représentait 16 millions d’hectares dans les années 1900, n’était plus que de 2,9 millions d’hectares en 2021. Au rythme actuel, celle-ci pourrait disparaitre entièrement à l’horizon 2050, si rien n’est fait.
Face à ce défi majeur, une nouvelle Politique forestière, ainsi que sa stratégie de mise en œuvre, ont été adoptées en vue du recouvrement de 3 millions d’hectares de forêt à l’horizon 2030, pour un montant de 616 milliards de francs CFA ; soit environ 1,1 milliard de dollar américain. Cette stratégie fait la promotion de l’agroforesterie et fait appel au secteur privé pour la reconstitution du couvert forestier.
Excellences,
Mesdames et Messieurs,
En réponse aux défis de la sécheresse et de la restauration des terres, mon pays a élaboré un important programme, dénommé « L’Initiative d’Abidjan » ou « Abidjan Legacy Program ». Ce programme, dont la vocation est de permettre à la Côte d’Ivoire d’intégrer dans ses stratégies de développement, les approches de gestion durable des sols et de restauration de nos écosystèmes forestiers fortement dégradés, nécessitera, pour sa mise en œuvre, la mobilisation de 1,5 milliard de dollar US, au cours des cinq (5) prochaines années. Je porte personnellement cette initiative que nous lancerons au cours de notre Sommet, avec l’espoir qu’elle inspirera d’autres pays, en Afrique et dans le reste du monde.
Le Premier Ministre et le Gouvernement sont totalement engagés à soutenir cette initiative.
Excellences,
Mesdames et Messieurs,
Pour terminer, je voudrais vous réitérer mes remerciements pour votre présence et je déclare ouvert, le Sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement sur le thème « Sécheresse et Restauration des Terres, dans le cadre de la 15e Session de la Conférence des Parties à la Convention des Nations Unies sur la Lutte contre la Désertification ».
Je souhaite à chacune et à chacun de vous un bon séjour en terre ivoirienne.
Je vous remercie ».