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Elle a inondé ce mardi 6 juillet 2021 la toile avec son texte qui a pris l’allure d’un aggiornamento politique. Simone Gbagbo a décidé de voler haut au-dessus du dossier de divorce la concernant avec son époux Laurent Gbagbo qui, semble-t-il, ne veut plus d’elle. A en juger par les remerciements qu’elle adresse à tous ceux qui ont concouru au retour le 17 juin dernier au bercail de son Laurent «après 10 ans loin des siens et de son peuple».

Si le concerné lui-même ne le fait pas, elle prend les devants. «Je bénis le nom de l’Eternel qui, jour après jour, a su le couvrir de son assistance et l’a délivré de ses ennemis qui étaient plus forts que lui. Par Sa main forte et puissante, Dieu nous l’a ramené vivant. Il mérite que nous fassions monter vers Lui, nos actions de grâce.

Chers frères et chères sœurs, le Président Laurent Gbagbo est enfin parmi nous. Tout comme moi, vous avez été nombreux à lui réserver un accueil très chaleureux. Je vous en remercie et vous en suis très reconnaissante», écrit-elle. Là où Laurent Gbagbo, dès son arrivée, a ouvert des fronts de tension dans sa famille biologique et son camp politique et avec les autorités ivoiriennes : le comportement de répulsion à l’égard de son épouse lors de son accueil à l’aéroport et 3 jours après l’annonce du divorce d’avec Simone, en dépit des 32 ans de vie de couple, les bouderies à l’endroit d’un camarade de parti comme Affi N’Guessan, aujourd’hui président du Front populaire ivoirien (FPI). Et dire que depuis le 17 juin, malgré les tractions entre le FPI-GOR et le gouvernement, Laurent Gbagbo n’a adressé aucun mot au pouvoir d’Abidjan. Qu’à cela ne tienne. Simone Gbagbo est en train de montrer à la face du monde qu’elle fait partie du cercle très restreint de ceux qui tracent le canevas politique au FPI. Elle lui parle un langage politique là où Gbagbo parle d’affaires de jupons. «Notre vision commune d’une nation forte et souveraine, d’une nation réconciliée, moderne, prospère et ouverte, d’une nation remplie de justice et d’équité, le Président Laurent Gbagbo l’a porté avec un brio inégalé encore aujourd’hui. Ce retour, a aussi été le fruit de l’accord du chef de l’Etat, M. Alassane Ouattara, de voir le Président Laurent Gbagbo, rentrer dans son pays. Je lui dis infiniment merci pour cela.» En décidant de prendre cette posture, l’ex-Première, qu’on l’aime ou pas, montre que la politique est la saine appréciation des choses du moment. En la matière, elle préfère rendre à Ouattara ce qui est à Ouattara et aux partisans de Laurent Gbagbo ce qui est aux partisans de Laurent Gbagbo. Cette reconnaissance, cette prise de hauteur de sa part montre que le dossier du divorce pendant devant le juge matrimonial ne l’affecte pas publiquement. Elle est dans la politique. Et surtout la haute politique: «Et je viens encore une fois, plaider pour qu’il continue à poser ces actes forts d’apaisement et de réconciliation que tout le peuple de Côte d’Ivoire attend. Notamment: Faire revenir au pays, Charles Blé Goudé et tous les nombreux fils et filles de la Côte d’Ivoire, encore en exil ; Libérer les prisonniers civils et militaires de la crise postélectorale qui continuent de purger leurs lourdes peines ; Libérer les nombreux prisonniers de la dernière crise politique dite  » du troisième mandat ».»

Le couple Gbagbo est peut-être au bord de l’implosion, mais Simone Gbagbo ne veut en laisser transparaître aucun signe. Elle laisse le soin à l’autre partie de le faire. Elle l’invite à se montrer à la hauteur du défi politique. Et sur le coup, elle semble avoir une longueur d’avance son presqu’ancien mari. «Au-delà de l’affection, de l’amitié, de l’amour et même, de l’attachement que tous nous portons à la personne du Président Laurent Gbagbo, nous ne devons jamais oublier que la grande aspiration du peuple, est de voir notre pays la Côte d’Ivoire, sortir définitivement de ses contradictions internes, de ses difficultés et de ses limitations. Ce peuple rêve d’une nation véritablement réconciliée, développée, modernisée », préconise l’ex-députée d’Abobo.

Pour elle, le terrain politique les unit, pour peu qu’il en comprenne les enjeux actuels. «La profonde espérance que cette vision a su lever en nous, perdure encore et ne veut, ni ne peut s’éteindre», martèle-t-elle.

Selon elle, «aujourd’hui, le temps est favorable pour la manifestation de l’Amour avec grand A envers tous les concitoyens, peu importe leur ethnie, leur religion ou obédience politique. Le temps n’est plus aux imprécations ! Ne donnons donc aucune place à l’amertume, à la rancune, à la douleur, à la déception et à la colère. Levons-nous plutôt et avançons nos yeux fixés sur la vision». Avant de réveiller un pan messianique qui a couvert la fin de leur règne en 2010. «Dieu veille, Il dirige tout, Il conduit tout. Ne quittons pas notre place, restons calme et gardons notre sang froid. L’essentiel est encore à venir», formule-t-elle. Simone Gbagbo rappelle à Laurent Gbagbo, entre deux mots, qu’elle a une côte qui dépasse les frontières. Une donne qui peut peser dans la balance…politique.

«Je voudrais enfin, saisir l’opportunité de cette adresse pour vous exprimer toute ma joie, ma gratitude et ma reconnaissance pour l’attachement que vous avez manifesté à ma personne à l’occasion de la célébration de mon dernier anniversaire. J’ai été célébrée en Côte d’Ivoire, dans plusieurs pays africains, en France, en Angleterre, au Canada, pour ne citer que ces places. Des plateaux télés m’ont même été consacrés. Plusieurs vœux m’ont été transmis par des internautes sur les réseaux sociaux. Pour toutes vos marques d’attention et d’affection, je vous dis merci du fond du cœur», souligne-t-elle.

Simone Gbagbo a parlé fort…le langage politique à Laurent Gbagbo.  Va-t-il en capter toute la subtilité ? Pourra-t-il, garder le cap, les yeux rivés sur la vision ? Les jours à venir nous le diront.

Stéphane Badobré

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