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Il me souvient que c’est en cours d’histoire en Terminale au lycée que notre professeur nous parlait, dans les années 90, pour la première fois, de la crise du Sahara Occidental. Nous apprenions que tout avait commencé en 1975 après la fin de l’occupation espagnole, avec un conflit opposant le Maroc au Front Polisario qui s’est poursuivi jusqu’à l’année 1991, date de la signature d’un accord de cessez-le-feu sous l’égide de l’ONU. Un sujet très lointain pour nous autres jeunes sub-sahariens à l’époque. Une fois dans la vie active, le métier nous a donné l’opportunité de toucher du doigt cette situation. En 2007, à l’occasion d’un voyage au Maroc, justement dans ces territoires du Sud (Dakhla, Laâyoun…), nous avons eu des interviews avec des sachants, discuté avec des natifs… pour mieux comprendre ce que l’on nous avait enseigné à l’école. Quelques semaines après mon retour au bercail, quelle ne fut ma surprise de recevoir par voie postale un exemplaire du livre écrit par Mohamed Cherkaoui sur le sujet, intitulé : ‘’Le Sahara, liens sociaux et enjeux géostratégiques’’ éd. « The Bardwell Press » (Royaume-Uni). Ma fierté était liée à cette note écrite par l’auteur, directeur de recherche du Centre national de la recherche scientifique (Paris), qui accompagnait le document. «Connaissant l’intérêt que vous portez aux problèmes que soulèvent le Sahara et ses enjeux géopolitiques qui dépassent le seul cadre des relations maghrébines, je suis heureux de vous envoyer un exemplaire de l’ouvrage que je viens de faire paraître à ce sujet. Je crois qu’il apporte des données inédites et offre un éclairage nouveau des multiples questions qui s’y attachent». Au fil de la lecture de ce livre, j’ai surtout compris comme l’a dit l’auteur dans un autre cadre que la question du Sahara ne peut pas être comprise si on ne la replace pas dans son contexte régional et surtout si on ne prend pas en considération la politique des dirigeants algériens. En introduction on peut lire : «A nos serviteurs très gracieux (…) Et ensuite, est parvenu à Notre connaissance chérifienne ce qui s’est passé à Ain-Salah, l’arrivée de certains de la Province algérienne, leur intrusion violente au milieu des habitants, leur agression opérée au mépris de l’état de paix, des traités et des conventions qui lient les deux gouvernements, sans considération pour ce qui a été tracé d’un commun accord dans les règlements portant délimitation des frontières, sans justification possible même par excuse de flux et de reflux, puisque les gens de la localité leur avaient notifié être de la sujétion de Notre Personne élevée par Dieu, et faire partie de Notre empire fortuné…» Le chercheur a convoqué ici le message cité par le capitaine Martin (1923) que le roi du Maroc, Moulay Abdelaziz, avait adressé le 15 mars 1900 aux habitants de Touat, ses sujets. Un antécédent vieux de plus d’un siècle. Le dernier grand fait qui a envenimé le conflit, c’est l’affrontement entre les forces marocaines et algériennes dans la région entre fin 1975 et début 1976, faisant des dizaines de milliers de réfugiés en Algérie. Les choses ont véritablement piétiné depuis 1991, date de la signature du cessez-le-feu. Plusieurs interlocuteurs en 2007 ont montré leur adhésion au plan d’autonomie proposé par leur Roi. Ce à quoi est opposé le Front Polisario, qui exige un référendum d’autodétermination avec le soutien d’Alger. On constate que sur la résolution de ce sujet qui empoisonne inutilement les relations entre le Maroc et l’Algérie, l’ONU, avec ses différents secrétaires généraux depuis 1975, à travers des dizaines de résolutions, s’est toujours cassé les dents. Pour preuve, le statut final du Sahara occidental, qui figure toujours sur la liste des «territoires non autonomes» de l’ONU, reste à déterminer. Et les propos du patron sortant des Nations unies, Ban Ki-moon, le 6 mars dernier, parlant d’ «occupation» après une visite dans les camps de Tindouf, ne donnent aucun gage de la capacité de l’ONU à trouver une solution constructive. C’est pourquoi, il faut saluer l’option du roi Mohammed VI d’apporter le développement à ses sujets de cette zone. Au moment où on veut distraire le peuple de l’essentiel. Une série de projets de développement des provinces du Sud sont en train d’ancrer (si ce n’est déjà fait) le territoire contesté dans la stratégie africaine du Maroc: une voie express régionale traversant le Sahara, de Tiznit à Dakhla, un aéroport à vocation africaine, un grand port atlantique à Dakhla…pour plus de 3 milliards de dollars. Les populations qui font corps avec le Maroc ne demandent que le développement. C’est la réponse du Roi Mohammed VI.

Bakayoko Youssouf

 

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