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DETROIT, MICHIGAN - JULY 30: Democratic presidential candidates Marianne Williamson, (L-R), Rep. Tim Ryan (D-OH), Sen. Amy Klobuchar (D-MN), Indiana Mayor Pete Buttigieg, Sen. Bernie Sanders (I-VT), Sen. Elizabeth Warren (D-MA), former Texas congressman Beto O'Rourke, former Colorado governor John Hickenlooper, former Maryland congressman John Delaney, and Montana Gov. Steve Bullock take the stage at the beginning of the Democratic Presidential Debate at the Fox Theatre July 30, 2019 in Detroit, Michigan. 20 Democratic presidential candidates were split into two groups of 10 to take part in the debate sponsored by CNN held over two nights at Detroits Fox Theatre. Justin Sullivan/Getty Images/AFP

Aux États-Unis, l’élection présidentielle est organisée tous les quatre ans. Le président des États-Unis est élu au suffrage indirect par des grands électeurs élus au suffrage universel direct. Le Parti démocrate et le Parti républicain désignent leur candidat par un processus de caucus et d’élections primaires.

Comment s’expliquent les spécificités de la procédure électorale aux États-Unis ?

C’est la Constitution américaine de 1787 qui, en même temps qu’elle définit les pouvoirs du Président, fixe son mode de désignation. L’élection présidentielle est une élection à deux degrés : le Président des États-Unis n’est pas élu au suffrage universel direct, il l’est par un collège de grands électeurs (presidential electors).

Ce corps intermédiaire indépendant est un héritage de l’histoire américaine. Pour les Constituants américains, les États-Unis étaient une République avant d’être une démocratie. À l’origine, l’élection du Président était confiée aux citoyens les plus éclairés et les plus vertueux : les grands électeurs. Ce système a perduré en dépit d’une évolution profonde de la société américaine. 

La désignation des grands électeurs relève de la compétence exclusive de chaque État fédéré qui en fixe les règles. Il en découle un système complexe et qui se déroule en plusieurs étapes : des délégués à l’échelon local sont tout d’abord désignés par les électeurs au cours de « caucus » ou d’élections primaires.

En quoi consiste le système de caucus et de primaires?

Des caucus ou des élections primaires sont organisées dans chaque État pour désigner des délégués qui voteront ensuite pour le candidat du parti.

En vigueur dans une dizaine d’États, le caucus est un comité électoral qui rassemble les militants politiques d’un parti pour désigner des délégués. Dans le cadre d’un système de caucus en plusieurs étapes, les militants locaux (c’est-à-dire à l’échelle d’un bureau de vote) choisissent, au cours de petites assemblées électorales, les délégués qui les représenteront dans les réunions au niveau du comté, puis du district. Ces réunions permettent à leur tour de désigner les délégués qui seront envoyés à la convention nationale du parti. Le premier caucus (traditionnellement celui de l’Iowa) a eu lieu le 3 février 2020.

Organisées dans une quarantaine d’États, les primaires constituent l’autre mode de sélection des délégués qui participent aux conventions nationales. Il existe deux sortes de primaires :

  • les primaires ouvertes auxquelles chaque citoyen, quelle que soit son appartenance politique, peut participer. Un électeur inscrit sur la liste d’un parti peut ainsi participer à la désignation du candidat d’une autre formation ;
  • les primaires fermées auxquelles seuls peuvent voter les électeurs inscrits sur la liste du parti. Dans le respect de la tradition, c’est l’État du New Hampshire qui a ouvert la série des primaires, le 11 février 2020. 

Quel est le rôle des conventions nationales ? 

Au terme des caucus et des primaires qui permettent de désigner les délégués, chacun des partis organise durant l’été qui précède l’élection présidentielle une convention nationale. La convention nationale est à la fois le dernier acte d’une campagne interne au parti et le coup d’envoi de la véritable bataille pour l’élection. 

C’est au cours de ces conventions que les délégués investissent officiellement leur candidat à la présidence et à la vice-présidence (le « ticket »). Le choix du vice-président obéit à deux critères : il est représentatif d’une autre tendance du parti et d’une autre région que le candidat à la présidence. Par ailleurs, c’est au cours des conventions nationales que les délégués votent le programme (platform) de leur parti.

En 2020, le président sortant Donald Trump, très populaire dans son camp, devrait être désigné candidat du Parti républicain lors de la convention du Parti républicain qui se rassemblera du 24 au 27 août et qui ne devrait être qu’une formalité. Quant au Parti démocrate, sa convention nationale devait départager Joe Biden et Bernie Sanders. Initialement prévue du 13 au 16 juillet à Milwaukee dans le Wisconsin, la convention démocrate a d’abord été reportée au 17 août en raison de l’épidémie de COVID-19. Le 8 avril, Bernie Sanders a annoncé qu’il se retirait de la course à l’investiture. Joe Biden est désormais le seul candidat en lice.

Dernière étape de la course à la Maison-Blanche, le président et le vice-président seront élus le 3 novembre 2020 pour quatre ans par le collège des grands électeurs au suffrage universel indirect. Les États-Unis étant une fédération, on ne décompte pas les voix au niveau national (comme c’est le cas en France), mais au niveau de chaque État fédéré. Chaque État a droit à autant de grands électeurs qu’il a de représentants au Congrès (soit un total de 538 délégués). 

Tous les États n’ont pas le même poids dans le collège des grands électeurs : les voix de la Californie (55 votes) comptent plus que celles réunies des treize États les moins peuplés. Des États comme le Texas (38 votes), New York (29), la Floride (29) ou l’Illinois (20) pèsent particulièrement lourd dans le résultat.

Les 538 grands électeurs désignés au suffrage universel direct (dans chaque État, le « ticket » gagnant à la majorité relative obtient la totalité des grands électeurs) sont chargés d’élire le président. Leur mandat étant quasi impératif, dès l’instant où l’ensemble du collège est élu (le 3 novembre 2020), on connaît le nom du futur président. Son élection « officielle » n’a pourtant lieu qu’en décembre. Sa prise de fonction pour un mandat de quatre ans intervient le 20 janvier 2021.

À noter que le collège des grands électeurs n’existe qu’à l’occasion de la fonction qu’il est appelé à remplir et uniquement pour celle-ci. Pour les Constituants américains, le caractère éphémère de ce collège et la décentralisation de ses activités au niveau de chaque État apparaissaient comme autant de garanties empêchant de possibles déviations, notamment la confiscation du pouvoir par un groupe d’individus ou par un État. 

 

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