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Il est vrai que je ne milite plus au FPI depuis le mois de mai 2021. Ce parti où, en deux décennies, j’ai gravi, étape par étape, différents échelons, de militant de base à vice-président, en passant par Directeur Départemental de Campagne (DDC) de Laurent Gbagbo.
C’est dire si je connais intimement ce parti de l’intérieur, ses principaux animateurs, sa doctrine, son projet de société et même ses différents programmes de gouvernement, pour avoir activement contribué à leur rédaction.
Si après avoir durement et pendant longtemps combattu le RDR/RHDP et qu’aujourd’hui je plaide pour un rapprochement entre le FPI et le RHDP c’est principalement parce que j’ai l’intime conviction que cet attelage que d’aucun pourrait qualifier « d’inédit » est le chaînon manquant pour propulser la Côte d’Ivoire au firmament.
En effet, il y a eu le Front Républicain entre le FPI version Gbagbo et le RDR. Cette alliance non idéologique avait pour but ultime de faire chuter le régime PDCI, version Bedié. Cette alliance opportuniste a certes permis de bouter le PDCI hors du pouvoir mais elle n’a pas survécue, en aval, au partage du « gâteau » une fois l’adversaire écroulé. Elle aura duré le temps d’un pet de moustique, de 1994 à 2000.
Viendra ensuite l’alliance de fait entre les Forces Nouvelles (FN) de Soro Guillaume et le RDR, suivie par celle du PDCI – RDR. Ces alliances, tout comme celle du Front Républicain, étaient muent par un seul dessein ; éjecter du pouvoir les Frontistes, menés par Gbagbo Laurent, le candidat auto proclamé « l’homme de la situation » et « candidat des ivoiriens » contre Ouattara qu’il désignera comme celui de l’étranger. Une fois le régime de la refondation expulsé du pouvoir, l’alliance RHDP fera flop et volera en éclat avec le départ de Bedié, Soro and co. N’est-il pas dit que « le fauteuil présidentiel n’est pas un banc ».
Comme on peut le constater, ces alliances contre nature, dépourvues d’un programme de société et de gouvernement commun, mais essentiellement portées par l’intérêt immédiat de l’éviction du pouvoir d’un adversaire politique ont tous fait chou blanc. C’est pourtant ce même type d’alliance que le PDCI et le PPA-CI à travers l’ex EDS ont noué sachant intimement les uns les autres qu’en dehors de la rancune et de la rancoeur qu’ils nourrissent pour Ouattara, et qui les unit, ils n’ont idéologiquement, historiquement, culturellement et stratégiquement rien en commun.
Notre pays mérite mieux que ces alliances “quitte toi que je m’y mette ». C’est la raison pour laquelle je plaide pour une nouvelle et vraie alliance entre le FPI version PASCAL AFFI N’GUESSAN (débarrassé des xénophobes et tribalistes qui y pullulaient) et le RHDP.
Mais avant, il serait judicieux qu’à l’occasion du prochain congrès du FPI qui aura lieu le 13 novembre prochain, ce parti se positionne comme un parti centriste et non plus comme un parti uniquement de gauche. Au sein de ce parti centriste il pourrait y avoir des courants de gauche et de droite.
Une fois cette étape du repositionnement actée, alors une authentique alliance idéologique, basée sur un programme minimum de gouvernement, centré sur le développement inclusif et prioritaire de la Côte d’Ivoire devrait être scellée. Celle-ci serait porteuse d’espérance et serait de nature à faire éclore une nouvelle offre politique à nos concitoyens, qui en réalité souhaitent s’émanciper des rodéos politiques opportunistes et contre-productifs qui depuis une trentaine d’années les maintiennent dans l’obscurantisme.
Il est indéniable que les présidents Affi et Ouattara ont en commun un profond amour pour la Côte d’Ivoire. Mais au delà, perfectionnistes, ils chérissent pour dessus tout l’amour du travail bien fait. Sachons qu’on ne peut pas faire du neuf avec du vieux, ils promeuvent l’éclosion d’une nouvelle génération dans leur parti politique respectif.
Assurément, cette nouvelle alliance et offre politique, non populiste et kpatafricaniste que j’appelle de tous mes vœux est le véritable chaînon manquant pour faire de la Côte d’Ivoire une réelle puissance économique dans la sous région ouest africaine. Cette offre politique qui ne sera pas bâtie sur l’exaltation des haines et du tribalisme devrait réconcilier les ivoiriens avec le vivre ensemble fécond et faire de la méritocratie et de l’excellence le levier de notre croissance économique et de la cohésion sociale tant attendue.

Par Jean Bonin KOUADIO

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