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Un «gilet jaune», un drapeau français à la main, au milieu de gaz lacrymogène sur l'avenue des Champs-Élysées, près de l'Arc de Triomphe à Paris, le 8 décembre 2018..

« Yellow vests » en anglais, « Gelbwesten » en allemand ou encore « chalecos amarillos » en espagnol : les quotidiens du monde couvrent le mouvement des gilets jaunes et n’hésitent pas à parler de « révolution ».

« L’excès jaune », titre Die Welt. Ce journal conservateur allemand estime qu’en France, « un souffle de révolution flotte dans l’air » et regrette que « le président affaibli se mure dans un silence angoissé ».

Le Soir belge parle de Paris comme d’une ville en « quasi-état de siège » mais temporise : « Les violences dans la capitale sont sans commune mesure avec les scènes de guérilla urbaine de la semaine précédente qui avaient stupéfié dans le monde entier ».

Le New York Times fait le même constat : « L’énorme présence policière dans la capitale semblait bien plus en mesure de contenir la violence ». Une photo des « gilets jaunes » sur les Champs-Elysées faisait ce 9 décembre la Une du quotidien américain, qui consacrait une pleine page aux événement de samedi 8 décembre.

En Espagne, les « chalecos amarillos » sont à la Une des trois quotidiens les plus lus : El PaisEl Mundo et ABC. En couverture d’El País, on voit la photo d’un gilet jaune le visage en sang. Sur son site, le journal souligne que « la crise des gilets jaunes sape l’autorité du président français ».

« Quelle sera la prochaine étape pour Emmanuel Macron ? » se demande le correspondant de la BBC britannique : « Donnera-t-il aux manifestants ce qu’ils attendent de lui, c’est-à-dire plus d’argent dans leurs poches ? »

En Allemagne aussi, le mouvement des « gilets jaunes » soulève aussi beaucoup de questions. « Pour un journal conservateur comme Die Welt, il devient de plus en plus clair que ce mouvement est un mouvement réactionnaire contre le capitalisme, la mondialisation et la démocratie libérale, explique le correspondant à Paris du Tagespiegel Albrecht Meier. Par contre, sur le site web du Spiegel, on peut lire que les manifestations s’inscrivent dans la tradition des révoltes éruptives de 1968 et même de la révolution française et l’Allemagne et toute l’Europe de l’ouest doivent prendre au sérieux ces manifestations parce que les gilets jaunes expriment un malaise des classes moyennes et inférieures vis-à-vis du capitalisme mondialisé ».

Etats-Unis: un mouvement qui intrigue

Aux Etats-Unis, la situation est scrutée depuis plusieurs semaines, et fait même régulièrement les gros titres ces derniers jours, aussi bien à la télévision que dans la presse écrite, explique notre correspondant à New York, Grégoire Pourtier. Les médias américains couvrent très largement les « yellow vests » qui ne cessent d’intriguer.

Ce week-end, le Washington Post faisait le constat que ce qui avait commencé comme une dénonciation de la taxe carbone était désormais d’une autre ampleur, « une révolte de la classe ouvrière contre Emmanuel Macron », et particulièrement contre sa personnalité.

A la télévision, chaînes d’information et réseaux généralistes accordent aussi une place importante aux événements, faisant souvent tourner en boucle les images de violence, plus attractives que les débats de fond.

Ainsi, de même que Donald Trump tweete pour se réjouir ouvertement d’une crise qu’il attribue à l’Accord de Paris sur le climat, la chaîne conservatrice Fox News ne cache pas son excitation face à ce qu’elle qualifie, comme d’autres, de « chaos ».

Parlant de « zone de guerre », un présentateur semblait ravi de voir « le peuple français » rejeter Emmanuel Macron, qui aurait mieux fait, selon lui, de prendre exemple sur le nationalisme de Donald Trump, qui serait si populaire et si efficient.

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