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La répression se poursuit contre les manifestants qui s’opposent à l’élection, frauduleuse selon eux, d’Alexandre Loukachenko, autocrate qui règne sur le pays depuis plus d’un quart de siècle. Le ministère biélorusse de l’intérieur a annoncé, jeudi 13 août, l’arrestation de quelque 700 manifestants de plus la veille, quatrième jour d’une contestation violemment réprimée, faisant deux morts.

Au moins 6 700 personnes ont été interpellées depuis le 9 août et l’annonce du résultat de l’élection présidentielle, qui a offert un sixième triomphe à Loukachenko avec 80,23 % des suffrages. Pour ses partisans, c’est une novice en politique, Svetlana Tikhanovskaïa, qui a gagné, après une campagne qui a suscité une ferveur jamais vue dans l’ex-République soviétique. Cette modeste femme au foyer, qui s’était présentée pour remplacer son mari emprisonné, a dû fuir le pays mardi après avoir été menacée par les autorités. Le ministère biélorusse de l’intérieur a estimé que la contestation faiblissait « mais le niveau d’agressivité à l’égard des forces de l’ordre reste élevé », relevant que 103 policiers avaient été blessés, dont 28 sont hospitalisés. Aucun bilan détaillé n’a été publié concernant les manifestants contre lesquels balles en caoutchouc, matraques et grenades sonores sont utilisées sans retenue. Mercredi soir, les autorités biélorusses ont confirmé la mort d’une personne en détention, arrêtée durant la contestation, un décès qui s’ajoute à celui d’un manifestant lundi. Elles ont aussi reconnu un incident au cours duquel des balles réelles ont été tirées mardi, blessant une personne à Brest, dans l’ouest du pays. 

Des célébrités prennent position
Des nouvelles manifestations s’organisaient néanmoins jeudi pour dénoncer la victoire de l’homme à poigne de Biélorussie. Dans la matinée, dans plusieurs villes du pays et notamment à Minsk, des dizaines de personnes sortaient pour le deuxième jour consécutif en ordre dispersé pour constituer d’éphémères chaînes humaines pacifiques, fleurs à la main, une forme de contestation qui a été moins violemment réprimée que les manifestations nocturnes.

A Minsk, ces foules, fleurs ou ballons blancs à la main, soutenues par les klaxons d’automobilistes, se sont rassemblées en chaînes longues de dizaines ou de centaines de personnes suivant les endroits, en bas d’entreprises, le long d’avenues ou autour de stations de métro. Ces chaînes sont majoritairement constituées de femmes, vêtues le plus souvent de blanc.

Des célébrités locales ont ces derniers jours multiplié les critiques à l’égard des autorités. La quadruple championne olympique de biathlon Darya Domracheva s’est adressée sur son compte Instagram aux « dirigeants des forces antiémeutes : ARRETEZ LA VIOLENCE ! Ne permettez pas que l’horreur se poursuive dans les rues ». Plus tard, elle a publié un deuxième message appelant « les deux parties » au calme. L’écrivaine Svetlana Alexievitch, seule Biélorusse distinguée par un prix Nobel, a accusé, mercredi, le président Alexandre Loukachenko d’entraîner son pays vers « la guerre civile ». Les Etats-Unis et l’UE ont dénoncé les fraudes électorales et la répression, les Européens menaçant Minsk de sanctions. L’Ukraine voisine a pour sa part appelé ses ressortissants à éviter de se rendre en Biélorussie, et réclamé la libération « immédiate » de deux défenseurs ukrainiens des droits de l’homme qui ont été incarcérés.

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