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Comment l’Afrique peut-elle tirer parti de l’élan de solidarité observé durant la pandémie de coronavirus pour atteindre les objectifs de développement du continent, dans le monde dit de « l’après Covid-19 » ?

Cette question était au centre des discussions lors d’un webinaire organisé le 26 mai par le Conseil économique, social et culturel de l’Union africaine (UA-ECOSOCC) et la Division de la société civile et de l’engagement communautaire de la Banque africaine de développement, à l’occasion de la Journée de l’Afrique 2020.

Le chanteur et homme politique sénégalais, Youssou N’Dour, le ministre zambien de la Santé, Chitalu Chilufya, et la vice-présidente de la Banque africaine de développement, Jennifer Blanke, étaient les principales figures de cette session extraordinaire. Organisé dans le cadre d’une série de webinaires de sensibilisation au Covid-19 (lancée en avril pour informer les Africains sur les mesures qui s’imposent face à la pandémie et les responsabiliser), le forum en ligne a attiré des centaines de participants issus du monde politique, de la société civile et du développement, qui se sont connectés depuis le continent africain et aussi depuis l’Amérique du Nord, Israël, l’Europe, le Moyen-Orient, l’Asie et l’Australie.

Lors de cette session, le ministre de la Santé de la Zambie a évoqué la nécessité d’une bonne coordination entre toutes les parties prenantes afin d’atténuer l’impact du virus sur la santé des Africains et assurer un avenir économique meilleur.

« Une population en meilleure santé est plus productive et contribuera au progrès financier des pays. Il est aujourd’hui impératif d’investir dans le capital humain. Pour cela, la Zambie a adopté une approche multidimensionnelle qui englobe tous les secteurs : les organisations de la société civile, les organisations gouvernementales, les partis politiques, les universités, les groupes de médias, les chefs religieux, les membres de la population, tous jouent un rôle dans la pérennisation d’un pays », a déclaré Chitalu Chilufya aux participants.

Mme Jennifer Blanke, vice-présidente de la Banque africaine de développement chargée de l’Agriculture et du développement humain et social, a averti que la crise causée par la pandémie risquait d’exacerber les inégalités sur le continent dans l’éducation, la santé et l’emploi. Elle a souligné qu’il était important de travailler ensemble après la crise, en se focalisant sur les jeunes et les femmes.

« Nous devons apprendre à exploiter le talent africain. Beaucoup d’Africaines ont de bonnes idées mais ne parviennent pas à obtenir de financement. La Banque africaine de développement dispose d’un programme qui aide les femmes entrepreneures de talent à concrétiser leur projet d’entreprise », a-t-elle affirmé.

« Les jeunes sont aussi une véritable force de progrès pour l’Afrique, qui transforme en opportunités économiques les problématiques qui surgissent. Ils savent comment utiliser la technologie pour aider le continent à faire un bond en avant et offrir de meilleurs services. Tout comme les services bancaires mobiles ont permis de résoudre le problème de l’absence d’agences bancaires, il est possible de venir à bout de la pénurie de médecins dans de nombreuses zones grâce à la télémédecine et à différentes solutions », a ajouté Mme Jennifer Blanke.

Thomas Kwesi Quartey, vice-président de la Commission de l’Union africaine, a également plaidé pour une solidarité renforcée, mettant l’accent sur les jeunes et les femmes dans la lutte contre le Covid-19. « Dans ces moments-là, la solidarité est plus importante que jamais. Pour reprendre Kwame Nkrumah, les forces qui nous unissent en tant qu’Africains sont, de plus en plus, supérieures aux forces qui nous séparent », a-t-il déclaré.

Le chanteur Youssou N’Dour, lauréat d’un prix « Grammy » et ancien ambassadeur de bonne volonté des Nations unies, a affirmé que l’Afrique devait axer ses efforts sur une meilleure sensibilisation aux objectifs de développement, notamment en tirant parti de l’influence d’artistes célèbres. « Nous devons nous appuyer sur le monde de la culture et des événements pour créer de la valeur ajoutée. Par exemple, des artistes influents pourraient aider la Banque à atteindre ses objectifs « High 5 ». Imaginez l’impact sur le terrain d’une collaboration entre artistes », a-t-il soutenu.

« Le continent doit saisir l’occasion qui se présente avec cette pandémie et mobiliser ses ressources pour l’avenir », a déclaré, pour sa part, Vanessa Moungar, directrice chargée du Genre, des femmes et de la société civile à la Banque.

« Préservons cet élan et continuons à construire un modèle de développement social et économique basé sur la participation communautaire et l’intégration régionale. L’existence d’un partenariat solide entre les gouvernements et la société civile est indispensable. Engager un dialogue avec la société civile signifie avoir un impact à la base et améliorer celui des mesures de développement », a-t-elle suggéré lors de la clôture du webinaire.

Deux autres rencontres qui porteront sur la jeunesse et l’éducation en Afrique sont prévues par la Banque et l’UA-ECOSOCC, dans le cadre des webinaires de sensibilisation au Covid-19.

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