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Le long weekend de trois jours qui s’annonce à l’occasion de la fête nationale devrait permettre aux manifestants birmans de continuer leur manifestations contre le coup d’État du 1er février. Ils défilent entre corps de métiers, en association ou en famille, dans le but de montrer aux militaires comme à l’international un rejet en bloc de l’armée.

Devant l’ambassade du Royaume-Uni, les supporters de football anglais de Rangoun ont mis de côté leur rivalité et se sont rassemblés ce vendredi matin. Une vraie marée humaine habillée de maillots de différents clubs anglais devant les portes de l’ambassade. Ils appellent, en anglais, le pays de Boris Johnson à intervenir pour faire pression sur le gouvernement militaire.

Ashley, l’une des meneuses, vient d’organiser une séance photo avec tous les clubs de supporters côte à côte. Sur leur pancarte, on peut lire : « Je soutiens Arsenal et mon voisin soutient Chelsea, mais aujourdhui, on est ensemble contre les militaires. » Ils cherchent à sensibiliser les supporters de football du monde entier à leur combat, nous explique Ahsley.

Le jour de l’Union est habituellement fête nationale en Birmanie, et l’occasion pour les Birmans de profiter d’un rare weekend de trois jours. Mais aujourd’hui, au septième jour consécutif de mobilisation contre le coup d’État, les Birmans ont un tout nouveau sujet d’inquiétude : la remise de peine de près de 24 000 prisonniers, annoncée ce jeudi soir.

Ce qui pourrait être une bonne nouvelle pour les familles de ces prisonniers est en fait largement décrié par les manifestants. Ils ont peur, comme lors de la révolution de 1988, que certains de ces ex-condamnés soient en réalité payés par l’armée pour manifester en leur faveur.

Rumeur ou réalité, l’atmosphère se tend depuis ce vendredi matin, alors que la liste complète des graciés se fait encore attendre. On sait en revanche que le moine ultranationaliste U Wirathu en fait partie. Avec ses discours incendiaires appelant à la discrimination contre les Rohingyas et les musulmans du pays, il faisait l’objet d’un mandat d’arrêt et s’était rendu aux autorités il y a à peine quelques semaines, après des mois de fuite.

Interpellations et nouvelle loi de cybersécurité
Cependant, cette amnistie ne concerne pas les prisonniers politiques. Malgré l’annonce par Washington de nouvelles sanctions contre les généraux putschistes ne semble pas arrêter la junte, qui intensifie les interpellations.

D’après une ONG d’aide aux prisonniers politiques, 241 personnes sont en détention depuis le coup d’État du 1er février qui a renversé le gouvernement civil d’Aung San Suu Kyi. Parmi les personnes arrêtées, des responsables locaux, des députés, des membres de la commission électorale ou des activistes.

Les autorités ont aussi rédigé un projet de loi sur la cybersécurité très liberticide. Le texte inquiète beaucoup les Birmans, qui ont peur de voir leur activité en ligne tracée et surveillée.

RFI

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