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La 32e coupe d’Afrique des Nations démarre dans deux jours en Égypte. Pendant un mois, les capitales africaines vont vibrer au rythme de la compétition, qui se joue pour la première fois à 24 équipes. C’est l’avant-dernier volet d’une série de cinq reportages d’Afrique économie consacrée à la CAN et l’argent. Les Lions de l’Atlas, l’équipe du Maroc, ont atterri hier au Caire. Ils n’ont pas remporté cette compétition depuis 1976. Ils font partie des outsiders cette année. Du côté des supporters du Royaume chérifien, l’enthousiasme pour accompagner l’équipe nationale reste timide à la veille du coup d’envoi. Une atmosphère très éloignée de l’euphorie suscitée par la participation des Marocains au Mondial de 2018 en Russie. Les professionnels tablent sur des victoires pour faire décoller les ventes.

Dans ce café casablancais, les téléspectateurs assistent résignés à la troisième défaite de leur équipe en match amical de préparation de la CAN. Nabil, supporter de la première heure, qui a fait le voyage l’année dernière en Russie pour le Mondial – n’envisage pas de se déplacer en Égypte.

« Il y avait de l’engouement autour de l’équipe, c’était une équipe prometteuse, et là ce n’est pas du tout le même engouement que j’avais pour la Russie ; et puis on parle de 12 000 à 15 000 dirhams et honnêtement, et ça me semble cher pour un pays aussi proche que l’Égypte. »

Un sentiment mitigé partagé par Mehdi, l’un de ses compagnons de voyage lors du Mondial. Selon lui, les deux compétitions n’ont rien à voir.
« Surtout que la Coupe du monde 2018 est venue après 20 ans de qualification, la CAN, on se qualifie à chaque fois. Par contre, j’imagine que si le Maroc avance et atteint les quarts de finale, les demi-finales j’imagine qu’il y aura du monde qui ira là-bas, mais pas au premier tour… »

Plus de 5 fois le smig mensuel marocain pour assister à la compétition pendant une semaine.

Depuis plus d’un mois, les professionnels du tourisme, et les agences de voyages proposent des formules tout compris pour attirer les amateurs de ballon rond.

Kamar Berrada, directrice de l’agence de voyage, travel expert.
« Ce sont des packs en général avion, le billet, en aller-retour, logement aussi, en “ petit déj ” ou demi-pension, l’assistance sur place, les tickets pour les matchs, et le transfert entre hôtel, stade et hôtel, donc on assure le basique. »

Un basique pour la modique somme de 12 000 dirhams, la semaine, l’équivalent de 1200 euros.
« Quand on propose ce package on ne pense pas à la rentabilité on le fait pour soutenir l’équipe nationale, et pour encourager les jeunes à partir. »

Principales contraintes pointées par les professionnels, des billets d’avion et des tarifs élevés en Égypte, en pleine saison touristique. Mais surtout, des délais de délivrance de visa d’environ 10 jours pour les Marocains, bien trop long pour suivre le rythme des réservations.

Soumia Amzil directrice de l’agence de voyage Travel Plus.
« Pour la Russie, il y avait uniquement le ID. C’est-à-dire qu’une fois que vous avez acheté les tickets vous pouvez entrer sans visa et c’est une chose qui a facilité la tâche pour les Marocains. Jusqu’à la dernière minute, il y avait des supporters qui allaient là-bas. Là, c’est un peu compliqué, et en plus ça tombe avec la haute saison en Égypte. »

La Fédération marocaine de football tente d’assurer près de 7 500 supporters pour la CAN en Égypte, en proposant des billets d’avion à prix négocié. Mais à environ 300 euros le vol, les Lions de l’Atlas devront éblouir leur public sur le terrain, et faire oublier le coût financier du voyage aux supporters marocains.

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