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« Je vous fais un aveu sur les gilets jaunes en France.  Ça va s’estomper parce que là où ils cassent, l’opinion commence en avoir marre, le nombre va se réduire  jusqu’à ce qu’un matin, il n’y ait plus personne.

C’est pareil chez nous, les arguments sont légitimes, mais il y a quelque chose qui est supérieur à ces arguments légitimes, c’est l’avenir des enfants. On ne sait même plus dans quelle année scolaire on est en Côte d’Ivoire. Nous sommes en 2019 mais certaines filières à la Fac sont encore dans les années 2017, 2018 et d’autres même avant.

Je pense que les enseignants devaient faire le sacrifice en réclamant, mais faire les ajustements qu’il faut pour ne pas que les enfants perdent davantage de temps et d’avantage d’année.

Après on va s’étonner qu’on a beaucoup de microbes, qu’on a beaucoup de bandits. Quand vous construisez un lycée vous fermez une prison, mais les écoles sont là, personne ne va à l’école aujourd’hui, les enfants sont à la maison, laissés pour compte, ils désapprennent.

On ne fabrique pas de citoyens demain qui vont être de grands journalistes, de grands juristes ou de grands médecins.  On fabrique des gens qui demain vont se faire payer autrement par la société. Et pour moi, je serai favorable à une paix des braves.

Je souhaiterai que les enseignants fassent tout pour sauver l’année, en prenant les parents à témoin, tout en continuant les négociations, parce que même si demain on leur paye ce qu’ils veulent, ils ne pourront pas rattraper le temps qu’ils font perdre aux enfants, c’est un processus irréversible.

Je trouve leurs revendications légitimes, mais  au nom des intérêts de la nation, qu’ils fassent l’effort, et que le gouvernement aussi revoie sa copie, ce ne sont pas les menaces qui sont la solution.

J’ai vu des vidéos, et j’ai cru entendre que la riposte sera fatale, ce n’est pas nécessaire. J’appelle à une paix des braves ».

(L’intelligent d’Abidjan, Numéro 4388 du jeudi 14 mars 2019)

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