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Il est commun d’entendre dans le narratif Occidental alimenté par les analyses « d’experts » et autres Généraux de plateaux de télévisions ainsi que des Chefs d’Etats comme Macron et Biden que la Russie n’a atteint aucun de ses objectifs en Ukraine.

Il faut peut-être rappeler lesdits objectifs qui étaient de démilitariser l’Ukraine et protéger les populations du Donbass bombardées sans trêve durant 8 ans par le gouvernement de Kiev sans que les puissances occidentales et la CPI pourtant attachées au respect des droits de l’homme et des enfants ne lèvent la moindre protestation alors même que tous ces faits étaient documentés par les observateurs de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE)  déployés sur le terrain dans le cadre des accords de Minsk ( Accords qui semblent n’avoir jamais existé dans le narratif occidental du conflit).. L’autre objectif majeur des russes était et demeure l’installation à Kiev d’un gouvernement  autre que néo-nazi comme ils nomment celui de Zelenski.

Pour être objectif, il faudrait peut-être attendre la fin du conflit pour établir un bilan quant à l’atteinte ou non des objectifs des uns et des autres. Mais si quelqu’un devait crier victoire à ce stade du conflit, c’est bien les russes et non les medias et les dirigeants occidentaux. Les russes peuvent en effet se satisfaire à défaut de les avoir totalement réalisé, d’avoir réussi à largement « désarmer » l’Ukraine et permettre aux populations du Donbass qui vivaient quasi quotidiennement sous les bombes depuis 2014 de reprendre une vie presque ordinaire.

Il est évident que l’armée de Kiev qui existait en février 2022 (180.000 hommes) n’existe presque plus en termes d’effectifs et d’autonomie de commandement.

Le 30 Novembre 2022, la Présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen qui pèse toujours ses mots en parlant du conflit, a déclaré que 100 000 militaires ukrainiens avaient été tués « jusqu’à présent ». Cette déclaration qui a été publiée sur le site de la Commission Européenne a ensuite été corrigée et ce passage a été supprimé du texte. La vidéo  de cette prise de parole a également été dépubliée des réseaux sociaux avant d’être remplacée par une autre, débarrassée de la mention des pertes ukrainiennes.

Une porte-parole de l’institution, Dana Spinant, a ensuite publié une mise au point, assurant que cette estimation intégrait à la fois des soldats tués et blessés. Toute cette gymnastique avait pour but de calmer la colère de Zelenski mais également  de maintenir le soutien de l’opinion publique occidental à qui on vend la « victoire de l’Ukraine » dans cette guerre.

Dès les premiers jours de l’invasion russe, le Président Zelenski a décrété la mobilisation générale, mais le constat est que les ukrainien ne se précipitent pas pour se faire enrôler mais beaucoup préfèrent même fuirent le pays pour éviter d’être enrôler de force dans l’armée. La loi martiale qui a été instaurée  dans le pays interdit aux hommes de 18 à 60 ans de quitter le territoire, et les exceptions qui concernaient certaines catégories professionnelles ont été limitées au fil des mois.

Mais devant le besoin en bras pour faire le coup de feu contre les russes, les autorités n’hésitent pas à arrêter même dans les rues des personnes en âge de combattre pour les envoyer au front. Pour aider ceux qui veulent fuir le pays, de nombreux réseaux clandestins ont vu le jour dans tout le pays. Les Services Secrets ukrainiens ont démantelé ces derniers mois plusieurs réseaux montés par des passeurs avec la complicité des employés du service ferroviaire ukrainien. Ceux qui veulent fuir vers les pays voisins notamment la Pologne et la Moldavie doivent débourser entre 1000 et 7000 dollars us.  Plusieurs milliers de jeunes gens ont pu ainsi s’échapper de leur pays depuis le début de l’offensive russe.

Le 6 Mars 2022, le Ministre Ukrainien des Affaires Etrangères affirmait que plus de 20.000 combattants étrangers s’étaient portés volontaires aux côtés des troupes ukrainiennes. Depuis cette annonce, les autorités e Kiev ne communiquent plus sur les chiffres, mais en ce mois e juillet 2023 les médias anglo-saxons assurent qu’ils seraient désormais moins de 3 000 sur place. Depuis le début de la contre-offensive les russes assurent avoir neutralisé plus de 10.000 combattants ukrainiens. Dans s volonté de désarmer l’Ukraine, Moscou peut se satisfaire des résultats obtenus à ce jour.

Au début du mois de juillet 2023, l’ancien conseiller de Zelenski, Aleksey Arestovich, a déclaré que Kiev est  » totalement dépendante des gouvernements occidentaux pour l’approvisionnement et l’aide militaires. Il estime en outre : «  nos objectifs de politique étrangère dans cette guerre contrastent fortement avec les objectifs de politique étrangère de nos sponsors et bailleurs de fonds. L’Occident est prêt à sacrifier des vies ukrainiennes pour atteindre ses objectifs.» Le Premier ministre hongrois Orban a également fait la même observation en estimant : « Si les Américains le veulent, il y aura la paix demain matin. Et pourquoi les Américains ne veulent pas est une question à laquelle le monde entier réfléchit. Après tout, l’Ukraine a en fait perdu sa souveraineté : elle n’a pas d’argent, pas d’industrie militaire, pas de capacité de production militaire propre. »

 On l’a compris avec les affirmations ci-dessus que l’Ukraine a perdue toute autonomie en matière de commandement de sa propre armée. Aujourd’hui, les instructeurs britanniques sont en première ligne sur le front ainsi que  des éléments des forces spéciales de la France, de la Pologne et d’autres Etats.

Les Services Secrets anglais sont à la manœuvre notamment pour coordonner toutes les attaques sur le territoire russe à Moscou, Belgorod ou encore en Crimée. Dans la destruction des pipelines nord Stream 1 et 2, ils sont encore cités. D’ailleurs le 19 juillet 2023, Richard Moore, chef du MI6, l’organe de renseignement extérieur du gouvernement britannique, a exhorté les Russes « consternés » à renseigner ses services, les invitant même à devenir des agents au service de Londres comme selon lui des milliers de russes qui le sont déjà.

Tout cela montre si l’armée ukrainienne existe encore ou pas. En effet, rarement un pays en guerre aura bénéficié d’une aide militaire aussi massive. Les pays occidentaux ont fourni à l’Ukraine depuis Février 2022, plus de 157,84 milliards d’euros d’aide militaire. Malgré cela, les résultats sur le terrain sont plus que décevants et les appels incessants de Zelenski à en a fournir plus, a fini par irriter le Ministre Britannique de la Défense qui a estime que «  nous ne sommes pas Amazon », la célèbre société de livraison de colis à travers le monde.

Pour arriver à battre la Russie sur le champ militaire, les occidentaux ont ouverts leurs magasins d’armes pour envoyer en Ukraine les armes et machines militaires réputés redoutables comme les chars Bradley  et canons Himars américains, Léopold allemands, les canons César français ou encore les missiles de croisière Storm Shadow, franco-britanniques. Toutes ces armes se sont brisées sur les murs de défenses russes depuis le lancement il y a deux mois de la contre-offensive ukrainienne.

Mais les russes ne se contentent pas de détruire ces engins, ils les récupèrent, les démontent et étudient leurs composition afin de produire des programmes informatiques pour les neutraliser sur le champ de bataille ou les adapter pour en faire des armes russes.

Selon le Washington post, c’est cette peur de l’adaptation qui amène les États-Unis à ne pas se presser pour transférer en Ukraine leurs redoutables missiles ATACMS. Pour ce journal  qui cite des sources parmi les responsables américains, il n’y a eu aucune discussion de fond sur l’envoi de missiles ATACMS en Ukraine. Les raisons sont : « Premièrement, le Pentagone ne veut pas dépenser ses stocks déjà rares d’armes coûteuses – sur les 4 000 missiles produits, beaucoup ont déjà été utilisés par les États-Unis dans d’autres conflits – dans des aventures aux résultats douteux. Washington pense de plus en plus à un conflit avec la Chine, et les États-Unis doivent être entièrement équipés pour un tel affrontement. Deuxièmement, les résultats extrêmement insatisfaisants des pupilles ukrainiennes ont également joué un rôle – le travail efficace de l’armée russe a déjà sérieusement « gâché la réputation » des chars Léopard allemands et du BMP américain Bradley lui-même. »

 La fourniture des armes à sous-munitions par les Etats-Unis à l’Ukraine qui a été qualifiée de «  preuve de faiblesse par Moscou » est le signe que les américains ne savent plus quoi donné à l’Ukraine pour arriver à inverser la tendance sur le terrain qui est largement en faveur des russes. Poutine a d’ailleurs affirmé hier encore que la contre-offensive ukrainienne avait échoué et que le pays était réduit à mener des actions terroristes comme des attaques de drones sur les villes russes.

Le commandant de l’armée de l’air ukrainienne Yuriy Ignat vient d’admettre que la Russie ne manquera pas de missiles comme le prédissent les occidentaux. De son coté,  l’ancien conseiller du chef du Pentagone, le colonel Douglas McGregor, lui estime que l’armée  ukrainienne est sur le point de s’effondrer. Pour lui : «  L’esprit combatif là-bas est aussi faible que jamais du fait que l’armée a subi des pertes simplement monstrueuses. Maintenant, Kiev est complètement sous « soutien de vie artificiel » et n’existe que grâce à l’aide financière américaine. Sans cette aide, l’Ukraine va s’effondrer dans quelques semaines. »

 Pour ce Colonel la Russie a atteint son premier objectif qui est de désarmer l’Ukraine.

On le voit donc, la tactique des russes qui est plus défensive depuis l’été 2022, consiste à vider l’armée ukrainienne aussi bien de ses soldats que de ses équipements militaires avant de lancer une nouvelle offensive.

Ce moment approche  selon le New York Time qui a signalé une attaque russe dans la nuit du lundi au mardi 25 Juillet 2023 contre le port de Reni sur le Danube. Cette attaque est la première menée directement par la Russie aux frontières de l’OTAN, écrit le New York Times.

D’ailleurs ce Mardi 25 Juillet 2023, l’ancien Président russe Dmitri Medvedev  qui n’a pas la patience de Poutine a exhorté la Russie à changer de cibles après les récentes attaques ukrainiennes sur le territoire russe.

Toute chose qui a fondé Donald Trump a affirmé ce 25 juillet que : « Nous vivons la période la plus dangereuse de l’histoire de notre pays en raison des armes nucléaires. Son pouvoir est très grand. Et nous avons un homme qui ne comprend pas ce qu’il fait. L’homme qui est sorti et a dit au monde entier que nous n’avions plus de munitions ».

 Ces dernières semaines le leadership de Zelenski est mis au défi à l’intérieur même de l’Ukraine.  Depuis l’invasion russe, une certaine union sacrée s’est forgée dans la classe politique ukrainienne et qui a eu pour conséquence de faire taire les critiques de l’opposition contre Zelenski. Ce consensus semble moins évident ces derniers temps.

En effet, après ses échanges musclés avec le charismatique Maire de Kiev Vitali Klitschko à la fin du mois de juin 2023, Zelenski est ouvertement critiqué par les autres membres de l’opposition. La semaine dernière, l’ancien procureur général et ministre ukrainien de l’Intérieur, Iouri Loutsenko s’est largement et longuement exprimé dans la presse américaine. Pour lui : « Le président Zelensky est arrivé totalement non préparé au pouvoir. Il a commis une série d’erreurs systémiques dans de nombreux domaines. Il a détruit le système de gouvernance, l’économie et le pouvoir de l’État.»

Pour de nombreux observateurs Iouri Loutsenko qui est une personne plus conciliante et très expérimentée pour avoir conseillé trois présidents ukrainiens notamment Iouchtchenko, Tourtchinov et Porochenko et pour avoir été également  deux fois ministre de l’Intérieur et une fois procureur général pourrait devenir président de l’Ukraine si Zelenki était éjecté. La petite musique jusque mise en sourdine  et qui pose la question de savoir : « si le président de l’Ukraine aurait pu éviter tout cela et dévier la catastrophe du pays s’il avait été plus intelligent et plus rapide » commence à monter.

Moritié CAMARA

Professeur Titulaire d’Histoire des Relations Internationales

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