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Le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci) est au bord de l’implosion. Selon l’hebdomadaire panafricain Jeune Afrique dans son édition de Mars 2021, ça bouillonne fort dans le vieux parti, tenu d’une main de fer par Henri Konan Bédié, 87 ans, depuis près de 30 ans. Selon JA, depuis la présidentielle d’octobre 2020, le parti septuagénaire n’est pas au mieux de sa forme : manque d’argent, frustration des cadres qui ont assez rongé leur frein. Henri Konan Bédié, enfermé dans sa tour, semble ne pas mesurer l’ampleur de la révolution qui se prépare. À la base du malaise au Pdci, l’échec de la stratégie de Bédié pendant la présidentielle dernière. Après avoir rompu avec le Rassemblement des républicains (Rdr) au sein du Rhdp, Bédié a formé d’autres alliances avec plusieurs partis politiques de l’opposition. Il s’est rapproché de l’ancien président Laurent Gbagbo, espérant obtenir le report des voix si d’aventure celui-ci n’était pas retenu comme candidat. Sa stratégie n’a pas été payante. Quand le conseil constitutionnel valide sa candidature et qu’il en est fier, l’opposition lui inflige une volée de bois vert sur sa page Facebook, l’obligeant à reconsidérer sa position. Bédié ravale sa vomissure et se tient tranquille. Mieux, il est contraint de ne pas se présenter à la présidentielle au risque d’être lâché par ses alliés.

« Toutes les options furent un échec » 
Le conseil national de la transition a été la plus grosse arnaque de l’opposition 

Bédié revient sur sa décision et s’embarque dans une aventure… sans issue. Le résultat est un désastre. L’insurrection appelée de tous ses vœux, la désobéissance civile, le boycott actif du scrutin et le conseil national de la transition furent un échec. Le contentieux n’étant pas encore vidé, le Bouddha de Daoukro lance ses candidats dans l’arène politique pour les législatives, sans grands moyens. Là encore, le résultat n’est pas encore reluisant. L’opposition est laminée sur le terrain et son secrétaire exécutif en chef, Maurice Kakou Guikahué, humilié à Gagnoa par Marie Odette Lorougnon, pro Gbagbo pure et dure. « Sa stratégie a été un échec… », confie un cadre du Pdci à Jeune Afrique, qui nuance tout de même en ajoutant que « la vigueur de la désobéissance civile dans le V Baoulé et la faible participation dans certaines zones dans le sud du pays montrent encore que le parti peut encore s’appuyer sur un socle solide pour se reconstruire ».

« Bédié sort fragilisé… » 

​​​​​​Un autre cadre du Pdci, cité par Jeune Afrique est formel : « Bédié sort fragilisé de cette séquence. En interne, ça bouillonne. Personne n’est satisfait de cette gestion. Il ne mesure pas l’ampleur du mécontentement. Pour l’instant, personne ne l’exprime publiquement car la priorité, ce sont les élections législatives ». Bédié est d’autant plus fragilisé que ses pions sûrs au sein du Pdci sont mal perçus aujourd’hui. Djenebou Zongo, toute puissante directrice à la communication a été limogée sous le prétexte qu’elle a vendu des informations capitales au pouvoir. Maurice Kakou Guikahué avait été arrêté puis relâché. Depuis lors, il garde le profil très bas et est actuellement combattu au sein du Pdci pour ses choix contestables. N’dri Narcisse qui tenait la caisse du parti est toujours dans les liens de la détention. Quant à Bédié lui-même, il s’est réfugié dans le déni, selon Jeune Afrique. 

« Le Pdci est sur une pente glissante » 

Le Pdci est donc sur une pente glissante. Le congrès du parti qui doit régler les problèmes de fond est toujours reporté. Entre autres questions, le problème du plafonnement de l’âge maximum pour être président. Bédié avait fait sauter cette disposition pour demeurer à la manœuvre. Il y a aussi la promotion de nouveaux cadres et la « debaouléisation » du vieux parti. En effet, le Pdci s’est rabougri depuis plusieurs décennies et est taxé d’être un parti de Baoulé. Hormis le V Baoulé, le parti est en perte de vitesse dans les autres régions. C’est tous ces problèmes que les rénovateurs veulent résoudre au Pdci. Malheureusement pour eux, ils n’ont pas encore assez de force pour reverser la vapeur. Le sphinx de Daoukro est toujours craint. Il est le seul à supporter les dépenses du Pdci. Les cadres qui l’aidaient ont presque tous viré au Rhdp. L’on serait tenté de dire : « Bédié est fini, vive Bédié » 

infoplus

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