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Le procès pénal de l’ex-producteur hollywoodien Harvey Weinstein, pour agressions sexuelles présumées, s’ouvre lundi à Manhattan. Un procès très attendu qui est prévu pour durer six semaines, alors que plusieurs dizaines de femmes l’accusent de les avoir harcelées ou abusées sexuellement sur plusieurs décennies. 

Le procès de l’ex-producteur de cinéma Harvey Weinstein, accusé de multiples agressions sexuelles, doit s’ouvrir lundi 6 janvier à Manhattan, à New York. L’ex-patron du studio Miramax et ponte d’Hollywood risque la réclusion à perpétuité.

Depuis les premières révélations parues dans la presse américaine début octobre 2017, plus de 80 femmes, dont des célébrités comme Gwyneth Paltrow, Angelina Jolie ou Uma Thurman, ont accusé l’ex-magnat hollywoodien de les avoir harcelées ou agressées sexuellement.

Mais le procès ne concerne directement que deux accusatrices, ce qui montre la difficulté de construire un dossier pénal sans preuve matérielle et sans témoin, autour de faits remontant souvent à plusieurs années.

L’ancienne assistante de production Mimi Haleyi affirme qu’Harvey Weinstein l’a agressée sexuellement dans son appartement new-yorkais en juillet 2006.

La seconde victime présumée, demeurée anonyme, l’accuse d’un viol en mars 2013 dans une chambre d’hôtel new-yorkaise.

L’acte d’accusation, modifié en août, inclut une troisième femme, l’actrice Annabella Sciorra, qui affirme avoir été sexuellement agressée par le producteur déchu en 1993. Les faits la concernant sont prescrits, mais doivent permettre à l’accusation d’étayer le chef d’inculpation de comportement sexuel « prédateur », qui fait risquer la perpétuité au producteur de 67 ans.

Une condamnation de l’ex-patron du studio Miramax serait une victoire majeure pour le mouvement #MeToo et l’organisation Time’s Up née dans son sillage, qui combat harcèlement sexuel et discrimination à Hollywood et au-delà.

« Ce procès est crucial pour montrer que partout, les prédateurs doivent rendre des comptes, et que briser le silence peut apporter de vrais changements », ont déclaré 25 des accusatrices du producteur dans un communiqué vendredi. Sept d’entre elles doivent tenir un point presse lundi matin.

Un procès de 6 semaines

Car si depuis 2017 #MeToo a fait tomber des hommes de pouvoir, la quasi-totalité d’entre eux a échappé à des poursuites pénales.

Le seul autre procès en vue concerne le chanteur R. Kelly, inculpé l’an dernier d’agressions sexuelles sur des jeunes femmes, parfois mineures.

L’acteur américain Bill Cosby a été condamné en septembre 2018 à trois ans de prison minimum, mais les poursuites avaient commencé avant l’affaire Weinstein.

Ce procès, prévu pour durer six semaines, s’annonce comme l’un des plus suivis de l’année : quelque 150 journalistes, sans compter ceux qui suivent régulièrement les tribunaux new-yorkais, ont demandé un accès à la salle d’audience qui ne compte qu’une centaine de places.

Des accusatrices du producteur et des militantes pourraient également se presser sur les bancs du public, pour soutenir les victimes présumées du producteur face aux contre-interrogatoires de la défense qui s’annoncent sans pitié.

Si l’influent Harvey Weinstein est devenu un paria pour l’opinion, l’accusation est loin d’être assurée d’obtenir la condamnation du producteur, qui a toujours assuré que ses relations sexuelles étaient consenties.

Bien avant le procès, les avocats de Harvey Weinstein, deux fois marié et père de cinq enfants, ont tenté de décrédibiliser les témoignages des deux victimes présumées. Ils ont produit courriers électroniques et textos montrant qu’elles étaient chacune restées en contact avec lui, plusieurs mois après les faits supposés.

Leur première bataille sera celle de la sélection des jurés, pour tâcher d’écarter les sympathisants du mouvement #MeToo. Elle doit commencer mardi et pourrait prendre deux semaines.

Dans une interview par mail avec CNN publiée samedi, Harvey Weinstein, qui ne devrait pas témoigner au procès, a indiqué qu’il entendait « prouver (son) innocence et laver (son) nom ».

En cas d’acquittement, « je me concentrerai sur mes enfants, ma santé », a indiqué le sexagénaire, qui suit une thérapie depuis octobre 2017. Et s’il retourne un jour au cinéma, ce sera pour « construire des endroits qui aident à guérir et soulager les autres ».

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