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Le parquet de Tokyo a décidé ce lundi 10 décembre d’inculper Carlos Ghosn pour dissimulation de revenus. Le patron déchu de Nissan est incarcéré depuis le 19 novembre. Il est soupçonné de n’avoir pas déclaré 38 millions d’euros de revenus aux autorités boursières. Comment les Japonais vivent-ils sa chute ?

Avec notre correspondant à TokyoBruno Duval

Beaucoup de Japonais se montrent très soupçonneux envers l’homme d’affaires. Qui, il est vrai, a toujours eu un problème d’image, ici.

« Je n’ai jamais aimé Carlos Ghosn. Car, pour moi, c’est un homme d’argent. Il est accusé de détournements de fonds ? Cela ne m’étonne pas : je le vois très bien utiliser l’argent de Nissan pour se payer des voyages en famille ou rénover de luxueuses maisons à l’étranger. Et cela me met vraiment en colère ».

Le mari de cette dame est du même avis. Et il redoute l’impact de ce scandale. « Moi aussi, je crois qu’il est coupable. Mais, au-delà de sa personne, cette affaire risque de peser sur les relations franco-japonaises. Cela m’inquiète vraiment beaucoup. »

Même le bilan de l’intéressé ne plaide pas totalement en sa faveur, selon ce retraité. « Je lui suis très reconnaissant d’avoir sauvé Nissan mais, ici, personne n’a oublié qu’à l’époque, il a licencié des milliers d’employés japonais. Alors, en plus maintenant, ce scandale : c’est le bouquet… Je ne suis pas loin de penser qu’il est coupable de ce dont on l’accuse. »

Les Japonais sont sévères envers l’homme d’affaires. Il faut dire que, depuis trois semaines, jour après jour, les médias multiplient les allégations sur les graves infractions qu’aurait commises celui qu’ils appellent « le suspect Ghosn ».

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