En cas d’escalade avec les Etats-Unis, l’Iran dispose de centaines de missiles d’une portée de 500 kilomètres à 2. 000 kilomètres, capables de frapper des bases américaines au Proche-Orient, voire des infrastructures clefs en Arabie Saoudite et en Israël. Ce missile Qadr H tiré en 2017 fait partie de l’impressionnante panoplie de missiles dont dispose l’Iran pour dissuader ses ennemis ou riposter en cas d’attaques. Ils sont au coeur de l’appareil de dissuasion et de représailles du régime iranien. Missiles et drones constituent la partie la plus redoutable de sa panoplie si ses tirs contre une base américaine à Bagdad, ce mercredi matin, n’étaient que le prélude de raids et de ripostes entre Washington et Téhéran. Les Shahab (étoiles filantes en persan), de conception nord-coréenne, constituent eux-mêmes l’essentiel de cette artillerie. Téhéran dispose d’environ trois cents Shahab 1 et 2 d’une portée de 500 km, d’une centaine de Shahab 2, d’une portée double, et de cinquante à trois cents missiles Shahab 3 capables de transporter une charge d’une tonne sur 2.000 km.
L’Iran a lancé des missiles sur deux bases américaines en Irak
Si les premiers ne peuvent frapper que des cibles en Irak et en Arabie Saoudite, le rayon d’action des derniers englobe Israël, tous les pays du golfe Persique, voire le sud-est européen, l’ouest de la Chine ou la Russie.
Drones tueurs
L’industrie nationale du missile a aussi développé les missiles Soumar/Sajjil d’une portée de 2.500 km, et aurait conçu, mais pas testé, le Sajjil 3 d’une portée de 4.000 km. En raison de leur imprécision, tous ces missiles sont d’une utilité limitée sur un champ de bataille, souligne le Sipri (Institut international de recherche sur la paix de Stockholm). Mais ils sont « très dissuasifs car pouvant frapper des villes ou des infrastructures critiques, telles que raffineries, aéroports, sites de dessalinisation ». Tous sont opérés par les Pasdarans (Gardiens de la révolution).
Pour des frappes plus ciblées, Téhéran dispose aussi d’un nombre considérable de missiles de croisière et ballistiques de courte portée (une centaine de km) capables de frapper des cibles navales et terrestres, tel le Fateh 110 (Nuit du destin), en sus des drones tueurs. L’Iran en a fait une démonstration impressionnante en septembre dernier, en frappant un complexe pétrolier sur les sites saoudiens d’Abqaïq et Khurais , à plusieurs centaines de kilomètres du territoire iranien, même s’il ne l’a pas officiellement revendiqué. Un essaim d’une vingtaine de missiles de croisière et de drones avait contourné le système de défense saoudien pour frapper leurs cibles par le sud, illustrant une capacité de manoeuvre et de furtivité de haut niveau. Revers de la médaille, les drones portent généralement des charges explosives de faible puissance.
Treize scénarios
Ne pas oublier d’autres scénarios de riposte : Téhéran en a évoqué treize, mardi, sans autres précisions. Le plus évident consisterait à faire commettre des attentats contre des cibles américaines vulnérables, tels qu’entreprises ou citoyens américains. Téhéran pourrait compter pour cela sur ses «proxies», des cellules terroristes au Proche-Orient et des milices chiites en Irak, Syrie, Liban, Pakistan et Afghanistan.
Téhéran dispose aussi de capacités de cyberattaques présumées de bon niveau mais peu utilisées jusqu’ici. Il pourrait, enfin, miner le détroit d’Ormuz, par lequel passe un sixième du pétrole mondial, ou y mener des attaques avec une noria d’embarcations rapides. Mais les marines occidentales disposent de capacités non négligeables de déminage et de riposte contre des cibles multiples, y compris des drones dont les systèmes GPS peuvent être perturbés à distance.