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Lancée par plusieurs cadres du PDCI-RDA, le jeudi 22 novembre 2018, la déclaration sous forme de pétition pour la « non rupture » et « le retour à la paix et à la prospérité », et l’amélioration de la gouvernance au Pdci, a fait sortir le président Bédié de son silence. Afrikipresse décrypte et fait des révélations.

« Nous demandons au président Henri Konan Bédié de mettre en place au PDCI-RDA, une gouvernance améliorée et de reprendre les négociations avec le RHDP », disait en substance la déclaration. Sans attendre la première liste des signataires publiée dans la presse le lundi 26 novembre 2018, Henri Konan Bédié a répondu dans le Nouveau Réveil paru le même jour. À cette occasion, il n’a tiré que sur un seul des signataires présumés ( la liste n’étant pas encore rendue publique au moment de la réalisation de l’interview le samedi 24 novembre 2018, à Daoukro), en l’occurrence Patrick Achi, considéré par lui comme l’instigateur principal et le manipulateur de son propre neveu « dissident », Jean Marc Anyra Bédié.

« Je crois que la gouvernance est suffisamment nourrie pour que l’on puisse encore vouloir une gouvernance renforcée », a également répondu Monsieur Bédié à ceux qui souhaitent par exemple que tous les autres ministres Pdci qui ne font plus partie du secrétariat exécutif du parti y soient reconduits, et que les voix des vice-présidents du Pdci ( défavorable en majorité à l’option de rupture actuelle ), soient de plus en plus entendues.

Le ministre Achi Patrick a-t-il payé pour tous les autres, et surtout pour être allé voir le Président Bédié pour lui expliquer ses craintes sur les dangers de la rupture entre lui et le Président Alassane Ouattara, et entre le PDCI et le RHDP ? Les mêmes craintes relatives au risque d’un affrontement et d’une tension électorale à l’approche de 2020 ( avec un avant-goût lors des élections locales du 13 octobre 2018 ), avaient déjà été expliquées publiquement par Achi Patrick devant les militants et les militants du parti. Il n’en a jamais fait mystère, selon plusieurs témoignages.

Le Président Bédié aurait manifesté un vif intérêt dans la démarche d’Achi Patrick. Celui-ci avait avec d’autres cadres comme Fofana Siandou, déjà réussi en Avril 2018, au grand dam de Guikahué, de Billon et des partisans de la rupture, à obtenir que le Président du Pdci signe le manifeste du parti unifié, malgré le meeting de rupture de Mars 2018 à Yamoussoukro et la campagne visant à empêcher depuis cette date, la signature des textes relatifs au parti unifié ?

Selon une source généralement bien informée , c’est suite à l’intérêt manifesté par Henri Konan Bédié en faveur de la démarche de paix et de rapprochement que le ministre Achi Patrick et d’autres cadres du parti ont rédigé la déclaration rendue publique. Par la suite, chacun des instigateurs environ une dizaine, a pris une copie et est allé dans son fief pour y faire adhérer des proches : Achi, Siandou, Donwahi, Aka Aouelé , et Jean Marc Bédié, particulièrement rassuré par le fait que son oncle Bédié avait échangé avec Achi Patrick auparavant.

Face à la colère du front de la rupture incarné par Guikahué et
Narcisse N’dri, l’initiative a été stoppée, alors que plusieurs cadres et élus du parti avaient déjà signé la pétition. Pour les signataires, l’objectif était bien pertinent, puisqu’il s’agissait de la paix en Côte d’Ivoire, mais aussi de voir comment les cadres sanctionnés pouvaient revenir dans le parti. Mais, selon eux, c’était mal connaître les anti-RHDP du Pdci. Ceux-ci ont ainsi réussi à faire avorter le projet, qui revendique quand même au moins 316 signatures. L’on annonce jusqu’à 500 voire 1000 signatures, d’ici la fin de l’année 2018. Cela n’a pas empêché le Président Bédié de flinguer Achi Patrick seul, ainsi que Jean Marc Bédié. Malgré tout, le Président du conseil général de la Mé refuse pour le moment toute réaction, et tout conflit avec celui qu’il continue de considérer comme son papa. Mais jusqu’à quand tiendra-t-il cette posture de silence et non confrontation ? « Celui qui appelle au refus de la rupture avec le Rhdp, et souhaite que le Pdci entre dans de nouvelles négociations avec la famille Houphouëtiste, ne peut pas se permettre d’engager une confrontation avec le Président Bédié son père spirituel. Ce n’est pas son style. Ce n’est pas sa philosophie. Ne comptez pas sur le ministre Achi pour cela», a appris de bonne source Afrikipresse.

La seule question qui taraude l’esprit est : avec quel PDCI, le Président Bédié qui est de plus en plus positionné comme le candidat du parti à l’élection présidentielle de 2020 , ira-t-il à la conquête du pouvoir ? Un PDCI sans Daniel Kabran Duncan, Charles Koffi Diby, Ahoussou Jeannot, Kouassi Konan Lambert, Beugré Mambé, Achi Patrick, Abinan Pascal, Aka Aouelé, Amichia François Albert, De Isaac, Alain Richard Donwahi, Siandou Fofana, Goudou Raymonde, Kouassi Jean-Claude pour ne citer que ceux-là , peut-il tenir la route avec les seules nouvelles adhésions lancées le samedi 24 novembre 2018 ? À bon entendeur, salut ….

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