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A l’occasion de la célébration du 20è anniversaire du journal Islam Info, le Dg, Doukouré Ousmane, évoque avec nous le chemin parcouru, des anecdotes, les difficultés et les perspectives.

 

Salam aleykum

Wa aleykum Salam.

Pouvez-vous vous présenter brièvement à nos lecteurs?

Je suis DOUKOURE Ousmane, Directeur Général des éditions alif Islam Info.

L’héritage laissé par vos devanciers n’est-il pas lourd à porter ?

Très lourd. Mais ils nous ont laissé des chemins et une méthodologie pour continuer après eux et c’est ce que nous suivons.

Quels sont vos principaux objectifs éditoriaux et les valeurs d’Islam Info ?

Trois objectifs éditoriaux: informer, former et éduquer pour mieux vivre ensemble. Nous, nos valeurs, ce sont les valeurs de l’islam, les grandes valeurs de l’islam, mais aussi les valeurs de l’humanité, parce que les hommes partagent ensemble des valeurs.

Comment le journal a-t-il réussi à s’imposer comme le principal organe de presse islamique en Côte d’Ivoire ?

Précision, presse écrite. Je pense qu’il y a quatre ou trois facteurs. D’abord, il y a trois personnalités qu’il faut citer. C’est d’abord l’Imam Idriss Koudous KONE, Président du Conseil National Islamique qui a porté ce projet. Ensuite, il y a feu, le Premier ministre Ahmed BAKAYOKO qui nous a offert sa réalisation et son opinion. Troisièmement, il y a, KONE Samba, le président actuel de l’ANP, qui nous a aussi outillés. Maintenant, on peut ajouter à ce groupe-là, un groupe d’actionnaires qui étaient seulement intéressés par donner à Islam Info un cadre légal, sinon ils n’étaient pas intéressés. Ce sont Ladji KARAMOKO, le président fondateur du CHAMCI, le club des hommes d’affaires musulmans en Côte d’Ivoire, le premier président du club des hommes d’affaires musulmans en Côte d’Ivoire. Et puis le président Fama TOURE, actuel président de la chambre des commerces, qui ont décidé d’accompagner Islam Info pour qu’il soit légalisé. Après ce premier groupe, il y a les jeunes. Les jeunes qui nous ont accompagnés jusqu’à présent, qui se sont donnés à Islam Info et on ne pouvait pas les payer, on n’avait pas les ressources pour ça, mais ils ont cru en cela, ils ont voulu donner à la communauté un organe d’expression viable, fiable, durable. Et d’ailleurs le slogan d’avant était «Islam Info, il y a pas l’argent mais il y a travail».

Alors quelles sont les difficultés majeures rencontrées par la presse confessionnelle islamique dans le contexte ivoirien ?

D’abord de façon générale, les gens, dans un pays laïc, se méfient de la religion. Donc tout ce qui est religieux, les gens regardent deux fois avant de réagir ; en plus quand c’est un journal islamique alors là c’est à quatre fois ou cinq fois qu’on regarde. Donc on a des difficultés pour avoir accès à la publicité. Or le modèle économique de la réussite de la presse est basé sur la publicité. Donc là, on a des difficultés pour avoir accès au marché que tout le monde a. Nous avons des difficultés. Sauf dans le mois de Ramadan où à des exceptions près, on a quelques publicités relatives aux consommateurs musulmans. Deuxièmement, la plupart des musulmans ne lisent pas le français. Donc le journal est un handicap. Ils préfèrent l’oralité. Que l’écriture. C’est dans ce cadre qu’est née Al Bayane. Troisièmement, je pense que la presse même est sinistrée. Le chiffre d’affaires général de la presse s’estimait à cinq milliards, il y a dix ans. Aujourd’hui, ce n’est même pas cinq millions pour tous les journaux. Alors qu’il y a plus de 30 quotidiens cumulés. Il y a un problème on le sait bien: les réseaux sociaux. Avec l’invasion des médias, le monde est devenu un village planétaire. Donc ce n’est pas facile pour la presse.

On présume qu’il n’est pas facile pour Islam Info d’inciter la jeunesse, la population ivoirienne à consommer la presse. Alors des anecdotes à partager sur le parcours du journal ?

La première. Un jour, le ministre feu Ahmed BAKAYOKO me dit: Ousmane, ton journal ressemble à mon journal (Le Patriote). Je dis mais HAMBAK, le journal est monté chez toi. Il est corrigé chez toi. Il est imprimé chez toi. Donc c’est logique qu’on se ressemble. Vraiment cela m’a fait plaisir parce que c’est lui qui nous a offert son imprimerie gratuitement pendant des années. Je crois que c’est toujours avec Le Patriote. Un jour l’imprimerie est tombée en panne. On devait imprimer le journal mais moi je n’avais pas l’argent. Oui Je suis allé réveiller le comptable. Je dis, Yéo, ton imprimerie est tombée en panne mais comment on va imprimer? Il dit laisse-moi fouiller dans mon sac s’il y a de l’argent. Il a fouillé son sac, il a pris l’argent, on est allés ensemble à une autre imprimerie pour imprimer le journal. Dernière anecdote, c’était sur le plan des actions. On a monté le numéro mais moi je n’étais pas ce jour-là à la rédaction là-bas. Mais celui qui a monté le numéro ne connaissait pas les imams KOUDOUSS ni Aboubakar FOFANA. Donc il a monté la Une avec d’autres photos et c’était une grosse bourde.

Comment Islam Info s’adapte-t-il aux évolutions technologiques, notamment avec la montée du numérique et des réseaux sociaux ?

La première décision qu’on a prise c’est de confier le journal aux jeunes parce que nous nous ne connaissons pas ce nouvel environnement. Donc ce sont ces jeunes qui ont décidé de donner à Islam Info un visage jeune à travers la digitalisation, la numérisation. Je pense qu’ils ont fait un travail formidable parce que maintenant nous sommes presque sur tous les réseaux notamment Twitter, Facebook et autres. Les jeunes ont apporté vraiment leur savoir-faire, leur enthousiasme, leur passion. Maintenant il faut améliorer le contenu et cela est important. Parce qu’aujourd’hui les jeunes ne prennent pas seulement leurs informations à la mosquée lors des conférences qui y sont données. Ils sont sur leurs smartphones. Et c’est là-bas qu’il faut les trouver pour leur dire la vérité. Parce qu’il y a beaucoup de fausses nouvelles sur l’islam. Donc il faut que Islam Info soit équipé pour aller chez les jeunes, là où ils sont, quand ils veulent, comme ils veulent, pour leur apporter la vraie information. Effectivement et je trouve que c’est une belle alternative parce que la majorité de la jeunesse passe au moins six heures de temps sur les réseaux sociaux.

Quel rôle joue Islam Info dans le dialogue interreligieux et la promotion de la paix sociale en Côte d’Ivoire ?

Nous sommes fiers de cette mission que nous n’oubliez pas. On a dit, informer, former, éduquer, pour mieux vivre ensemble. Effectivement, mieux vivre ensemble avec qui ? Avec des gens qui ne pensent pas les mêmes valeurs que nous. Ce sont nos frères chrétiens ou d’autres religions. Les gens sont mariés entre eux, vivent dans le même village, dans le même quartier. Islam Info se donne pour mission de faire en sorte que les populations vivent ensemble, en liberté, à travers ses écrits dans le journal.

Ainsi, on parle des autres religions pour que les musulmans se découvrent eux-mêmes et revoient leurs rapports à toutes les autres religions. Pour que partout où les musulmans se retrouvent ils soient respectés. Vous ne verrez jamais un prêtre insulté dans Islam Info. Donc nous nous donnons ce devoir-là, de respecter toutes les religions et tous les religieux.

Et ça, je crois que c’est la meilleure des décisions parce que cela permettra de d’assurer le vivre ensemble.

Quel regard portez-vous sur la jeunesse musulmane ivoirienne et comment Islam Info s’adresse-t-il à cette audience ?

La jeunesse musulmane ivoirienne est à féliciter. D’abord le Cheikh Aboubakar FOFANA a donné à la jeunesse ce qu’il faut pour rester musulman, bon musulman, militant musulman, sans complexe. Et on le voit, cette jeunesse-là est là. Ils sont fiers de la religion, ils portent le nom de l’Islam dans la paix, dans la tolérance et dans le vivre ensemble. On est fiers d’eux et la preuve ils ont vraiment du talent et les écoles musulmanes aujourd’hui sont devenues une fierté. Les parents veulent avoir leurs enfants dans les écoles musulmanes. Parce qu’ils font de très bons résultats au niveau national. Les musulmans ne sont plus complexés dans leurs écoles. Notre travail est de montrer les valeurs islamiques aux jeunes.

Il est important que Islam Info s’imprègne des difficultés de la jeunesse pour pouvoir vraiment véhiculer le message. Alors quels sont vos projets pour l’avenir du journal notamment en termes de contenu, de diffusion et d’innovations ?

Je vous invite aux festivités du vingtième anniversaire ce jour (25 juillet 2025) à la Chambre de commerce au Plateau. Nous avons un panel de spécialistes de la presse ivoirienne. Ils vont exposer sur la presse en général, les problématiques, les attentes et ensuite la presse religieuse en particulier. Il y a des jeunes qui ont préparé leur thèse pour démontrer que Islam Info peut être valable dans plusieurs années encore.

En tant que directeur général des éditions Alif, comment pouvez-vous décrire Islam Info en cinq mots ?

En cinq mots ? Formation, éduquer, vivre ensemble.

Enfin, quel message souhaitez-vous adresser à vos lecteurs et à la communauté musulmane à l’occasion des vingt ans d’Islam Info ? Simplement, remercier la communauté musulmane, remercier le président de la mosquée, les imams, remercier nos lecteurs, remercier notre équipe de jeunes, talentueux, vertueux vraiment dédiés à l’islam. Et enfin lancer un appel et remercier d’abord nos anciens que nous sommes comme un journal normal. Qu’ils viennent faire la publicité chez nous et on va marcher ensemble.

 Réalisée par la Rédaction

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