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La Réserve naturelle de Dahliafleur n’a été ni concédée, ni vendue à un opérateur. Après la levée de boucliers suscitée par un article de SIKA Finance, le ministre du Tourisme a produit un communiqué le 25 mai pour tenter de rassurer les Ivoiriens. Siandou Fofana a plutôt créée plus de confusion. Dans ce communiqué, rien n’indique que l’information donnée par le confrère soit fausse. Il informait que le groupe hôtelier Accord voudrait implanter dans cette réserve naturelles un hôtel. «Prévue sur le site de la réserve naturelle de Dalhiafleur d’une superficie de 148 hectares, l’infrastructure, une smart city va comporter 1000 chambres, en plus d’une galerie marchande et d’un parc animalier. Le projet sera mis en œuvre avec les ministères ivoiriens en charge du Tourisme et celui de l’Environnement». Le ministre du Tourisme explique à son tour qu’un aménagement du site serait effectivement en vue avec des « modules écologiques ». « Dans le cadre de la mise en œuvre de la stratégie Sublime Côte d’Ivoire et conformément aux priorités du Programme Cadre de Gestion des Aires Protégées de Côte d’Ivoire, le Ministère du Tourisme envisage la mise en œuvre d’un Projet d’aménagement et de valorisation touristique de la Réserve naturelle Dahliafleur. C’est un projet écologique et intégré à la nature qui vise essentiellement la mise en valeur touristique du site en y intégrant intelligemment des modules écologiques qui contribueront à donner une vie à la Réserve et à la protéger de la pression urbaine », souligne le document signé de M. Fofana. Une explication qui peine à convaincre. Cette petite merveille naturelle dans la zone de Bingerville a été héritée d’un opérateur italien du nom d’Italo Barbeta. Cédé par le président Félix Houphouët-Boigny dans le but d’y développer une plantation de fleurs, ce terrain porterait le nom de sa plante préférée, le Dahlia. Mort en Côte d’Ivoire, il y a quelques décennies, Italo Barbeta a été enterré dans sa réserve où les vestiges de sa tombe sont encore visibles. Dahliafleur, d’une superficie de 148 hectares, a été déclaré domaine d’utilité publique par le décret n°2004-566 du 14 octobre 2004. Sa gestion a été confiée à l’Office ivoirien des parcs et réserves (Oipr) par l’arrêté n°00895/MINEEF/du 17 octobre 2007 avec la dénomination Réserve naturelle Partielle de Dahliafleur. Si elle doit être cédée ou subir une profonde modification, cela doit se faire par un décret. Simple parallélisme des formes. Ce qui n’a pas été le cas. Le chargé d’études à la direction de zone Sud de l’Oipr, qui gère Dahliafleur, le Colonel Yéo Kassoum, cité par plusieurs sources, dit ne rien en savoir. La confusion serait partie d’une vidéo du Directeur général de l’industrie touristique et hôtelière qui évoquait explicitement le développement d’un Ressort de 1000 chambres sur le site de Dahliafleur. Cela en rapport avec le ministère de l’Environnement qui devrait être opéré par le groupe Accor avec l’enseigne Fairmont Hôtel. Le Dr Klo Fagama était l’invité de la tribune d’échanges «Tout savoir sur» du Cicg sur la thématique du tourisme en Côte d’Ivoire. Deux déclarations diamétralement opposées. Une polémique dont la Côte d’Ivoire pourrait se passer au lendemain de la tenue à Abidjan du 9 au 20 mai 2022 de la conférence des parties sur la lutte contre la désertisation- COP15. Le Président Alassane Ouattara a présenté officiellement le projet Initiative d’Abidjan, qui viendra répondre à la problématique des questions liées à la terre et un modèle pour plus de 197 pays. Il est donc clair que cette réserve est bien comme elle est. Dahliafleur n’a besoin d’aucun aménagement. Sa situation périurbaine suscite des randonnées journalières et le relief, peu accidenté, facilite les randonnées pédestres, à l’instar du Parc national du Banco. La diversité de végétations est favorable à la recherche scientifique. 91 ha de forêt bien conservée; 8 ha de forêt secondaire; 15 espèces de mammifères; 69 espèces d’oiseaux inventoriés. La réserve est située dans une région à fort potentiel touristique. Son accès est facile par l’ancienne route de Bingerville après le carrefour Abata.

Stéphane Badobré

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