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La situation politique en Côte d’Ivoire paraît tendue, notamment avec les récents événements autour de Tidjane Thiam, une des figures de l’opposition et président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI). Son inéligibilité à la présidentielle d’octobre 2025, due à sa radiation des listes électorales en raison de sa nationalité française passée, continue de susciter des débats sur l’influence de la France dans le pays.

Thiam a récemment renoncé à sa nationalité française pour retrouver son statut d’Ivoirien, mais cela ne lui permet pas automatiquement de se présenter aux élections.

La France, qui entretient des liens historiques et économiques forts avec la Côte d’Ivoire, pourrait voir son influence évoluer en fonction des dynamiques politiques locales. Cependant, il est difficile de dire si la France prendrait un « risque » de perdre la Côte d’Ivoire à cause de Thiam, car les relations entre les deux pays dépassent largement une seule figure politique.

La question reste ouverte : la France ajustera-t-elle sa stratégie en fonction des évolutions politiques ivoiriennes ?

La question de savoir si la France peut prendre le risque de perdre la Côte d’Ivoire à cause de Tidjane Thiam, selon plusieurs observateurs, est complexe et doit être replacée dans le contexte plus large des relations franco-ivoiriennes actuelles.

La France a historiquement joué un rôle important en Côte d’Ivoire, notamment sur les plans politique, sécuritaire et militaire, avec une présence militaire significative jusqu’à récemment.

En 2024-2025, la France a commencé à réduire sa présence militaire en Côte d’Ivoire, avec la rétrocession de la base militaire de Port-Bouët à Abidjan, marquant une volonté d’adaptation aux nouvelles réalités politiques et aux revendications souverainistes ivoiriennes.

Les relations restent néanmoins cordiales et la France demeure un partenaire clé dans la formation militaire, le renseignement et la lutte antiterroriste.

Tidjane Thiam, ancien ministre et opposant politique à Alassane Ouattara, a renoncé officiellement à sa nationalité française en mars 2025 pour se conformer aux exigences de la présidentielle ivoirienne.

Sa candidature est cependant contestée sur la base de questions liées à sa nationalité et à son inscription électorale, ce qui a conduit à sa radiation de la liste électorale par un tribunal ivoirien, une décision qu’il dénonce comme politiquement motivée.

Cette situation illustre les tensions internes ivoiriennes autour des questions d’identité et de souveraineté, qui peuvent fragiliser la stabilité politique du pays.

Risques pour la France

La perte d’influence française en Côte d’Ivoire ne dépend pas uniquement de la figure de Tidjane Thiam, mais s’inscrit dans un mouvement plus large de réajustement des relations franco-africaines, marqué par la réduction de la présence militaire française et une montée des revendications souverainistes dans plusieurs pays africains.

La France semble vouloir anticiper ces évolutions en adaptant sa coopération, notamment en privilégiant les partenariats économiques et sécuritaires sans présence militaire directe.

La controverse autour de Tidjane Thiam, bien qu’importante politiquement, ne semble pas à elle seule capable de provoquer une rupture des relations entre la France et la Côte d’Ivoire, qui restent globalement solides et stratégiques pour Paris.

En résumé, la France ne peut pas se permettre de perdre la Côte d’Ivoire, un partenaire clé en Afrique de l’Ouest, mais ce risque est plus lié aux évolutions politiques internes ivoiriennes et aux dynamiques régionales qu’à la seule figure de Tidjane Thiam.

Stéphane Badobré

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