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Étonnante déclaration de la délégation du Sénégal devant le Comité des droits de l’homme des Nations unies. A Genève, lundi 14 octobre, les représentants de l’État ont évoqué l’affaire Karim Wade, du nom du fils exilé de l’ancien président Abdoulaye Wade et recalé de la présidentielle de février. L’instance onusienne avait demandé un « réexamen » de sa condamnation à six ans d’emprisonnement et une lourde amende, qui l’avait empêché de se présenter. Or, la délégation n’a pas fermé la porte à une telle « réparation ». Deux jours plus tard, le 16 octobre, le ministère des Affaires étrangères du pays a démenti de tels propos. Problème : ils ont bien été tenus.
Ce lundi 14 octobre, la délégation sénégalaise fait face aux questions du Comité des droits de l’homme à l’ONU à Genève. Entre autres sujets évoqués : Karim Wade. L’expert et juriste tunisien Yadh Ben Achour rappelle les conclusions du comité en novembre : « La déclaration de culpabilité et de condamnation contre l’auteur doit être réexaminée. La question que je vous pose est la suivante : qu’en est-il de l’exécution de ces constatations ? Où en sommes-nous ? ».

Réponse de Moustapha Ka, directeur des Droits humains au ministère de la Justice. D’après lui, il est trop tôt pour savoir si l’affaire peut être réexaminée. Par contre, la porte semble entrouverte pour une réhabilitation de Karim Wade : « Le Sénégal ne refuse pas d’indemniser, mais pourvu que l’intéressé puisse venir se présenter afin que les juges compétents puissent déterminer l’ampleur du préjudice. On est prêts. Si l’intéressé saisit les juridictions compétentes en vue de sa réparation, il n’y a aucun obstacle à ce que cette déclaration soit allouée par l’État du Sénégal ».

Moustapha Ka n’était pas joignable le vendredi 18 octobre. Du côté de l’État, opération déminage : dans son communiqué, le ministère des Affaires étrangères explique que « la délégation sénégalaise n’a, en aucun cas et sous quelque forme que ce soit, pris des engagements allant dans le sens d’une « réhabilitation » de Karim Wade, ou d’une « réparation » d’un « préjudice » qu’il aurait subi ».

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