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Dans sa dernière interview parue dans Jeune Afrique N° 3063 du 22 au 28 septembre 2019, Henri Konan Bédié, ex-chef de l’Etat (1993-1999) et président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci-Rda) croit encore en son retour aux affaires. Mais ce retour doit-il se faire avec un discours focalisé sur la haine et une farouche volonté de prendre sa «revanche».

Se couvrir du drap immaculé de la victime et porter un discours entretenant les germes de la haine contre les siens et le Président Alassane Ouattara, son ex-allié du Rassemblement des Houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp), ne saurait prospérer. Pourtant c’est à ce dangereux jeu que le président du Pdci, qui ne cache plus ses ambitions présidentielles, veut nous faire jouer de nouveau. Quitte à piétiner la paix sociale afin de se donner de la contenance et s’attirer les faveurs de ses nouveaux amis, Gbagbo ou rien (Gor).

Tous les éléments de langage sont là et tout porte à croire que l’ancien président ivoirien n’a pas encore fini avec la haine viscérale qu’il cache difficilement. Le natif de Daoukro (Est du pays ; Ndlr) n’a pas encore digéré la traversée du désert consécutive à sa perte hébétée du pouvoir qui l’a conduit en exil au soir du 24 décembre 1999.

La séparation d’avec le pouvoir d’Abidjan n’a fait qu’éveiller ce vieux sentiment qui sommeillait dans les discours subconscients de l’octogénaire.

Le mal de l’étranger

Vouer aux gémonies les étrangers sous le fallacieux prétexte d’orpaillage clandestin et les accuser de fraudes sur la nationalité démontre à souhait que M. Bédié et ses idéologues surannés et xénophobes du parti septuagénaire ont décidé de reprendre le nauséeux débat de l’ivoirité sous un autre angle.

La haine viscérale de l’allogène envahisseur, cause de tous les malheurs des Ivoiriens, interroge plus sur la capacité de Bédié à tenir à nouveau la barre du navire Ivoire.

Revanche égale à vengeance

Avec 86 printemps qu’il aura passés sur terre en 2020, ce come-back aux affaires du sphinx de Daoukro cache absolument une volonté manifeste de prendre sans ambages sa revanche contre tous ceux qui l’ont empêché de terminer son mandat.

Konan Bédié estime que sa revanche tel qu’indiquée est dénuée de toute envie de se venger. 

Il ajoute que son retour au pouvoir sera même «facteur de réconciliation» après qu’il ait été spolié de ses voix au premier tour de la présidentielle de 2010.  Si on estime que l’octogénaire nourrit le secret espoir de prendre sa revanche, en quoi ne parlerait-on pas de vengeance? Car tout porte insidieusement à le croire.

 La preuve, Bédié n’a pas hésité à exclure les cadres de son parti qui ont eu le courage de ne pas le suivre dans sa ‘’folie’’ suicidaire de naviguer dans la vague trouble et incolore de l’opposition.

Les Ivoiriens ne sont pas hébétés au point de se laisser bercer par cette profession de foi qui cache mal l’esprit de vengeance.

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