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L’affaire de la menace de déstabilisation et du mandat d’arrêt lancé contre l’ex-président de l’Assemblée nationale (Pan), Guillaume Soro, commence à livrer des secrets. Le bimensuel panafricain, La Lettre du Continent (LC) vient de faire des révélations importantes sur la bande sonore, présentée comme pièce maîtresse pour prouver cette tentative de déstabilisation. Le confrère, qui a eu accès à des sources, croit savoir davantage sur cet enregistrement dont le procureur d’Abidjan, Richard Adou Kouamé, a livré 7 mn du contenu, au public. Dans son édition disponible ce mercredi 8 janvier 2020, LC indique clairement où et quand, avec qui et dans quel contexte Guillaume Soro a effectué cet enregistrement.

Contrairement à ce que laisse penser les premières révélations de Me Affoussiata Bamba, collaboratrice du président de Générations et peuples solidaires (Gps), l’homme non identifié sur la bande n’est pas Francis Perez, cité dans une affaire d’espionnage auprès de l’ex-Pan. Mais, la voix sur la bande serait bien celle de Olivier Bazin, une des relations du Pdg du groupe Pefaco qui, à l’instar de M. Perez, travaille dans les jeux depuis plus de 30 ans en Afrique, précisément au Tchad. Cet inconnu n’est pas étranger en Côte d’Ivoire. Car, il a servi dans ce pays, comme l’évoque LC, comme agent de Gunvor, une entreprise hollandaise spécialisée dans le commerce, le transport et le stockage de produits pétroliers et autres produits issus de l’industrie pétrolière.

Soro, Bazin, Perez, …

Olivier Bazin aurait été présenté à Guillaume Soro par Francis Perez, lequel connaît l’ancien Premier ivoirien depuis le début des années 2000. Le Pdg de Pefaco, relève le bimensuel panafricain, a rencontré plusieurs fois l’ex-Pan. D’abord une première fois dans le printemps de 2017, à Paris, puis en août de la même année, une seconde fois, à un déjeuner auquel ont pris part de nouvelles personnes. A savoir Olivier Bazin et Robert Montoya, un ancien gendarme de l’Elysée bien connu dans le fichier des Ivoiriens pour avoir été l’un des conseillers militaires de l’ex-président Laurent Gbagbo durant la crise de l’ex-rébellion des Forces nouvelles.

Selon les confidences de LC, l’entretien entre cet homme et de Guillaume Soro a eu lieu dans la même période, c’est-à-dire en automne 2017. Période identique indiquée pour la défense de son mentor, par la ministre Affoussiata Bamba-Lamine lors de ses premières sorties sur l’affaire.

L’enregistrement a eu lieu à Paris, en France, où Soro et Bazin sont repartis après le rendez-vous du déjeuner et ont eu plusieurs entretiens précisément dans un hôtel mais aussi un appartement. Ainsi, c’est de l’un de ces enregistrements, précise la source, que le procureur d’Abidjan aurait extrait les sept minutes diffusées à sa conférence de presse du 26 décembre dernier.

Contexte de l’enregistrement

Guillaume Soro avait sa conversation avec Olivier Bazin, au moment où les ex-rebelles intégrés à l’armée, manifestaient bruyamment à Abidjan pour réclamer des primes au gouvernement. L’ancien leader des ex-Forces nouvelles songerait déjà à une rupture d’avec son mentor le président de la République, Alassane Ouattara. Le président de l’Assemblée nationale d’alors venait de perdre le dauphinat constitutionnel au lendemain de la mise en place des nouvelles institutions issues de la IIIè République après le vote de la Constitution du 8 novembre 2016. Aussi, envisagerait-il de prendre son destin en main et de « voler de ses propres ailes » en recherchant des soutiens, à en croire LC. Francis Perez ferait partie donc de ces soutiens, même si entre le Pdg de Pefaco et l’ancien Premier ministre, l’on ne saurait encore établir qui a fait le premier pas.

La Lettre du Continent lève encore un lièvre et révèle que la présidence ivoirienne est bien informée de l’existence de la bande sonore de l’entretien Soro-Bazin. Le chef de l’Etat disposerait de cet enregistrement depuis plus de deux ans et en aurait fait régulièrement cas aux membres de son cercle fermé. Comment Alassane Ouattara est-il rentré en possession de ladite bande ? Est-ce par un exploit des services de renseignement ivoirien ? Où l’a-t-il reçu de Guillaume Soro lui-même et ses hommes, qui s’en défendent ?

Le débat reste entier, et on ne saurait tarder pour en savoir la suite.

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