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Il y a un début à tout. C’est à l’issue de la présidentielle du 31 octobre 2010, on s’en souvient, que Guillaume Soro rallie avec armes et bagages le camp du vainqueur, Alassane Ouattara.

Cela après avoir remis sa démission de Premier ministre à Laurent Gbagbo. Il est nommé… Premier ministre par Alassane Ouattara, le 6 décembre 2010.

C’était là le premier acte de la collaboration qu’il avait toujours souhaitée avec Alassane Ouattara. Comme il avait un agenda caché, Guillaume Soro, l’ambitieux d’Abidjan va commencer à pousser ses pions. C’est en affirmant vouloir servir son pays comme député que Guillaume Soro remet sa démission du poste de Premier ministre au président Alassane Ouattara, le jeudi 8 mars vers 16 heures. Après deux ans passés à la primature. «J’ai eu grand plaisir à travailler avec vous. J’ai eu aussi la chance d’avoir une équipe compétente et déterminée», assurait-il, la main sur le coeur, en s’adressant à Alassane Ouattara. Le numéro un ivoirien lui rend néanmoins la pièce de sa monnaie.

Le deuxième acte. Alassane Ouattara ouvre la voie pour installer Guillaume au perchoir de l’Assemblée nationale après que sa candidature à l’élection législative du 11 décembre 2012 ait été portée par le Rassemblement des républicains (RDR). Alors même qu’il n’avait pas encore 40 ans, ce que la Constitution ivoirienne interdit.

Mais pour faire passer la pilule et éviter toute grogne au sein du RDR où d’autres noms circulaient, le chef de l’Etat, Alassane Ouattara, a dû prendre une décision qui précise que les conditions appliquées lors de la présidentielle de 2010, ayant permis à Henri Konan Bédié de se présenter alors qu’il avait dépassé l’âge maximum prévu par la Constitution, étaient applicables pour l’élection du président de l’Assemblée nationale, seulement pour le début de cette législature. Pour Guillaume Soro, Alassane Ouattara met le pays en mode pause pendant presque 3 mois.

L’élection de Guillaume Soro le 12 mars 2012 (quand il atteint 40 ans) à la présidence de l’Assemblée nationale n’aura donc été qu’une formalité. L’ex-chef rebelle ne voulait pas seulement être porté à la tête du Parlement par la majorité de ses pairs, il visait un véritable plébiscite. Sur les 249 votants, 236 l’ont choisi comme président du Parlement.

Dans ses nouveaux habits, l’ex-chef rebelle devenait le personnage numéro 2 de l’Etat. Le temps s’écoule tranquillement.

En 2016, naît le débat autour de la nouvelle Constitution. Guillaume Soro mouille le maillot pour faire adopter ce texte fondamental qui, selon lui-même, s’inscrit «dans un contexte de croissance économique et de paix en plus de garantir un avenir meilleur pour les générations à venir en Côte d’Ivoire».

Guillaume Soro s’était également rendu à San Pedro pour un meeting le mardi 25 octobre 2016. Il avait également appelé, en connaissance de cause, les populations locales à voter pour un ‘’oui’’ massif au référendum du 30 octobre relativement à la nouvelle Constitution. Avec la nouvelle loi fondamentale, il n’était plus le dauphin constitutionnel.

Guillaume Soro est tout de même réélu Président de l’Assemblée nationale (PAN) le 9 janvier 2017. Le Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp) ayant une fois de plus choisi de le laisser aller en roue libre.

Mais comme la boulimie du pouvoir le tiraillait, il décide de rendre le tablier, à la surprise générale, le 8 février 2019. Alors que son mandat courait jusqu’à la prochaine élection législative en 2021. Président, il voulait être. Président, il l’a été. Mais pas tout à fait à la place où il le souhaitait.

Stéphane Badobré

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