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Fernand Dedeh, ancien journaliste à la Rti, aujourd’hui chroniqueur a fait un tour dans la commune d’Abobo, le jeudi 11 mars au lendemain du décès du Maire Hamed Bakayoko. Nous vous proposons son reportage exclusif.

Abobo, ce jeudi 11 mars 2021, peu avant midi. La circulation est fluide. La population se presse comme d’habitude pour les tâches quotidiennes dans la cité. Mais une chose est frappante: ce lourd silence, ces hommes et ces femmes, ces jeunes qui marchent, ensemble ou presque, sans se parler… Dans la cour de la mairie, un mariage vient de s’achever. Mais ce n’est pas le boucan habituel. Les mariés, un couple mixte, quittent les lieux rapidement. L’ambiance est lourde. C’est que quelques minutes plus tôt, les élèves des lycées et collèges d’Abobo ont envahi l’espace. « Ils sont venus réclamer leur maire, leur grand-frère, Hamback. ».

L’annonce du décès du premier magistrat de la commune est un vrai choc pour les jeunes: « Qu’allons-nous devenir? », s’interroge un jeune, arrêté sous un arbre dans la cour de la mairie. « Hamed Bakayoko était notre espoir, il nous a fait croire en l’avenir. », se lamente-il. Un autre, près de lui, tend l’oreille puis intervient « Que pouvons-nous faire, sinon prier! ».
Au premier étage de l’imposant bâtiment qui abrite la mairie, les adjoints au maire sont en place. Ibrahim Ouattara, quatrième adjoint au maire, étouffe visiblement de douleur. Mais il accepte de parler de son maire au passé. « Hamed Bakayoko a changé le visage d’Abobo. D’abobo la guerre, la commune est aujourd’hui appelée Abobo-La Joie. C’est grâce à lui. ». En trois ans à la tête de la cité, « il a su donner la joie de vivre à Abobo. Il a dit de faire du partage et de la solidarité, un mode de vie à Abobo. Vous voyez, il y avait les microbes dans notre commune. En tant que ministre de la Défense, il n’a pas utilisé l’armée pour les vaincre. Mais l’éducation, la culture et le sport. ».

En quittant la commune, grosse frayeur: ces élèves qui convergeaient vers la mairie. Empêchant la circulation. Heureusement, pas de grabuges.
Hamed Bakayoko était un homme. Avec ses qualités et ses défauts. Ces administrés retiennent de lui, son engagement pour le développement de la commune.
Le gouvernement a décrété un deuil national de huit jours, du vendredi 12 mars 2021 au vendredi 19 mars 2021. Les drapeaux seront mis en berne. Par ailleurs, la dépouille mortelle du premier ministre arrive à Abidjan ce samedi 13 mars 2021. L’inhumation est prévue dans sa ville natale, Séguéla, le 19 mars 2021.

Tenan Sientienwin avec Ferrand Dedeh

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