PARTAGER

Le terme d’agripreneur a été entendu pour la première fois en Amérique du Nord. C’est la contraction d’agriculteur et entrepreneur agricole. Que recouvre-t-il et qu’est-ce que concept peut apporter à l’agriculture ivoirienne ? Petit voyage en «agripreneuriat»…

Agripreneur : une philosophie ?

Du côté californien, les agripreneurs sont vus comme une nouvelle génération d’entrepreneurs qui combinent leur amour de l’agriculture et des entreprises. Ils ont adopté la voie de l’ajout de valeurs à leur production agricole en visant à produire après transformation (ou non) et conditionnement des aliments pour apporter les meilleurs choix aux consommateurs. L’objectif de l’agripreneur est donc de bien vivre grâce à son métier tout en contribuant positivement au développement durable de la société.

L’agripreneur réussit souvent à sortir du cadre et trouve des opportunités là où les autres n’en voient aucune. Le travail collaboratif, lorsqu’ils se joignent à d’autres pour créer une chaîne de valeur réussie tout en apportant des changements, fait partie intégrante de leur façon de travailler.

Tous les agriculteurs ne sont pas «entrepreneurs» et d’ailleurs ce n’est pas une nécessité pour réussir. Une bonne compétence technique est un plus évident, mais les compétences peuvent s’acquérir et il est toujours possible de se faire aider et conseiller. C’est donc la nouvelle race d’agriculteurs décomplexés qui se lance dans un corps d’activité souvent mal vu.

Une des approches innovantes est d’organiser les regroupements de producteurs pour mieux peser dans les négociations de prix face à l’aval de la filière. Il n’est pas normal que les agriculteurs soient les seuls à ne pas pouvoir répercuter l’augmentation de leurs coûts de production.

C’est ce que les agripreneurs viennent juguler. Parce que chaque agriculteur est sensé posséder un niveau minimal de compétence en gestion d’entreprise.

Pour faire progresser son exploitation, il y a de très nombreuses composantes à prendre en compte et de points à développer. Il peut s’agir de mieux communiquer sur son métier, impliquant de se former aux techniques de communication. Cela peut être de repenser sa commercialisation de A à Z pour mieux la maîtriser. Un agripreneur peut aussi vouloir remettre à plat sa façon de produire, ou revoir les conditions de travail dans sa ferme.

C’est en se posant et en répondant à toutes les bonnes questions qu’un agriculteur peut développer son entreprise.

A l’heure actuelle, il y a un nombre croissant d’entrepreneurs et un grand nombre de «bons producteurs», mais il y a trop peu d’agriculteurs avec une bonne compétence en gestion d’entreprise. Les forts taux d’endettement ainsi que les faibles marges de sécurité en font la démonstration.

Le 20 décembre 2016, le concept  «Agripreneur à Zéro Franc» avait été lancé à Abidjan, par la Banque africaine de développement (BAD). Le concept visait à faire des jeunes africains bénéficiaires de ce programme des entrepreneurs agricole à succès.

Le projet pilote a concerné 300 jeunes issus de trois pays, la Côte d’Ivoire, le Liberia et Madagascar. L’objectif pour la BAD était donc de former les jeunes techniquement afin de rehausser les chances de réussite de leurs investissements dans le secteur de l’agriculture et l’agribusiness.

Il faut souligner que le projet «Agripreneur à Zéro Franc» rentre dans le cadre de la stratégie pour l’emploi des jeunes en Afrique (SEJA) de la BAD lancée en mai 2016 pour l’horizon 2025 et qui repose sur trois piliers à savoir l’intégration, l’innovation et l’investissement avec comme articulation commune l’entrepreneuriat.

Le concept est également lié à la stratégie «Nourrir l’Afrique» de la BAD qui ambitionne de transformer l’agriculture du continent afin de renforcer la sécurité alimentaire sur la période 2016-2025.

Stéphane Badobré

PARTAGER