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La paix comme méthode, l’unité comme cap, l’avenir comme devoir

Il existe, dans la trajectoire des Nations, des moments décisifs où la hauteur de vue devient plus nécessaire que la démonstration de force, et où la responsabilité l’emporte sur l’agitation. La Côte d’Ivoire se trouve aujourd’hui à l’un de ces carrefours silencieux, où la maturité collective se mesure moins aux discours qu’aux comportements.

La responsabilité politique n’est pas un slogan, encore moins une posture circonstancielle. Elle est une exigence permanente, un socle invisible sur lequel repose la stabilité d’un État. Elle s’exprime dans la retenue, dans la justesse de la parole publique et dans la capacité des responsables à placer l’intérêt général au-dessus des intérêts immédiats.

Une Nation qui avance est une Nation dont les dirigeants, à tous les niveaux, comprennent que la politique n’est pas un champ de bataille, mais un espace de service. Gouverner, influencer, représenter ou orienter l’opinion impose une discipline intérieure : celle de mesurer l’impact de chaque mot, de chaque décision, de chaque attitude sur la cohésion nationale. La paix n’est jamais un hasard ; elle est le fruit d’une volonté politique constante, patiente et responsable.

La maturité politique d’un pays se révèle lorsque ses acteurs savent transformer les moments sensibles en opportunités de rassemblement. Elle se manifeste lorsque la sagesse l’emporte sur l’excès, lorsque la responsabilité prévaut sur la surenchère, et lorsque la vision dépasse les contingences du moment. Construire une Nation durable, c’est préférer le dialogue à la rupture, l’unité à la division, et l’avenir commun aux victoires éphémères.

La Côte d’Ivoire a démontré, au fil de son histoire, une remarquable capacité de résilience et de relèvement. Cette force collective appelle aujourd’hui une responsabilité accrue. Elle exige que chacun, à la place qui est la sienne, adopte une conduite exemplaire, conscient que la stabilité nationale est un bien commun fragile, mais précieux. Le progrès véritable ne se proclame pas : il s’organise, se protège et se transmet.

Être responsable politiquement, c’est comprendre que le pouvoir oblige. Il oblige à l’unité, à la cohérence et à la transmission. Il oblige à penser le pays non pas seulement dans l’urgence du présent, mais dans la continuité de son avenir. Il oblige à préparer les générations futures, à préserver les acquis et à consolider les fondations de la paix. Gouverner, c’est prévoir ; diriger, c’est rassembler.

Une vision rassembleuse ne nie pas les différences ; elle les ordonne autour d’un projet commun. Elle rappelle que ce qui unit une Nation est toujours plus fort que ce qui la divise. Dans cet esprit, la responsabilité politique devient une boussole collective, orientée vers la stabilité, le progrès et la dignité nationale. L’autorité véritable ne s’impose pas par la force, elle s’exerce par l’exemplarité.

Les grandes Nations ne se distinguent pas par le bruit qu’elles produisent, mais par la solidité de leurs institutions et la sagesse de leurs choix. Lorsqu’une Nation agit avec droiture, le destin lui ouvre des chemins que la précipitation ne saura jamais trouver.

Deux convictions doivent aujourd’hui guider l’action publique :
d’abord, que la stabilité ne se décrète pas, elle se construit par l’exemplarité et la retenue ;
ensuite, que l’avenir d’une Nation se prépare par la responsabilité, non par la précipitation.

La responsabilité politique n’est donc ni une contrainte, ni une option. Elle est une vision. Et lorsque cette vision guide l’action publique, la paix devient une méthode, l’unité une force, et l’avenir une promesse tenue.

Abidjan, le 13 décembre 2025

Yaya Fofana
Président du MFA

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