PARTAGER

Notre chère Côte d’Ivoire se tient en plein carrefour. On le sent : un même battement traverse nos villes et nos villages. Les passions grondent, les vieilles blessures se rouvrent. Et pourtant, au milieu du tumulte, une petite voix nous chuchote qu’il faut respirer, se calmer, se parler, se tendre la main.
Il est vraiment temps de refermer nos plaies et de remettre au centre le respect, le dialogue et la fraternité.

Dans la vie d’un peuple, il arrive toujours un moment où il faut faire une pause, se regarder droit dans les yeux et se dire la vérité. Nous y sommes.
Les rancunes d’hier refont surface, les mots griffent, les émotions dressent des murs. Mais soyons lucides : le vrai danger n’est pas l’adversaire politique, c’est la haine qui s’installe dans nos cœurs quand on la laisse grandir.

On croyait avoir tourné la page, et nous voilà de nouveau secoués par des fractures ethniques, des soupçons régionaux, des querelles de partis.
Que ce constat ne nous jette pas dans le désespoir, qu’il nous réveille.
Il nous appelle à plus de lucidité, de responsabilité, de réconciliation.
Notre grande force, c’est notre capacité à guérir ensemble.

À chaque élection, les douleurs qu’on pensait éteintes se rallument.
Les mots deviennent des armes, les idées un prétexte pour exclure.
Tandis que le peuple rêve de paix, certains ravivent les braises du passé.
Pourtant, aucune nation ne s’élève sur la haine.

Aimer son pays plus que son parti, voilà le vrai patriotisme.
La politique devrait redevenir une école d’exemplarité, pas de rancune.
Nos élites, qu’elles soient politiques, sociales ou spirituelles, ont le devoir de montrer la voie : éteindre l’incendie, jamais l’attiser.
Rappeler que le pouvoir ne compte que s’il élève la Nation, unit les hommes et protège la paix.

Un leader authentique ne divise pas pour régner, il rassemble pour servir.
Aujourd’hui, la Côte d’Ivoire a besoin de repères moraux, pas de provocations.
D’exemples vivants, pas de slogans creux.

Redonnons à la démocratie son sens noble.
Elle ne sert pas à vaincre l’autre, mais à bâtir ensemble.
Une élection ne devrait pas ressembler à un champ de bataille : c’est un rendez-vous d’espérance.
Notre pluralité n’est pas une menace, elle est une richesse.
Quand la démocratie se fait fraternité, elle illumine l’avenir ;
quand elle se change en haine, elle éteint les peuples.

Nous avons construit l’État, ses institutions, ses lois, ses structures.
Ce qui manque encore, c’est la Nation, cette force invisible qui relie les cœurs.
Bâtir la Nation, c’est donner à chacun le sentiment de vivre sous le même toit, dans le respect, la dignité et la confiance.
Ce travail n’est pas seulement politique, il est moral, presque spirituel.
Notre génération doit porter ce flambeau.

Le combat essentiel n’est plus extérieur.
Il se joue en nous.
Il exige de désarmer nos âmes, de purifier nos intentions, de choisir la paix plutôt que la rancune.

Je crois en une Côte d’Ivoire réconciliée avec elle-même.
Je crois en une jeunesse qui tourne le dos à la haine et transforme le pardon en force.
Je crois en un peuple qui redécouvre le goût du travail bien fait et la dignité retrouvée.
Le renouveau commence dans le cœur.

« Construire l’État ne suffit plus ; il nous faut bâtir la Nation,
une Nation de dignité, de respect et de vérité. »

De Yamoussoukro à Daloa, de Korhogo à Grand-Bassam, de Gagnoa à Abobo,
un même appel s’élève : vivre ensemble.
Nous avons assez accusé, il est temps de comprendre.
Assez divisé, il est temps de nous retrouver.
Assez douté, il est temps de croire encore.

Notre génération doit être celle du pardon et de la construction,
celle qui place la fraternité au premier rang des priorités publiques.

La Côte d’Ivoire ne tombera pas.
Elle se relèvera, plus grande, plus digne, plus unie.
Nous n’avons pas le droit de trahir le sacrifice de ceux qui ont cru avant nous,
ni de décevoir l’espérance de ceux qui viendront après.

L’heure n’est plus aux querelles : elle est à la reconstruction du lien humain.
L’histoire n’est pas faite pour se répéter, mais pour renaître dans la lumière d’un renouveau intérieur.

Fait à Abidjan, le 12 novembre 2025

YAYA FOFANA
Président du Mouvement des Forces d’Avenir (MFA)

PARTAGER