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Maurice Kakou Guikahué est sur la corde raide. Le secrétaire exécutif en chef du Pdci ne restera pas en poste bien longtemps. Selon des sources proches du vieux parti, un clan baoulé constitué de vieux barrons est à la manœuvre pour le pousser vers la sortie. Un de nos contacts relève que ces hommes se projettent déjà dans la succession éventuelle du président Henri Konan Bédié. Ils craignent que «leur» parti le Pdci ne succombe dans de mauvaises mains, s’il arrive que le Sphinx de Daoukro soit touché par le décret divin du jour au lendemain. «On voit là plus ou moins la théorie de la race au sein du Pdci», rigole notre informateur.

C’est ainsi qu’ils ont poussé et obtenu le 26 avril dernier la mise en place du Comité politique. «Et ça, c’est parce qu’ils veulent y mettre la forme, avec la caution du président Bédié. Il s’agit donc d’un habillage.» L’objectif étant d’enlever la sève du secrétariat exécutif pour la passer au comité politique.

Pour autre un fin connaisseur des arcanes du Pdci que nous avons également interrogé, la mise en place de ce comité politique pour faire le même travail que le secrétariat exécutif s’inscrit dans un processus. Guikahué s’en ira en douceur. Ou bien avec fracas, s’il refuse d’être la victime expiatoire.

Selon lui, dans les semaines à venir, le Comité politique devrait constater que le secrétaire exécutif en chef a manqué de stratégie pour l’élection présidentielle d’octobre 2020 et les législatives du 6 mars 2021. Et même quand le comité politique a fait un premier point d’étape au président Henri Konan Bédié, le 17 juin 2021 à Daoukro, le secrétaire exécutif n’y était pas. Il est difficile de trouver un cliché photo sur lequel l’on voit Maurice Kakou Guikahué et Allah Kouadio Rémy, côte-à-côte. Eux qui sont sensés travailler de concert et en bonne intelligence. Sans oublier que le principal argument de détournement de fonds que certains militants du Pdci veulent mettre à la charge de Kakou Guikahué est un prétexte. Puisqu’il ne date pas d’aujourd’hui. C’est depuis la législature de 2016 que M. Guikahué gère les fonds du groupe parlementaire Pdci et les ressources allouées au fonctionnement du parti. Selon des indiscrétions, c’est d’ailleurs ce qui aurait justifié sa mise à l’écart de la présidence dudit groupe parlementaire. Maurice Kakou Guikahué a été remplacé par Simon Doho, député de Bangolo sous-préfecture. C’était d’ailleurs le premier acte du mini-complot. «Quand on veut noyer son chien, on l’accuse de rage. Sinon tous les observateurs de la vie du Pdci savent que c’est Henri Konan Bédié seul, et de façon unilatérale, qui a pris la décision d’engager le Pdci dans une alliance avec le FPI de Laurent Gbagbo. Il n’y a eu ni un congrès extraordinaire ni même un bureau politique pour entériner cette orientation stratégique. Et aujourd’hui pour étouffer les mécontentements des militants, Bédié leur sort de ses manches le Comité politique. L’objectif étant de faire porter tout le chapeau à Guikahué. Pourtant, il est clair que le vrai chef et responsable est Bédié. Guikahué n’est qu’un exécutant», analyse notre source.

Le deuxième acte de la mise à l’écart de Maurice Kakou Guikahué est donc la création du Comité politique, qui met en orbite Allah Kouadio Rémi, un homme du clan.

Tous ces éléments montrent que les jours de Maurice Kakou Guikahué sont comptés à la tête du secrétariat exécutif du Pdci.

Le dernier acte du processus devrait être la liquidation de cette structure, qui est un instrument entre les mains d’Henri Konan Bédié. Il peut mettre fin à son existence quand il veut. Le schéma serait plus compliqué pour Henri Konan Bédié si Maurice Kakou Guikahué était secrétaire général du Pdci. Comme le soulignent les statuts du parti, le président et le secrétaire général sont élus en même temps lors du congrès. Tout était prévu de longue date. Depuis le 12ème congrès qui a rendu Henri Konan Bédié monarque. C’est donc peu d’écrire que le Pdci autant que le Front populaire ivoirien (FPI) de Laurent Gbagbo est en crise. La différence se situe entre l’élégance des uns et l’illégance des autres dans la manière de faire.

Stéphane Badobré

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